Ferrocampus : des formations pour répondre aux besoins des entreprises dans le ferroviaire - Premium

Quel est votre constat par rapport à la formation dans le domaine ferroviaire ?On a identifié un manque de formation initiale dans le milieu ferroviaire. Lorsqu'un jeune sort de son parcours au collège, il n'a aucune possibilité de se former et de s'orienter vers cette filière. On doit donc communiquer le plus largement possible. Aujourd’hui, on ne peut pas créer de nouveaux diplômes donc on est passé par un principe de coloration de formations. Cela veut dire que sur des CAP, des bac pro et des BTS qui existent, on va venir ajouter des briques d'enseignement liées au ferroviaire. On va travailler avec les entreprises pour apporter des supports techniques qui sont propres à ce qui se passe en entreprise. Et autour de ça, on va ajouter des mises en relation avec les entreprises, par des visites ou en faisant venir des mentors ou des parrains d'entreprise dans les établissements pour échanger avec les jeunes sur les métiers. Un autre point essentiel est que les entreprises doivent faciliter l'accueil en stage et en apprentissage des élèves. Quelles nouvelles formations avez-vous déjà créées ?Une mineure métier du ferroviaire a été mise en place avec La Rochelle Université en insérant dans un cycle de formation des modules de 50 heures par semestre d'enseignement lié au ferroviaire. Par ailleurs, une formation complémentaire d’initiative locale va se mettre en place au lycée Bernard Palissy de Saintes à la rentrée prochaine. Il s’agit d’un dispositif qui appartient à l'Éducation nationale. C'est une formation qui est créée de toutes pièces et actée à la carte des formations en accord avec la Région et la région académique. L’avantage est que l'on peut la construire comme on le souhaite, en fonction des besoins des entreprises. D’ailleurs, c’était un besoin exprimé par Akkodis, une entreprise d’ingénierie qui travaille avec Alstom, pour avoir des personnes compétentes dans le câblage ferroviaire. Cette formation a donc été créée en lien direct entre le lycée et l’entreprise sur un format particulier. Les étudiants en BTS électrotechnique passent dix semaines dans le lycée à spécifier leurs enseignements sur le milieu ferroviaire, puis six mois en entreprise. C'est très professionnalisant et c’est un dispositif très souple, adapté à la fois pour un besoin ponctuel et pérenne car il y a la possibilité de partir sur des mentions complémentaires ou licences professionnelles. En 2025, une licence professionnelle sera également mise en place entre le lycée Bernard Palissy et La Rochelle Université, qui la portera. On va aller jusqu’à la création d’une école d’ingénieurs ferroviaires d’ici trois à six ans. Cela pourra être très utile pour les entreprises. On sait qu’en France, il faudrait bien 500 ingénieurs par an formés spécialement pour le ferroviaire. Ferrocampus va devenir aussi un organisme de formation. Pourquoi ?Fin novembre 2023, le conseil d’administration de Ferrocampus a acté le fait de se déclarer organisme de formation. Nous allons être architecte de parcours car on n'a pas vocation à recruter des formateurs. Au contraire, on a déjà beaucoup de partenaires qui sont des organismes de formation. Il s’agit de faire l'interface entre les professionnels qui peuvent avoir parfois des difficultés à communiquer directement avec le monde de l'éducation et inversement, l'éducation avec le monde professionnel. Nous allons identifier exactement les besoins de compétences et développer en parallèle avec des partenaires des parcours de formation adaptés pour faire du sur-mesure, à partir de modules existants. Actuellement, dans la filière ferroviaire, les besoins de compétences liées à l’électricité et l’électronique, mais aussi la mécanique ou encore l’automatisme sur le matériel roulant, l’infrastructure et la signalisation, sont importants. On a déjà prospecté au niveau des entreprises, on a fait des propositions et les premières formations vont être débloquées dans les prochains mois.« On peut assurer l’aide au sourcing et l’accompagnement des apprenants » Quels services supplémentaires pouvez-vous apporter aux entreprises ?On peut assurer l'aide au sourcing et l’accompagnement des apprenants durant la formation car c'est important aussi. Les difficultés de recrutement aujourd'hui amènent de nombreuses entreprises à aller recruter des personnes qui sont parfois loin du domaine d'emploi à la base. Il faut donc les faire monter en compétences, c'est-à-dire leur donner des formations qui les font monter à un niveau de certification type CQP, par exemple, avec des équivalences de niveau 4, bac pro ou des niveaux de BP, de CAP. Pour ces personnes, il faut généralement assurer l'accompagnement. C'est-à-dire accompagner le demandeur d'emploi, généralement dans le cadre de ses déplacements et de sa restauration durant la formation. C'est un service que tous les organismes de formation ne font pas forcément et que les entreprises ne peuvent pas toujours facilement gérer. Vous avez aussi créé un club des employeurs, quel en est l’objectif ?Un club des employeurs a été créé en 2022 avec déjà plus de cinquante membres. Il réunit régulièrement les entreprises partenaires sur différentes thématiques. À chaque fois, l'ensemble des membres du campus peuvent y participer aussi et on échange. Au sein de Ferrocampus, on a de manière globale 80 partenaires. Ces réunions nous permettent de récolter leurs difficultés en matière de recrutement, quelles sont les priorités et parfois des besoins en compétences assez basiques mais qui ne sont pas dans le champ habituel de l'entreprise. Par exemple, sur une des réunions, on avait des entreprises d'élagage qui étaient présentes. Il y a des marchés sur l'entretien des voies de chemin de fer et des abords des voies mais ces entreprises ne sont pas forcément formées et habilitées pour y travailler. Donc elles viennent vers nous pour savoir comment faire monter en compétences leur personnel et répondre à des appels d'offres.Lire aussi notre interview de Séverine Rengnet, directrice générale de Ferrocampus.

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