Mode et luxe : la Maison Rainbow dévoile ses nouveaux atours - Premium

Dans le futur salon dédié au prêt-à-porter féminin du premier étage, les vendeuses étiquettent les robes encore drapées dans leurs housses, pendant qu’à côté, on s’affaire à assembler et repeindre de blanc le petit carrousel qui habillera le centre de la pièce. Une coquetterie qui rappelle bien sûr le lien historique qu’entretient la maison Rainbow, fondée en 1902, avec les Allées de Tourny et leur célèbre manège, mais qui illustre aussi le nouveau positionnement voulu par la famille Gouzik. « On l’a pensée comme une maison de famille, avec la volonté de sortir de l’homogénéisation qui touche toutes les enseignes dédiées au luxe », résume Alexandra Gouzik. Avec Stéphanie et Xavier, elle incarne la quatrième génération aux commandes de l’entreprise familiale, sous le haut patronage de leur mère Brigitte qui, au rez-de-chaussée, s’affaire au milieu du va-et-vient des artisans. Partout, la hâte est palpable : la boutique devait rouvrir le 23 novembre, mais beaucoup reste à faire. L’inauguration aura finalement lieu ce samedi 2 décembre, dix mois après le début des travaux, alors que ces derniers ne devaient en durer que cinq. « La mise aux normes nous a fait perdre beaucoup de temps et a engendré un surcoût assez important, mais on y est, c’est l’essentiel », souffle Alexandra Gouzik. Une transformation totaleMontant total du chantier : près de 3 millions d’euros, pour une réhabilitation complète de l’ancienne boutique Rainbow qui, outre sa devanture du 30 allées de Tourny, profitera désormais de deux entrées supplémentaires. Et, surtout, d’une surface quasiment doublée, puisque l’enseigne se déploie désormais sur 900 m². Le garage et les anciens ateliers de confection et de retouche, qui donnaient sur la rue Mably, laissent ainsi la place à un espace peint de jaune vif, dédié au prêt-à-porter homme. « On a retrouvé une affiche de 1909, où figurait une marguerite jaune, c’est devenu notre couleur », sourit Alexandra Gouzik.Xavier, Stéphanie et Alexandra, aux côtés de leur mère Brigitte et de leurs enfants, incarnent la quatrième génération à la tête de la Maison Rainbow, ouverte à Bordeaux en 1902 - crédit Sekza / RainbowL’étage, précédemment dévolu aux réserves, accueille quant à lui la mode féminine, avec une pièce susceptible d’être privatisée pour des essayages en toute intimité, ou des animations événementielles. Dans la cage d’escalier, les miroirs ternis ont disparu, laissant apparaître au jour des fresques datées de 1928 et signées du couturier Jean Poiré, qui font le pont entre la décoration résolument moderne du rez-de-chaussée et le style XVIIIe du premier niveau. Mix commercial : entre valeurs sûres et découvertesTotalement réagencé, le rez-de-chaussée s’ouvre depuis les Allées de Tourny sur un petit café – « on voulait faire un bar à champagne mais la mairie nous a refusé la licence », confie la directrice – et mène vers de nouveaux espaces dédiés aux diversifications : cosmétique, maison et, surtout, une zone de 80 m² dédiée à la maroquinerie, considérée par la famille Gouzik comme l’une des portes d’entrée vers la mode de luxe. Distributeur historique de griffes prestigieuses comme Burberry, Zegna ou Loewe, Rainbow ajoute à son mix commercial des marques plus confidentielles. « En tant que maison indépendante, c’est important pour nous de mettre en avant des créateurs eux aussi indépendants », affirme Alexandra Gouzik. Avec l’ambition de créer une proposition de valeur unique à Bordeaux, à mi-chemin entre les grands magasins dédiés au prêt-à-porter et les boutiques de luxe mono-marques du cours de l’Intendance. « On ne se veut pas un petit Bon Marché ». Le luxe reste un secteur en croissanceAprès les stigmates de la crise Covid, pourquoi se lancer dans un tel investissement, à plus forte raison quand le secteur du prêt-à-porter français traverse une grave zone de turbulences ? « Le projet est à l’étude depuis trois ans, et on a fini par se dire que si on n’y allait pas maintenant, on ne le ferait jamais, raconte Alexandra Gouzik. Le luxe reste par ailleurs un secteur en croissance. Il est parfois mal connoté, mais on cherche justement à rappeler et valoriser que derrière l’étiquette, les produits de luxe représentent une somme de travail importante ». Maison Rainbow, qui réalise un chiffre d’affaires annuel moyen de l’ordre de 2 millions d’euros, a financé sa transformation grâce à un mix de fonds propres et de dettes bancaires, avec le parti pris de cultiver son indépendance. « Notre partenaire bancaire historique voulait qu’on accueille un investisseur, nous n’avons pas voulu, ils ont préféré en rester là, nous avons trouvé une autre opportunité », confie la dirigeante, qui compte aussi bien sur la clientèle bordelaise que sur la fréquentation touristique pour atteindre l’objectif familial : doubler, puis tripler, le chiffre d’affaires de Rainbow. Avant, pourquoi pas, d’envisager d’étendre le rayonnement de la Maison familiale. « Nous étions The Rainbow Company Limited, nous sommes passés à Unlimited, ce ne sont pas les idées qui manquent ! ».Maison Rainbow30 allées de TournyFondée en 1902Effectif : 20 collaborateursCA moyen : 2M€

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