La Maison Bouvier Richir veut se faire une place sur le marché des spiritueux - Premium

« Je suis issue de l'hôtellerie. J'ai fait mes études à La Rochelle en école de commerce et je me suis spécialisée en management. J'ai travaillé pendant dix ans dans des hôtels un peu partout et à travers ces expériences je me suis formée en œnologie », raconte Juliette Bouvier, co-fondatrice de la Maison Bouvier Richir. En 2020, elle revient à La Rochelle, sa ville de cœur, et retrouve Arnaud Richir, un copain d'école. « On était autour d’un apéro et étant tous les deux amateurs de gin, on s’est dit qu’on pourrait faire notre propre recette. L’idée est née en mars 2020, puis le confinement est arrivé, ce qui nous a permis de prendre le temps d’élaborer notre recette », poursuit-elle. La première version du Valkyrie gin est sortie en décembre 2020 avec environ 1.000 bouteilles. « On s’est dit on se fait plaisir, on commence, on commercialise un petit peu à droite à gauche et en fait en six mois on n'avait plus rien ! ». Ce succès leur donne donc envie de continuer et de se développer. Ils travaillent alors sur leur identité visuelle et le nom de leur entreprise, qui à l’origine était Valkyrie spiritueux.Whisky médaillé En 2021, une édition limitée de rhum « L’amiral », 16 ans d’âge, est lancée avec 780 bouteilles numérotées. « On a été chercher une pépite qui s'est écoulée très rapidement et donc là, on s'est dit qu’il fallait travailler un cœur de gamme. On a développé un autre rhum en 2022 avec du caractère mais un peu plus passe-partout en travaillant sur un assemblage de trois ans d’âge », poursuit Juliette Bouvier. En 2023, ils produisent leur whisky en se rapprochant d’une maison de Cognac pour travailler le vieillissement dans leurs fûts. Ce « Whisky Bien Aimé single malt » a été commercialisé en en mai 2023 et a reçu en février 2024 la médaille d’or du Concours général agricole lors du Salon international de l’agriculture. « C’est le côté gourmand et fruité avec un équilibre aromatique qui a été apprécié. C’était une dégustation à l’aveugle et il y avait environ 150 échantillons, avec 39 médailles décernées dont 11 en or », souligne la co-fondatrice. Une reconnaissance qui encourage les entrepreneurs à poursuivre leur développement.« On a pris le parti de se différencier plutôt que de suivre le mouvement »Aujourd’hui, le réseau de commercialisation de la Maison Bouvier Richir est essentiellement en b to b via des cavistes, hôtels, restaurants et bars. Le b to c commence à s'étoffer en local avec les comités d’entreprises, les salons et marchés de Noël. En parallèle, un site de vente en ligne a été créé en septembre dernier. « Pour se démarquer des concurrents, cela nécessite énormément de prospection et de démarchage, mais c'est surtout une identité complète que l’on a créé avec nos recettes, mais aussi en travaillant sur des flacons qui sortent du lot avec des étiquettes qui dénotent. On a pris le parti de se différencier plutôt que de suivre le mouvement. C’est un risque », précise Juliette Bouvier avant de poursuivre : « On a joué la carte marine à fond avec le petit nœud marin, donc en fait on achète des mètres de corde, on les coupe et on fait les nœuds nous-mêmes. On a ce côté artisanal et on raconte des histoires à chaque fois sur nos produits, en lien avec La Rochelle et la mer ». La gamme est composée de quatre produits et un petit coffret avec des versions miniatures. « Cette année, on souhaite stabiliser la gamme et pour 2025, on a déjà des projets en tête sur des vieillissements et d’autres produits. On va peut-être évoluer, proposer des nouveautés, ce ne sont pas les idées qui manquent ! Notre volonté, c'est de libérer un peu la consommation des spiritueux, en le buvant pur ou en cocktail sans qu’il soit dénaturé. On l'a travaillé pour qu’il soit bon des deux manières. Le but c'est d'apprécier son moment ». De 1.200 à 6.000 bouteilles La Maison Bouvier Richir se positionne sur des spiritueux haut-de-gamme avec une bouteille de gin entre 40 et 45 euros. « Pour se lancer la première année on a fait un emprunt et on a assez vite pu rentabiliser pour ensuite plus ou moins s’autofinancer car on doublait nos volumes. On a commencé par faire 1.200 bouteilles de gin, puis on est passé à 2.000 et cette année on est à 6.000 sur les trois références confondues. Le fait d’avoir différentes gammes permet de générer de la trésorerie pour refinancer une production et évoluer un petit peu en volume », précise Juliette Bouvier. Elle estime que la fin de l’année 2024 sera une période charnière pour son entreprise pour grossir davantage. « Il va falloir qu'on aille chercher des investisseurs ou des emprunts pour pouvoir financer ce développement, sinon on va stagner ». En 2021, l’entreprise a fait 30.000 euros de chiffre d’affaires et 85.000 euros en 2023. Elle réalise 80% de son chiffre d’affaires sur les trois derniers mois de l’année. « Comme beaucoup d'entreprises, en 2021-2022 on a eu l'effet juste après le covid qui était extraordinaire. Mais 2023 a été une année très compliquée car le pouvoir d’achat a vraiment beaucoup baissé. Les gens ont plus de mal à aller mettre une quarantaine d’euros dans une bouteille d’alcool donc les cavistes sont plus frileux à investir dans des petites marques. Ils préfèrent aller sur des noms connus qui ont des facilités logistiques et tarifaires plus intéressantes pour eux », explique l’entrepreneuse.Les alcools sont vendus de Brest à Saint-Jean-de-Luz avec un important réseau de cavistes en Charente-Maritime et dans les Landes. La Maison Bouvier Richir travaille également avec six agents commerciaux indépendants. D’ici cinq ans, Juliette Bouvier imagine son entreprise prendre de l'ampleur et aimerait voir ses produits distribués dans des réseaux professionnels comme Promocash ou V&B. « J'aimerais vraiment exploser et réfléchir à une gamme spécifique pour la grande distribution. Dès que je pourrai, j’embaucherai aussi des commerciaux. L'export, ce serait génial... On ne se met pas beaucoup de barrières ». Pour le moment, l’entreprise veut développer sa notoriété au niveau régional, notamment par des animations de dégustation dans des caves et sur des marchés. Ils seront notamment présents au 4e Marché de printemps de L'Houmeau, le 7 avril. « On fait beaucoup de salons auprès de particuliers, ce qui nous permet de challenger nos produits auprès de nos consommateurs et de se remettre en question, de voir ce qu’il faut retravailler », conclut Juliette Bouvier.Maison Bouvier Richir2 co-fondateursCA 2023 : 85.000 euros

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