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Transport : les leçons d’une année contrastée pour GT Solutions - Premium

Stratégie
lundi 18 octobre 2021

Matthieu Sarrat a repris la branche transport de l'entreprise familiale en 2019 - photo AL

De son activité historique de location de véhicules avec chauffeurs aux activités plus récentes d’affrétement et d’organisation de transport, GT Solutions évolue sur des secteurs d’activité très divers qui tous, ont subi d’une façon ou d’une autre les conséquences de la crise sanitaire. Retour sur une année « contrastée », mais riche d’enseignements, pour un groupe également confronté aux problématiques de verdissement de la flotte et de pénurie de main d’œuvre.

Deux ans après son arrivée à la tête de GT Solutions, la branche transports du groupe familial GT, Matthieu Sarrat peut se targuer d’un baptême du feu en bonne et due forme, avec la gestion de la crise sanitaire en guise de bizutage. Sur le plan comptable, 2021 porte encore les stigmates du Covid-19 puisque le chiffre d’affaires annuel devrait s’établir à 190 millions d’euros, stable par rapport à 2020 mais en recul d’environ 20% comparé à l’exercice 2019. « La visibilité n’est pas parfaite. On attend encore de voir si la loi Montagne, qui impose de nouvelles obligations d’équipements hivernaux pour les véhicules dans une quarantaine de départements, va entraîner un afflux de commande sur le marché du pneu. Si c’est le cas, on dépassera l’atterrissage prévu, mais l’impact réel est encore difficile à mesurer. C’est l’un des paramètres qui rendent notre métier compliqué », sourit Matthieu Sarrat.

La livraison de pneumatiques de seconde monte représente en effet 30% du chiffre d’affaires d’un groupe qui, à partir de 2018 et grâce à plusieurs opérations de croissance externe, a renforcé ses positions sur l’affrétement et l’organisation de transport, en complément de son activité historique de mise à disposition de camions avec chauffeurs. Cette nouvelle branche, dite GT Solutions Réseaux Spécialisés, représente aujourd’hui 200 salariés, 12 plateformes d’échange et 70 millions d’euros de chiffre d’affaires en année normative. L’activité historique pèse quant à elle 150 millions d’euros, toujours en année normative, avec une flotte de 1.900 cartes grises (tracteurs et remorques) et 1.700 collaborateurs, dont le niveau d’activité dépend directement de celui des filières concernées. « L’activité RHF (restauration hors foyer, dédiée notamment à l’approvisionnement des restaurants, ndr) a subi un impact important jusqu’au printemps, avec des équipes mises à l’arrêt et des conducteurs qui se posaient des questions sur la suite », témoigne Matthieu Sarrat. À l’inverse, le secteur de la construction, auquel GT Solutions propose des camions-grues ou des camions pour le béton prêt à l’emploi, a connu un regain d’activité bienvenu. « Nous avons pu signer de nouveaux contrats. Cette période d’euphorie inattendue a été l’occasion de se reposer la question de l’externalisation pour absorber le surcroît de demande », analyse-t-il.

Pour GT Solutions, qui répartit son chiffre d’affaires entre les pneumatiques (30%), la distribution de matériaux (20%), l’alimentaire (15%), l’agroalimentaire (10%), l’industrie (10%), les grands travaux (10%) et la santé (5%), les secteurs qui ont profité de la crise ne suffisent toutefois pas à compenser ceux qui ont été ralenti ou mis à l’arrêt. « Les coûts liés aux moyens qui ne tournent pas sont supérieurs à l’apport des nouveaux contrats », résume Matthieu Sarrat, qui voit dans ces 18 derniers mois la confirmation du bien-fondé de la stratégie de diversification de l’entreprise : « on ressort de la crise avec le sentiment que les supply chain de nos clients n’ont pas connu de bouleversement structurel ». Si le groupe a réussi à traverser la crise sans plan social ni réductions d’effectifs autres que la non-compensation des départs grâce au chômage partiel, elle a tout de même mis en lumière la nécessité de se renforcer sur le canal des grossistes, traditionnels ou e-commerce, dans la distribution, ainsi que celle d’accélérer sur le numérique. Après avoir mis en œuvre son outil de TMS (Transport Management System), qui amène aux donneurs d’ordre une traçabilité sur leurs envois, GT Solutions se prépare à l’enrichir de briques dédiées à la relation client.

Du gaz naturel en attendant l’hydrogène

Autre conséquence de la crise : l’entreprise a pris le parti de retarder le renouvellement de sa flotte de camions, ce qui signifie qu’elle devra intensifier ses efforts au cours des prochaines années, et composer avec les variations d’un marché sujet à la fois au renchérissement des matières premières et aux mouvements de pénurie, notamment sur les semiconducteurs. Elle s’enorgueillit tout de même d’accueillir son centième véhicule alimenté au gaz naturel (GNV), une étape de verdissement entamée dès 2008 grâce à laquelle GT Solutions entend devancer les restrictions de circulation imposées par l’avènement des ZFE (zones à faibles émissions). Le groupe travaille en parallèle à des pilotes autour de l’électrique, mais aussi et surtout de l’hydrogène, perçu comme une solution potentiellement pertinente à horizon dix ans. Il ambitionne de répondre d’ici la fin de l’année à l’appel à projets lancé par la région Occitanie en direction des exploitants et des transporteurs, qui cible une mise en œuvre aux alentours de 2023.

Dernier sujet, et non des moindres : le recrutement, avec une centaine de postes à pourvoir à l’échelle nationale. Sur ce volet, critique pour l’ensemble des acteurs du transport, GT Solutions se dit pénalisé par les réformes de la formation, et a décidé de lâcher du lest en confiant les rênes de son école de formation privée à l’AFTRAL. Au-delà de la formation initiale, le groupe, dont la filiale Emploi gère 400 conducteurs et 130 intérimaires, travaille sa réflexion sur la fidélisation et la valorisation du métier de conducteur poids lourd. Mi-2019, il a par exemple engagé un projet pilote de responsabilisation des conducteurs à l’échelle de sa filiale méditerranéenne, et se prépare à répliquer la démarche en Seine-Saint-Denis. « Le conducteur va par exemple pouvoir prendre lui-même rendez-vous au garage en cas de problème, valider la réception des travaux, ou participer au recrutement de ses futurs collègues. La démarche est très bien reçue, mais on a encore du mal à mesurer l’impact en termes de turn-over », confie Matthieu Sarrat.

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