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Côte basque : une ferme houlomotrice à l’horizon 2030 ?

Écosystème
mercredi 12 juillet 2023

L'énergie houlomotrice pourrait permettre de fournir 30% de l'électricité nécessaire au Pays basque français. Crédit : Pixabay

Le projet de ferme houlomotrice au large de la côte basque avance. Des études ont été réalisées et une zone identifiée. À terme, l’objectif est de fournir 30% de l’électricité nécessaire au Pays basque français.

Le dossier était dans les tuyaux depuis 2012. Ce mercredi, la région Nouvelle-Aquitaine et l'agglomération Pays basque ont révélé les résultats des études préalables à la réalisation du projet de ferme houlomotrice au Pays basque. Une infrastructure qui permettrait, telle qu’elle est projetée, de produire grâce à la houle 500 GWh/an, soit une quantité qui couvrirait 30% des besoins au Pays basque.

Les études ont été menées en partenariat non seulement entre la Région et l’Agglomération Pays basque, mais aussi avec les acteurs scientifiques et techniques que sont Rivages Pro tech, Energie de la Lune, Créocéan, Azti, SerEnMar, le Centre de la mer de Biarritz et Surfrider Foundation Europe. « On a analysé 20 zones potentielles sur notre côte » explique Mathieu Bergé, conseiller régional en charge du Port de Bayonne. Chaque zone a été scrutée, et à la fin, « on a pu dérisquer une zone » poursuit l’élu. Une zone de 2 km² a ainsi été désignée, à 7,5 km au large d’Anglet et Biarritz et à une profondeur comprise entre 60 et 70 mètres. Un périmètre dit « dérisqué » parce que les collectivités ont consulté les différents acteurs pour exclure tout conflit d’usage. « On a exclu les risques sur la biodiversité, la pêche, le surf, le câblage, etc. » précise Mathieu Bergé. Sur la partie environnementale, la zone choisie ne se trouve « pas dans une zone Natura 2000, ni dans une zone de migration » précise Jean René Etchegaray, président de l’agglomération Pays basque.

Sur la partie opérationnelle, 85 technologies permettant de capter l’énergie par la houle ont été scrutées, et une première short list de 10 a été sélectionnée. « Pour respecter notamment notre volonté d’avoir une ferme qui ne soit pas visible depuis le bord ». Les élus assurent qu’elle n’aura aucun impact visuel, et qu’elle n’aura qu’un effet minime sur les vagues. « Pour les surfeurs, on estime qu’elle aura au maximum un effet d’un centimètre sur les vagues » précise Jean-Pierre Laflaquière, Vice-président de l’agglomération Pays basque en charge de l’enseignement supérieur, recherche et formation.

Plusieurs centaines de millions d'euros

Un projet qui pourrait voir le jour à l’horizon 2030. Mais le nerf de la guerre, c’est forcément l’argent. De premiers contacts avec l’Etat ont déjà été noués, notamment lors du salon Seanergy qui s’est tenu en juin dernier à Paris. L’occasion d’aborder cette épineuse question du financement. « Parce qu’un projet de cette nature, c’est forcément un investissement extrêmement lourd » avoue Jean-Pierre Laflaquière. « Ça se compte en centaines de millions d’euros ». De leur côté, les élus soulignent avoir dérisquer la zone, pour un montant d'1,3 million d'euros d'étude, de quoi laisser le champ libre à des industriels. Ainsi, deux modes de financement ont d’ores et déjà été imaginés : « soit on participe à la construction, soit on rachète à des tarifs préférentiels l’électricité qui est produite » explique l’élu. Reste que sur une telle opération, les deux collectivités espèrent obtenir des crédits spécifiques de la part de l’Etat, et notamment des aides au financement pour les entreprises qui pourraient être intéressées pour porter ce projet. De son côté, la Région anticipe. « On a réservé entre 5 et 10 hectares sur le port rien que pour installer une filière houlomotrice » avance Mathieu Bergé. De quoi attirer d’éventuels constructeurs directement sur site, mais aussi d’assurer les besoins de maintenance et de logistique. Des discussions ont déjà eu lieu avec des entreprises.

Mais l’énergie houlomotrice n’est pas encore reconnue par l’Etat. Alors les élus veulent aller plus loin, et interpellent l’Etat pour la faire inscrire dans le prochain plan pluriannuel de l’énergie, s’appuyant sur un rapport de la Commission de régulation de l'énergie qui plaide pour son intégration. L’actuel PPE court de 2019 à 2028. Des ateliers seront organisés dès septembre prochain pour discuter avec les usagers de l’océan et leur présenter le projet.