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Bordeaux : les enjeux de la concertation pour réaménager les allées de Tourny

Écosystème
lundi 04 mars 2024

Minéralité excessive et arbres qui ne rafraîchissent pas la place font partie des points appelés à évoluer. Crédit : DM

C’est ce mercredi que sera officiellement lancée la concertation en vue de préparer le futur réaménagement des allées de Tourny. Si la vision est déjà mûre, la municipalité entend s’appuyer sur un diagnostic citoyen et mise sur une méthode originale et pragmatique.

Sans prétendre lancer un chantier aussi important que celui engagé par l’intendant qui a donné son nom au lieu, ni même se hisser à la hauteur de prestigieux maires bâtisseurs, il entend en faire le prochain grand chantier de sa mandature. Pierre Hurmic rappelle que « s’il y a une artère à Bordeaux qui mérite d’être aménagée, ce sont bien les allées de Tourny. Je ne dirai pas que le dernier aménagement remonte à 1757 mais, depuis, il ne s’est pas passé grand chose hormis de petites choses sporadiques ou festives, si ce n’est dans les années 80 le percement du parking souterrain ». Un parking porteur de contraintes pour le chantier à venir, notamment parce qu’il est « hors de question d’envisager déplacer les trémies d’accès, ce serait un chantier titanesque ». Et le maire de Bordeaux de rappeler avoir pris sa décision en découvrant une étude menée par la CCI Bordeaux Gironde selon laquelle la plupart des passants de la rue Sainte-Catherine - « et Dieu sait qu’il y en a » - s’arrêtaient place de la Comédie, sans prolonger leur déambulation vers les Allées. Barrage psychologique, urbain…? S’il s’abstient de formuler des hypothèses, les pistes esquissées sont autant d’éléments de réponses.

Les services gracieux de la nature

Et de souligner les trois impératifs auxquels cette réalisation devra répondre : « végétaliser, apaiser et animer, nous voulons en faire un lieu de vie, c’est notre vision ». Concernant la végétalisation, l’équipe n’entend pas raisonner simplement en nombre d’arbres, déjà conséquent sur la place. Didier Jeanjean, adjoint chargé de la nature en ville et des quartiers apaisés, a une vision plus qualitative que quantitative. « Pour l’instant, il y a ici des plantations monospécifiques, avec une nature décorative et l’alignement d’une armée. Nous voulons redonner un biotope à cette place, avec des arbres qui seront pleinement efficaces. » Efficaces ? « On observe que ces arbres ne refroidissent pas la ville, parce qu’il n’y a pas d’eau et donc ils ne produisent pas de vapeur de transpiration. Nous voulons repositionner de la nature avec les services qu’elle nous rend gracieusement. Il n’y a pas de biodiversité. Vous voyez qu’au pied des arbres, on est sur un gravier. L’idée est de faire des parterres, avec plusieurs strates, des plantations basses et rampantes, des plantations arbustives à mi-hauteur. »

« L’emprise automobile, qui est assez importante dans une vision très années 60, sera régulée, affirme fermement le maire qui a semble-t-il déjà son idée sur la question, c’est la condition pour en faire un lieu de vie et un lieu apaisé. » Un lieu de vie. Les deux seuls bancs qui flanquent l’esplanade semblent en outre peu de chose… Le maire en appelle à l’imagination et à se défaire des habitudes. « Si vous transférez cette place avec l’idée de ce que vous voyez au jardin public ou sur les quais, évidemment que ça va devenir un lieu animé. Si on remet ici un peu de couleur, si on remet ici un petit peu de bien-être, d'ombre, de banc, d'assises, d'espace pour jouer avec ses enfants, d'espace de jeu pour adultes, d'espace d'animation pour les commerçants, pour les artistes, évidemment que ça va devenir animé », s’enthousiasme-t-il. Une transformation qu’il rapproche de celle menée dans les cours d’école, « alors qu’on était habitué à les voir comme de grands espaces bitumés ».

Un pragmastisme urbain… et électoral ?

Questionné sur le fait de mener ce projet en co-maîtrise d’ouvrage avec Bordeaux Métropole, le maire se veut pragmatique. « Le terre-plein, c’est du domaine de la municipalité. Les voies de circulation autour relèvent des compétences de la Métropole, qui a en outre une certaine expérience en matière d’aménagement. Donc on va simplifier les choses en les faisant ensemble plutôt que chacun de son côté ». Et de souligner que la transformation de la place Gambetta relevait de la même « complexité administrative ». Si on lui rappelle que ce projet s’est notamment traduit par la disparition de 19 marronniers sains, il brandit « son ADN politique qui n’est pas d’abattre des arbres sains au profit d’aménagement. Arborer une place, c’est déjà conserver l’état végétal qui existe ».

« Si on veut que le projet soit réussi, il faut qu’il soit co-construit avec les bordelaises et les bordelais. Pour la première fois, on va commencer la concertation par un diagnostic, interroger les gens, qu’ils nous aident à comprendre d’où vient ce fameux barrage. Et aussi pour que le projet réponde à la fois à notre vision et à leurs attentes. » Une méthode participative qui serait entendue selon l’élu : il tablait sur 200 personnes pour la première réunion prévue ce mercredi 6 mars à l’hôtel de ville et annonce près de 320 demandes à ce jour. Après ce coup d’envoi, la concertation se poursuivra sur 2024, en vue de procéder dans un premier temps à des aménagements provisoires dès 2025, qui permettront « d’avoir rapidement du concret, c’est de l’urbanisme pragmatique ». Et aussi à temps pour la fin de la mandature. La concertation s’achèvera en même temps que l’année 2025. Suivra une phase d’études en 2026, en vue des travaux définitifs à partir de 2027.

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