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Bordeaux : les allées de Tourny, « prochain grand chantier » de la mandature Hurmic

Écosystème
mercredi 27 septembre 2023

Pierre Hurmic a tenu sa traditionnelle conférence de rentrée devant un parterre de journalistes locaux. Crédits : MB

L’urbanisme était en bonne place de la conférence de rentrée de Pierre Hurmic, maire de Bordeaux. Parmi les annonces, un grand projet de végétalisation des emblématiques allées de Tourny. Mais aussi le futur quartier de la Jallère, ou encore la politique de préemption de la municipalité. Tour d’horizon des dossiers.

« Passer d’une ville fournaise à une ville oasis », « d’un Bordeaux minéral à un Bordeaux végétal »… Depuis son élection en 2020, Pierre Hurmic, maire de la ville, aime manier les métaphores pour illustrer la ligne directrice de sa politique écologiste. Et à l’occasion de sa conférence de rentrée devant les médias locaux, il n’a pas manqué de s’adonner à l’exercice : « Nous faisons de manière résolue de Bordeaux, une ville qui change la vie des Bordelaises et des Bordelais. » L’édile a ainsi égrené les chiffres des mois à venir : atteindre un rythme de 15 nouvelles « cours buissonnières » par an (cours d’école végétalisées), compter 19 rues aux enfants supplémentaires (restreindre épisodiquement l’accès aux rues desservant les écoles, aux véhicules motorisés), 20 chantiers de requalification de voirie lancés dans les mois à venir… Une politique par petites touches qui a pu être reproché au maire, par certains de ses détracteurs.

Alors, à mi-mandat, Pierre Hurmic met l’accent sur l’urbanisme. Un urbanisme « plus humain, plus doux, plus vert », qui concernera l’hypercentre de la ville comme les quartiers périphériques. Et après avoir mis fin aux Epicuriales en 2022, suite à une divergence de vision avec La Ronde des quartiers (aujourd’hui Bordeaux mon commerce), la municipalité s'occupe de nouveau des allées de Tourny. Pour, cette fois, les moderniser. « C’est un véritable joyau architectural qui peut devenir un espace de vie encore plus agréable, a esquissé l’édile. C’est un projet emblématique et c’est notre prochain grand chantier. » Ce dernier se découpera en plusieurs phases. D’abord, entre janvier et mai 2024, une démarche de concertation sera menée avec les habitants, les commerçants et plus globalement les usagers. Dès juin, « la Ville se fera accompagner par un maître d'œuvre et un maître d’usage pour concevoir un projet à partir du programme établi ». Pour, en 2025, déployer un aménagement provisoire, et démarrer les premiers travaux définitifs en 2027. Dans ce grand réaménagement, des voies de circulation seront-elles supprimées d’un côté de la place ? « On verra s’il faut passer à sens unique, enlever une voie ou non. C’est l’un des outils que nous utilisons, avec succès rue de Pessac, cours de la Somme, mais ce n’est pas le seul et cela sera à définir lors du diagnostic », a complété Didier Jeanjean, adjoint au maire chargé de la nature en ville et des quartiers apaisés.

Construire, mais pas à n’importe quel prix

Autre projet d’envergure, situé à Bordeaux nord cette fois : le futur quartier de la Jallère, qui fait l’objet d’un projet agroécologique dont les travaux devraient démarrer en 2024. L’ambition est affichée : transformer 50.000 m² de bâtiments préexistants, développer 100.000 m² supplémentaires, tout en restant fidèle aux critères de la municipalité - projet urbain bas carbone, et qui respecte le principe de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols. L’opération comportera 1.500 nouveaux logements, dont 40% de logements sociaux. D’ici à la fin du chantier, un espace d’occupation temporaire de 13.000 m² a été inauguré le 26 septembre, dans les anciens locaux de la Caisse des Dépôts et Consignation (plus d’informations à venir sur Placéco). « Nous avons besoin de construire, mais pas à tout prix et à n’importe quel prix. [...] Nous allons prouver que c’est possible, et nous allons le faire en concertation car si nous voulons changer la ville, nous devons le faire avec tous les Bordelais », a affirmé Pierre Hurmic.

Concernant le logement, Pierre Hurmic est revenu sur « un nouveau dispositif de veille foncière proactive, qui va nous permettre de lancer de nouvelles opérations de logements sociaux », notamment dans le diffus. Après la préemption de parcelles rue Faidherbe, dans le quartier de Bordeaux sud en juin dernier pour préserver des jardins partagés et voir aboutir un projet de service public de proximité de la petite enfance, « d’autres terrains viennent d’être préemptés à Caudéran », a annoncé l’édile. Cette cellule mensuelle a vocation à regarder les déclarations d’intention d’aliéner (DIA), qui se font sur le territoire de la Ville de Bordeaux, hors zone économique et hors centre ancien. « Nous sommes partis du constat que cette veille foncière n’était plus réalisée par les pouvoirs publics. [...] Nous n’avons pas alloué de budget spécifique, a ajouté Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l’urbanisme résilient, du service public de l’habitat et de l’économie sociale et solidaire. Mais nous rencontrons des difficultés cette année car nous avons une activité immobilière très faible sur Bordeaux, donc il y a moins d’opportunités que sur une année normale ».

L’aménagement des quartiers de Brazza et de Bastide-Niel se poursuit. 450 logements dont 225 sociaux ont été livrés depuis janvier à Brazza, et 200 autres seront opérationnels d’ici la fin de l’année. À Bastide-Niel, 225 logements dont 54 sociaux sont en cours de livraison, et de nouveaux programmes démarrent, menés par le bailleur social Domofrance et par Marignan.

La ZFE, une responsabilité de l'Etat

Enfin, la question de la future ZFE, zone à faibles émissions, s’est invitée elle aussi à cette conférence de rentrée, une semaine après les déclarations du président de la Métropole Alain Anziani. Ce dernier a affirmé vouloir prendre son temps pour déployer ce dispositif, et qu’il « n’y a pas d’urgence sanitaire ». « On fait partie de l’association France Urbaine, qui a posé des questions très précises au gouvernement sur son implication dans les ZFE », a assuré Pierre Hurmic. Pour qui ce dispositif est en fait « la dédiésélisation du parc automobile », et devrait être plus largement soutenu par l’Etat. « On a un parc diesel beaucoup plus important que d'autres pays. C’est un choix des gouvernements, des industries, car on incitait ces derniers à privilégier la motorisation diesel il y a quelques années. Je ne trouve pas normal qu’aujourd’hui, ce soit les collectivités territoriales qui soient amenées à réparer des erreurs de stratégie industrielle, initiées par les gouvernements. » Pierre Hurmic, sans apporter de réponse claire sur un alignement à l’avis d’Alain Anziani, précise pour autant qu’il demande au gouvernement de tenir compte des émissions de CO2, et plus uniquement des émissions polluantes. « Actuellement, vous pouvez avoir de gros SUV électriques autorisés dans les ZFE, et dont l’empreinte carbone est un désastre », conclut-il.