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En 2023, les (ré)investissements étrangers ont dynamisé l’économie néoaquitaine

Écosystème
jeudi 14 mars 2024

80% des bouteilles colorées produites sur le site O-I Glass à Vayres, qui vient de bénéficier de 50 millions d'investissements liés à la décarbonation, sont livrés dans un rayon de 100 km autour de l'usine. Crédit : O-I Glass

Bilan satisfaisant l’an passé pour les investissements étrangers en Nouvelle-Aquitaine. La part des projets industriels reste importante, même si les nouveaux emplois sont principalement issus du secteur conseil, ingénierie et services opérationnels aux entreprises. Les réinvestissements sur des sites existants créent plus d’emplois que les primo-investissements (environ 2/3 - 1/3), réinvestissements boostés par les dépenses liées à la décarbonation de l’économie.

En 2023, le nombre d’investissements directs étrangers (IDE) en Nouvelle-Aquitaine s’est maintenu « à un haut niveau par rapport à la moyenne des sept dernières années : 93 annonces d’investissements de la part d’entreprises étrangères, pour 2.451 emplois créés ou maintenus à horizon de trois ans », indique l’agence régionale de développement économique ADI NA. « L’année dernière, on était au 4e rang national selon le bilan EY, mais globalement notre région a toujours été autour de la 6e place en matière d’attractivité des investissements étrangers », précise Maria Consentino, responsable du service « Implantation d’entreprises » au sein d’ADI NA. L’an passé, 100 projets avaient été dénombrés, pour 3.050 emplois. « On garde une attractivité internationale, reprend-elle, il y a eu quand même un retardement dans les prises de décision. C’est pour ça qu’on a un taux de transformation qui reste stable, par rapport à la conjoncture économique qui ferait amener une grosse baisse, en raison de l’augmentation du prix de l’électricité, du ZAN ou des questions de géopolitique. »


Evolution des investissements directs étrangers et des emplois en Nouvelle-Aquitaine depuis 7 ans. Crédit : ADI NA

À elle seule, la Gironde truste 28 projets, pour 1.454 emplois créés ou maintenus. Les Pyrénées-Atlantiques se classent 2e, avec notamment le projet du groupe japonais Toray, premier fabricant mondial de fibres de carbone, d’installer une sixième ligne de production sur son site béarnais d’Abidos, et la création d’une cinquantaine d’emplois supplémentaires. Ex aequo à la 3e place, la Charente-Maritime et le Lot-et-Garonne complètent le podium. Dans ces deux départements, on peut notamment citer la décision du groupe américain Goupil (véhicules utilitaires électriques) d’augmenter ses capacités de production à Bourran (47), avec 50 postes supplémentaires à la clef, mais aussi de « rendre son processus de fabrication plus vertueux », indique l’agence ADI. La Charente-Maritime, pour sa part, va notamment accueillir à Grézac, près de Royan, la deuxième clinique vétérinaire française du groupe belge EquiTom.

Ces investissements émanent de 21 pays différents. « Le véritable indicateur, c’est vraiment cette variété de pays », pose Maria Cosentino. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Allemagne composent un podium inchangé, un trio de tête pourvoyeur de 57% des emplois annoncés. « On a des nouveaux, comme le Mexique ou Israël, mais cette diversité est elle-même cohérente avec l’offre territoriale régionale, très variée. » La sortie du Royaume-Uni de l’UE a-t-elle eu une influence ? Maria Consentino : « Je pense qu’on voit très bien les effets du brexit, qui font qu’il y a des prises de décision définitives de vouloir maintenir ou augmenter leur activité en France. Le Royaume-Uni revient au niveau qu’il a eu par le passé. »

La montée en puissance des réinvestissements

« Comme les années précédentes, la part de projets dans les activités industrielles reste importante en 2023, avec un tiers des investissements étrangers, pour 504 emplois », met également en avant l’agence ADI. « Après, on a aussi le commerce-distribution, qui est moins une cible pour l’agence car c’est quelque chose qui se fait de façon assez spontanée, qui ne demande pas d’accompagnement de l’agence ou de développeurs économiques », ajoute Maria Cosentino. Plus de 30% des IDE 2023 en Nouvelle-Aquitaine sont axés sur des activités liées à la chimie et la transformation des matériaux, destinés à divers usages tels que le verre, les composites, le papier et la fibre de bois. Viennent ensuite les projets de production et de stockage d’énergie, notamment dans les domaines du photovoltaïque et de l’éolien. À signaler que le secteur du conseil, de l’ingénierie et des services opérationnels aux entreprises « se distingue en tant que principal pourvoyeur d’emploi, représentant 49% du total des emplois créés », par les IDE 2023 en Nouvelle-Aquitaine.

Autre aspect particulièrement significatif de ce bilan 2023, les projets de réinvestissement de la part de comptes étrangers déjà présents sur la région « restent un moteur majeur pour la création d’emploi, représentant 68% des emplois annoncés », analyse l’agence ADI. Soit quelque 1.600 emplois, contre 683 emplois pour les primo-investisseurs. « C’est vraiment marquant sur cette année, souligne Maria Cosentino, ce sont des projets souvent très sensibles, dans les mains de grands groupes et souvent c’est une mise en concurrence entre les sites intragroupes. »

Transition environnementale oblige, les investissements liés à la décarbonation montent clairement en puissance. « Les aides d’Etat, notamment dans le cadre de France 2030, ont vraiment été un gros attrait d’investissement. Il n’y a jamais eu autant d’argent et d’aide publique sur ces axes de développement », contextualise Maria Cosentino. Ainsi de l’investissement de 50 millions d’euros finalisés l’an passé en Gironde par le groupe américain O-I Glass, l’un des principaux producteurs de bouteilles et de pots en verre au plan mondial, pour décarboner ses activités. Sur son site de production de Vayres, il a installé sa dernière technologie de combustion gaz-oxygène et mis en œuvre un système de récupération de chaleur, permettant de réduire jusqu’à 20% les émissions de CO2 et jusqu’à 60% celle de NOx. « Ces gros investissements montrent une volonté de pérennisation sur le long terme de ces sites régionaux. Mais on peut aussi dire que ça pousse les territoires à faire mieux, parce que le fait d’avoir un compte qui s’implante et qui réinvestisse, ça demande aux territoires de se réadapter, en tout cas de re-questionner certains paramètres d’aménagement. C’est ça qui est vertueux », conclut-elle.

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