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En 2024, la Région veut ralentir sur la dette sans freiner l’investissement

Écosystème
mardi 12 décembre 2023

Alain Rousset et Sandrine Derville. Crédit : Sébastien Blanquet-Rivière / Région Nouvelle-Aquitaine

Recettes qui diminuent, dépenses en hausse, fiscalité déconnectée… l’exercice budgétaire s’avère chaque année plus difficile à tenir, estime l’exécutif. Qui s’applique à maintenir son niveau d’investissement tout en contenant sa dette.

Comparaison n’est pas raison mais, se référant à nos voisins européens, Alain Rousset ne peut cacher qu’il aimerait bien disposer des 18 milliards d’euros de budget annuel du Pays basque espagnol (2 millions d’habitants, 6 millions en Nouvelle-Aquitaine), sans parler des 40 milliards du Land de Hesse, au poids démographique équivalent à celui de notre région. Au lieu de cela, il vient de voir le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine qu’il préside adopter ce début de semaine, en séance plénière, un budget légèrement supérieur à 3,5 milliards d’euros. D’autres choses chagrinent le président : « dans la loi de finances 2024, il y a des compensations pour les communes ou les Départements, rien pour les Régions qui sont oubliées ». Sandrine Derville, vice-présidente en charge des Finances, abonde : « c’est de plus en plus compliqué de bâtir ce budget. Nous avons un pic d’investissements à assumer dans les années à venir et il faut les moyens de passer ce mur », évoquant notamment la baisse globale de 107 millions d’euros des dotations aux Régions dans le projet de loi de finances 2024. « Notre fiscalité est inadaptée au regard de nos compétences et de nos ambitions en faveur des transitions, nos recettes dépendent de dépenses carbonées, comme la taxe sur les carburants (TICPE) au produit certes stable, alors que celui issu des cartes grises a plongé de 17,6% cette année, reprend-elle, en 2024 nous allons perdre 42 millions, c’est presque un lycée neuf. »

Réduire les dépenses de fonctionnement

Pour autant, l’exécutif fait le choix de maintenir le niveau global d’investissement à plus d’1,1 milliard d’euros, comme en 2023. Sur ces quelque 1.117 millions d’euros, 300 millions sont fléchés vers les transports (dont 26 millions pour la modernisation des gares, 20 millions pour la stratégie de RER métropolitain, 110 millions pour les transports scolaires et interurbains). « Sans attendre le renouvellement en 2024 du pacte de formation professionnelle avec l’Etat, nous avons inscrits les crédits au budget », annonce la vice-présidente, qui évoque une enveloppe globale de 220 millions par an financée à 60% par la Région et 40% par l’Etat. 202 millions seront affectés à la réalisation du PPI des lycées, incluant leur rénovation sur le plan thermique, avec notamment « mise en œuvre d’une stratégie de géothermie partout où c’est possible ». Pour le soutien aux entreprises, 302 millions de crédits de paiements sont programmés pour l’année prochaine, « un niveau équivalent à ceux de 2019 et 2020 et toujours supérieur à la moyenne de 275 millions d’avant-covid », est-il souligné. Enfin, 32 millions sont prévus au titre du très haut débit, portant à 350 millions le niveau d’intervention depuis 2017 sur ce programme « quasi achevé ».

« Malgré les effets de la crise inflationniste, la Région engage une maîtrise forte des dépenses de fonctionnement », est-il martelé, faisant baisser celles-ci de 3%. Ainsi, « les surcoûts qui ont débuté en 2022 et qui impactent la section de fonctionnement vont encore peser sur le budget 2024 pour près de 80 millions ». Sont notamment cités le chauffage dans les lycées, les transports routiers de voyageurs ou l’impact en année pleine des mesures RH comme le point d’indice ou la revalorisation du SMIC. La hausse des taux d’intérêt fait augmenter les frais financiers de 30%, soit 18,7 millions supplémentaires. A cet égard, le service annuel de la dette s’élève à 265 millions : 183 millions de remboursement de capital et 82 millions de frais financiers, précise encore la vice-présidente.

L’équation est donc tendue. D’autant que pour tenir son budget, la Région doit emprunter, comme chaque année, mais fait le choix de ramener à 601 millions le niveau de l’emprunt d’équilibre pour l’année prochaine, contre 724 millions en 2023, chiffre en baisse de près de 17%. « Le niveau ralentit par rapport à ce que nous avons dû faire pendant la crise, mais c’est toujours quatre fois plus que ce qu’on empruntait avant le covid », tempère Sandrine Derville.

Qu’est-ce que le budget vert ?

A partir de l’année prochaine, l’exécutif va progressivement basculer vers le budget vert. « Nous allons procéder étape par étape avec cet outil. C’est une cartographie qui va analyser les dépenses de la Région, d’investissement comme de fonctionnement, à l’aune de l’impact sur le climat », explique Sandrine Derville. Sur ce budget primitif 2024, une première analyse portant sur 20% des dépenses est menée, selon la méthodologie développée par l'Institut I4CE présidé par l'économiste Jean Pisani-Ferry. Huit secteurs sont ainsi auscultés : les transports routiers de voyageurs, la culture, la performance industrielle, l'environnement, l'énergie-climat, les frais de déplacement des agents et la mobilité, le numérique et enfin le tourisme. Verdict : « seulement 4,4% des dépenses de la Région sont défavorables », révèle la vice-présidente. Après cette première phase expérimentale, il est prévu une généralisation par paliers à l'ensemble du budget, jusqu’en 2027.

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