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Placéco Laüsa #4 : revivez l'interview d'Arthur Laborde

Écosystème
mercredi 10 avril 2024

Arthur Laborde, directeur des Thermes de Saubusse recevait hier les adhérents Placéco Landes dans son établissement. Crédits : Baptiste Aupetit, La Flamme Studio

Ce mardi, Placéco Landes organisait son quatrième événement réseau, en partenariat avec Landes Attractivité : Laüsa - qui signifie étincelle en gascon. Après Jean-Louis Rodrigues et le colonel Gilles Chanut, c'est cette fois Arthur Laborde, directeur des Thermes de Saubusse et président de l'UMIH 40 qui est venu raconter son parcours, ainsi que sa vision du thermalisme dans les Landes.

Arthur, vous êtes le directeur des Thermes de Saubusse, un établissement qui se transmet de père en fils et avant de prendre vos fonctions, vous avez occupé plusieurs postes ici. Est-ce que c'est une sorte de rite de passage ?
C'est vrai, je suis la quatrième génération à gérer cet établissement. Je dois dire que c'est un héritage familial plutôt sympa ! En fait, c'est mon arrière-grand-père qui a acheté cette affaire au tribunal de commerce. A l'époque, elle était en faillite. Ensuite, mon grand-père et mon père en ont pris la direction, avant que j'en prenne la tête à mon tour, il y a un peu plus de trois ans. Au départ, je me suis questionné sur mon avenir à ce poste, parce que je l'ai décroché de par mes liens de parenté. Et puis je me suis dit qu'il y avait eu mes deux cousins avant moi et ma sœur et que si le poste était finalement arrivé jusqu'à moi, le petit dernier, il y avait peut être une bonne raison. J'ai donc intégré l'entreprise après des études de management. J'ai commencé aux baignoires. Mon travail consistait à remplir les baignoires et accueillir les curistes. C'était très intéressant. Au bout d'un an, j'ai compris comment ça fonctionnait et j'ai demandé à passer sur d'autres postes. J'ai notamment fait la comptabilité de l'établissement, avant de prendre la place de la directrice qui était partie en congé maternité. J'ai donc gravi les échelons petit à petit.

Qu'est-ce que vous avez mis en place depuis votre prise de fonctions ?
Nous avons notamment changé certains process, avec cette volonté d'apporter de la modernité à l'établissement. Nous avons par exemple réinternalisé et repris en gestion tous les services. Nous sommes avant tout un établissement thermal mais qui a aussi un hôtel, un restaurant et au sein duquel nous avons des médecins qui reçoivent les curistes en consultation. Nous voulons que les personnes qui viennent suivre une cure ici soient satisfaites de l'ensemble des services. Si un curiste est bien soigné pendant plusieurs semaines, mais qu'il mange mal, c'est un problème, sachant qu'il peut être là parfois pendant trois semaines. Autre choix important et changement pour nous : avant, les médecins qui intervenaient dans la structure étaient des médecins libéraux. De ce fait, nous dépendions de leurs plannings. Aujourd'hui, nous avons fait le choix de les salarier au sein de la structure. Certes, ce sont de gros salaires, mais ça nous permet d'avoir la maîtrise totale du parcours curiste. Pour évoquer quelques chiffres, il y a 10 ans nous recevions 1.500 curistes par an. Cette année, nous devrions en avoir entre 2.700 et 2.800. Nous avons donc réalisé une belle progression. 

Une baisse d'environ 20% sur la filière depuis le covid

Particularité également ici, vous avez la gestion de votre eau et de votre source. Quel en est l'intérêt ?
Nous sommes un établissement familial et indépendant. Ici, effectivement, l'eau nous appartient, contrairement à d'autres établissements où l'eau appartient à une régie des eaux. Nous, nous maitrisons notre process, ce qui peut être une force comme une faiblesse en cas de bactérie par exemple. Si ça nous arrivait, nous serions obligés de fermer. Mais c'est un risque que nous mesurons et que nous prenons, car il nous permet de ne pas acheter de matière dans l'usage thermal. Je pense qu'aujourd'hui, ça nous permet de dégager une marge qui n'est pas négligeable pour l'investissement sur la structure. Parce que quand vous dépendez d'une régie des eaux, comme c'est le cas de beaucoup d'autres établissements thermaux, vous dépendez aussi du prix de l'achat de la matière et des marges qu'elle souhaite appliquer.

Le secteur du thermalisme a été en souffrance ces dernières années. Est-ce qu'il y a un virage à prendre selon vous ?
Je pense que c'est le covid qui a fortement impacté ce secteur. Au niveau national, depuis deux ans, nous restons en-dessous de ce qui se faisait en 2019. Il y a une baisse d'environ 20% sur la filière. A Saubusse en revanche, nous sommes à +12% par rapport à 2019. Nous avons la chance d'avoir une patientèle locale, et une population qui a rajeuni. Selon moi, le covid a cassé la dynamique de ces patients qui venaient de loin et c'est ce qui a en partie freiné le secteur. Un ralentissement qui peut s'expliquer aussi par le fait que beaucoup d'entre nous possédaient ou possèdent encore des établissements vieillissants. Et je pense que les clients ou les patients, n'ont pas forcément envie de venir en cure dans des établissements qui ont 20 ou 30 ans et qui n'ont pas été rénovés. A mon sens, notre rôle est donc de prendre ce virage, en modernisant nos établissements, en communicant mieux, et en montrant que la cure thermale n'est pas réservée qu'aux seniors. Aujourd'hui, le secteur du thermalisme permet d'accompagner des curistes atteints d'autres maladies, comme l'endométriose ou certaines cancers et nous devons évoluer dans ce sens. C'est une modernisation globale que nous devons opérer.

620 établissement à l'UMIH 40

En parallèle, vous avez une autre casquette, celle de président de l'UMIH 40 et ce depuis tout juste un an. En quoi consiste ce rôle ?
D'abord, il faut savoir qu'être président de l'UMIH c'est une activité bénévole à 100%. Sur cette première année de mandat, j'ai participé à 70 réunions en présentiel. Ça donne un peu le ton. C'est un poste qui est engageant et je pense que je ne ferais pas carrière au sein de l'UMIH. J'aimerais avant tout faire un beau mandat (qui doit durer trois ans), redynamiser la filière autant que je peux et apporter ma pierre à l'édifice aux différents métiers qui sont représentés. Déjà, j'aimerais que demain, nous réfléchissions à rémunérer le président, si nous voulons continuer à dynamiser la filière et donner envie à d'autres d'occuper ce poste. Aujourd'hui, l'UMIH 40 compte 620 établissements, 250 millions d'euros de chiffre d'affaires et 2.300 salariés. Donc c'est une grosse filière sur le département, une grande diversité sur les établissements et les problématiques. Mon rôle est d'être leur porte-parole au niveau local et national. Et puis, l'un des axes important de ce rôle est selon moi de donner envie aux jeunes de se lancer dans ces filières. 

Avec cette double casquette, votre planning doit être plutôt rempli ! Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour la suite ?
Depuis que je suis devenu le directeur des Thermes de Saubusse, j'ai ajouté deux enfants à l'équation. C'est beaucoup de travail aussi ! Ce qui me fait vivre, c'est avant tout mon établissement thermal. Nous avions 35 salariés il y a trois ans, aujourd'hui on a dépassé les 60. Tout ça, il faut pouvoir l'assumer. Cette semaine on a encore recruté quelqu'un, je ne sais pas où on va s'arrêter ! Je veux avant tout assurer la gestion de mon entreprise, la faire performer, progresser et perdurer, sans avoir non plus des objectifs déraisonnables. Je pense que quand nous aurons atteint les 3.000 curistes à Saubusse, nous atteindrons notre plafond. Nous devons rester dans ce qu'on maîtrise. En parallèle, au niveau de l'UMIH, j'aimerais aller chercher encore de nouveaux adhérents. Et pour faire tout ça, j'ai besoin de déléguer. C'est extrêmement important de savoir le faire selon moi. A mon sens, un bon leader est quelqu'un qui sait bien s'entourer. J'ai confiance en mes collaborateurs. Certes je fais régulièrement des points avec eux, mais sans cette confiance, je ne pourrais pas avancer. 

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