Euralis et l'Agence de l'eau concluent un partenariat autour de l'irrigation - Premium

Quel est l’objectif de cette convention ? Notre projet global est d’être au cœur des enjeux de la transition agroécologique. Nous lançons donc des projets pour mieux comprendre ses impacts et accompagner nos adhérents dans la gestion de cette transition. On apporte les meilleures solutions à nos adhérents, et surtout, on y réfléchit avec le meilleur raisonnement environnemental et économique. L’ADN de la coopérative, c’est de préserver la valeur des productions. C’est dans ce contexte-là que, dans nos discussions avec l’Agence de l’eau, on a convenu qu’il y avait un certain nombre de sujets à travailler ensemble : d’une part, mieux appréhender les effets du changement climatique pour nos territoires, d’autre part pouvoir échanger sur des solutions plus concrètes, innovantes, notamment liées à l’irrigation, mais pas seulement. Une gestion différente des sols, des pratiques plus durables, auront pour conséquence une meilleure résilience des exploitations, et donc un impact sur la gestion de l’eau.Les manifestations des derniers mois donnent l’impression que l’enjeu écologique est vécu comme un fardeau par les agriculteurs… C’est pour ça que l’on se sent une responsabilité en tant que coopérative. Nous avons une responsabilité d’accompagner ces transitions, d’accompagner nos adhérents pour que l’on oppose pas écologie et viabilité économique des exploitations. Il faut donc, fédérer les acteurs pour chercher de meilleures solutions, des solutions qui permettent d’accompagner ces transitions et qui répondront réellement aux besoins des agriculteurs.À lire également - Les Pyrénées-Atlantiques au SIA : « le mal est profond»Quelles pourraient être, concrètement, ces solutions ?Dans le cadre de la convention, on a posé l’engagement de travailler sur des filières à bas intrants : des filières qui ont moins besoin d’eau, de produits phyto ou de fertilisation… et donc une moindre utilisation d’eau et un moindre coût pour l’agriculteur. Ça peut être la biomasse, le miscanthus. Nous allons travailler sur l’étude et l’analyse de ces filières, de la capacité de nos adhérents à les produire, de leur impact technique et écologique et surtout sur celle des débouchés commerciaux. Cela peut aussi être des solutions plus directement liées à l’eau et au pilotage de l’irrigation, avec l’usage d’outils de mesure satellite pour permettre une économie d’eau à l’échelle de l’exploitation sans mettre en péril le rendement et la qualité de la production. Nous allons aussi développer le Contrat Gaïa, un cahier des charges sur un certain nombre de critères agroécologiques : meilleur usage de l’irrigation, non-labour, usage des couverts… qui bonifie le contrat de production en contrepartie de l’atteinte de différents indicateurs.Usage de produits alternatifs aux pesticidesQuels objectifs vous fixez-vous pour le Contrat Gaïa ?L’année dernière, nous avions atteint les 10.000 hectares, et on est en train de finaliser le plan pour 2024. Nous devrions atteindre les 14.000 hectares. Aujourd’hui, c’est un dispositif qui concerne surtout les leviers, les moyens de production, les changements de pratique. C’est un premier niveau pour engager le mouvement vers une transition agroécologique, une grille de critères sur laquelle on s'implique.Ces critères incluent-ils une limitation du recours aux produits phytosanitaires ?Oui, ils incluent l’usage de produits alternatifs, de biocontrôle, par exemple les phéromones ou les produits de biostimulation… que l’on peut décliner selon les usages agronomiques. Et du côté de l’agence de l’eau ? Qu’attendez-vous de ce partenariat ?Ce partenariat nous permet de travailler avec un acteur, l’agence de l’eau, qui définit les politiques publiques, et donc de faire en sorte que les politiques publiques de gestion de l’eau soient les plus adaptées possibles aux besoins de nos agriculteurs. À quoi s’engage-elle ? L’agence de l’eau anime des programmes. Derrière eux, il y a des financements. Elle pourra soutenir le déploiement de ces solutions, qu’il s’agisse de soutien de travail et de collaboration ou d’un soutien financier… dans le but que l'on puisse amener ces solutions à moindre coût aux agriculteurs, et que l’on puisse démontrer que ces solutions ont un impact positif. On a besoin d’éléments de preuve sur ces nouvelles solutions. Sur la solution d’optimisation de l’irrigation que je mentionnais, on a fait des cycles pilotes. Il faut que l’on puisse documenter la baisse de consommation d’eau, le maintien de la production, pour massifier ces pratiques et rassurer les agriculteurs. Par ce partenariat, on sera soutenus par l’agence de l’eau pour cela.« On ne peut plus faire l'impasse sur les questions environnementales »Les agriculteurs sont-ils demandeurs de ces solutions innovantes ?C’est le cas pour une certaine frange d’agriculteurs. Certains sont en demande de bénéficier de ces solutions pour commencer à changer leurs pratiques. Une autre frange, la grande majorité, est surtout en demande de maintenir une résilience économique sur leur exploitation. À ce titre, ils sentent bien que les choses évoluent, qu’il faut faire évoluer les pratiques et que de plus en plus de contraintes s’appliquent. Nous, on veut les aider à s’adapter, à ramener de la valeur, mais dans un monde qui change et qui fait que l’on ne peut plus faire l’impasse sur les questions environnementales. Les moments de sécheresse, de pénurie d’eau, seront plus forts : on doit travailler à ces solutions.À lire - Rencontres de l'économie agricole : un tableau sombre des perspectives du secteur L’enjeu écologique est double : il y a la question des réglementations qui dérangent certains agriculteurs, mais aussi celle des effets du dérèglement climatique qui met les exploitations en péril…C’est ce qui sous-tend notre partenariat. On partage le constat qu’il est nécessaire et urgent de se préoccuper de stratégies d'adaptation pour la viabilité de notre agriculture. C’est pour cela que notre collaboration portera aussi sur des études plus prospectives, pour rendre tangible le risque qui pèse sur nos territoires, éclaircir les impacts sur nos productions : quelles seront les exploitations les plus touchées, comment on va adopter des stratégies… C’est important pour nous en opérationnel, autant que pour l’Agence de l’eau en tant qu’organisme public, qui va devoir faire évoluer ses stratégies d'accompagnement.

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