Logistique : Jestocke et Waresito, des ressorts de croissance si différents - Premium

S’il ne semble pas y avoir d’enjeu à ce sujet pour les dirigeantes, précisons d’emblée pour lever l’éventuelle confusion. Jestocke, c’est d’abord la société girondine créée début 2013 par Laure Courty, qui en est toujours présidente. Cette SAS pilote deux business units, dont les équipes - hormis quelques fonctions supports - sont strictement séparées. D’une part, Jestocke, une « marketplace destinée à des enjeux de garde-meubles et de stockage pour des particuliers et des petits professionnels, plutôt artisans et TPE », explique la fondatrice. Et d’autre part Waresito, qui a vu le jour en 2021 et « propose des solutions logistiques et de stockage flexibles, pour que les entreprises puissent adapter leur besoins aux fluctuations de leur activité ». Si les deux ont en commun de valoriser des espaces de stockage vacants, les problématiques induites par les enjeux de développement sont ainsi radicalement différentes.Jestocke, une super scalabilitéAyant soufflé ses 10 bougies, la plateforme Jestocke propose actuellement deux millions de mètres carrés vacants (caves, garages, celliers), dans quelque 28.000 villes en France et en Belgique. Sur un marché du garde-meuble en pleine expansion, elle ambitionne une croissance annuelle de 30% et veut, d’ici 10 ans, quadrupler son offre. Le concept de base reste le même : mettre en relation les personnes qui manquent d’espace avec celles qui disposent de surfaces inutilisées dans un garage, une cave, un box de stockage, un grenier… « C’est rentable depuis plusieurs années, ça finance le développement de Waresito qui ne l’est pas encore. Avec Jestocke, on est vraiment sur une super scalabilité. On est arrivé à construire une boîte où je n’ai quasiment pas besoin de recruter alors qu’on a des taux de croissance à deux chiffres ». Quels sont donc les ressorts de cette mécanique vertueuse ?Le principal enjeu pour Jestocke est ainsi la croissance de son offre. « Le marche est tellement dynamique que développer l’offre entraîne mécaniquement une hausse d’activité dans les mêmes proportions », confirme Margaux Lyprendi, la directrice générale. Pour y parvenir, la plateforme a connu une première accélération en 2016, en s’associant avec les acteurs du logement social. « On a aujourd’hui 62 partenaires, on gère plus de 5.000 boxes sur toute la France, c’est l’activité sur laquelle on a le plus fort taux de remplissage, 95 voire 100% dans certaines villes. Pour eux, ça génère du revenu, qui est réinvesti pour réhabiliter leur parc. Et puis ça amène de la sécurité dans les sous-sols des bailleurs sociaux, parce que si vous avez de la vacance, en général, il y a du squat », éclaire la présidente. 2023, rebelote, cette fois en direction des acteurs de immobilier, les SCI. « Pas mal d’investisseurs sont venus nous voir pour qu’on développe une offre pour eux. On a dupliqué ce qu’on faisait pour les bailleurs sociaux. Et donc on a une offre qui est pilotée via une application et on peut, via des intendants qui sont un peu partout sur le territoire, gérer à peu près n’importe quel patrimoine comme une sorte de giga-conciergerie », raconte-t-elle.Taux moyens de remplissage et de rentabilité par régions. Crédit : Jestocke« Tous les ans, on publie des communiqués sur les taux de rentabilité pour chaque grande ville, quartier par quartier. Et aujourd’hui, on est sur un taux de rendement pour le self-stockage qui est quand même énorme. Donc on n’a pas de mal à avoir des candidats. En fait, ça tombe presque tout seul », sourit la présidente. « On a une énorme réserve de foncier vacant et donc l’enjeu c’est de communiquer sur la facilité avec laquelle on peut modifier l’usage d’un bien », décrit Laure Courty. « On pense que ce qui va compter dans les prochaines années, ce n’est pas forcément de détenir des biens immobilier, c’est l’usage qui va en être fait. L’usage de stockage peut être amené à se complexifier, vers des enjeux de micro-logistiques, analyse la directrice générale, avec ce qui se passe sur le marché du bureau et de l’immobilier en général, on a beaucoup de poches de vacances qui se créent », reprend sa directrice générale. Si le développement de la plateforme Jestocke passera principalement par la France et la Belgique, d’autres pays sont regardés avec attention, « plutôt au sud de l’Europe », précise la présidente. L’effectif, une vingtaine de personnes actuellement, devrait être enrichi de quelques profils, principalement « tout ce qui va permettre d’interagir avec nos partenaires qui ont de la vacance ». À moyen terme, l’équipe de cette business unit devrait atteindre une trentaine de collaborateurs.Amener Waresito au même niveau d’affaires que JestockePour sa part, Waresito est une plateforme qui interconnecte ses clients à un réseau physique d’entrepôts logistiques et de transporteurs présents sur l’ensemble du territoire. L’offre vise à répondre à des besoins logistiques structurels - externalisation totale ou partielle des fonctions logistiques - mais également ponctuels - débord, urgences, pics de saisonnalité - grâce à l’interconnexion des systèmes d’information de l’ensemble des acteurs de la supply chain. « On a vraiment développé notre réseau de partenaires de confiance avec qui on collabore régulièrement. Ce qu’on vient disrupter, c’est le mode de fonctionnement de la logistique aujourd’hui. Nous avons une innovation de service, c’est-à-dire pour une entreprise de pouvoir positionner ses lieux d’entreposage où elle le veut et de déployer cette dynamique logistique en 48 heures. Ça permet de variabiliser les coûts logistiques qui, jusqu’à présent, étaient plutôt fixes et suivaient le pic d’activité. Avec nous, ça suit les hauts et les bas. En tant que client, vous pouvez être positionné à plusieurs endroits, ça ne change rien car nous sommes le seul interlocuteur, avec une seule vision de vos stocks », décrypte Margaux Liprendy. Grâce à ce réseau dit 3PL - 3rd Party Logistics, des logisticiens, des transporteurs - « ils sont nos partenaires, on n’est pas du tout en concurrence, c’est grâce à eux qu’on peut proposer des offres modulaires », Waresito s’estime en mesure de faire « du sur-mesure sur chaque dossier ».D’où le gros enjeu technologique pour tenir la promesse. « Pour pouvoir faire cette brique de services parfaitement, il faut qu’on amène notre client dans n’importe quel entrepôt, où il le souhaite, sur un territoire donné et il a besoin de voir ses stocks. Il faut qu’on ait un produit robuste, technologique. Donc on a de gros sujets de connexion avec des ERP et des WMS », indique la directrice générale, qui recrute bien plus rapidement au sein de Waresito dont l’effectif - 11 embauches l’an dernier, 15 prévues cette année - devrait dépasser la cinquantaine de personnes fin 2024. Forte de quoi, cette business unit devrait voir son chiffre d’affaires s’élever au même niveau que celui de la plateforme Jestocke, même si les dirigeantes refusent d’en dire plus à ce sujet.Un outil de performance extra-financièreL’an passé, Waresito a enregistré une hausse de 120% de ses clients. « Uniquement sur ce qu’on appelle le mid-market et entreprise, donc vraiment de gros paniers moyens. On est sur des grosses PME, des ETI et des grands groupes. On n’a quasiment plus d’activité sur de la TPE. » Parmi ceux-ci, des entités telles que Coexo, Mariages Frères, Omum, Holtex, IDC Group, Leroy Merlin, Toshiba, Auchan, Colas, Cultura… Au total plus de 250 clients, dont 20% de sociétés étrangères? Waresito observe aussi une augmentation de 210% du volume de palettes stockées entre 2022 et 2023, et des pics de commandes à plus de 300 par jour. « On a fait un pivot, pas en matière d’offre, mais de cible. Parce que c’est le plus réservoir, la plus grosse rentabilité, la meilleure dynamique. On est sur des volumes de palettes énormes et sur des problématiques logistiques ultra-complexes. Notre promesse de valeur, c’est de permettre à nos clients de faire du pay-as-you-go, payer pour ce qu’ils consomment. Et aussi de faire quasiment du plus and play », déroule Laure Courty. L’ambition 2024 est énorme : tripler le portefeuille clients.Un travail sur l’outil technologique dont les enjeux sont multiples. « Avec toute la data qu’on pilote, on arrive à faire un maximum de business intelligence, pour pouvoir optimiser les ROI financiers et extra-financiers de nos clients. Si on arrive à optimiser les flux et les positionnement des sites, ça a un impact colossal sur les émissions de carbone », souligne la présidente. « Notre ADN de fonds, c’est d’améliorer le ROI extra-financiers de la supply chain, abonde sa directrice générale, arriver à une chaîne logistique la plus neutre en carbone possible. » En 2023, Waresito revendique d’avoir réduit en moyenne « de 30% les émissions de carbone de ses clients qui ont repensé l’implantation de leur réseau d’entrepôts logistiques ». De plus, « l’équivalent de 40 millions de kilos de CO2 ont été économisés grâce à l’exploitation et la mutualisation d’entrepôts logistiques sous-utilisés », est-il souligné. « On a des calculateurs intégrés à notre plateforme, on est donc en capacité de calculer toutes les économies de CO2. Nos clients peuvent intégrer ces éléments dans leur rapport de durabilité », conclut Laure Courty.JestockeSAS fondée en janvier 2013Siège social : BèglesEffectif : une cinquantaine de personnesCA : NC

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