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Recruter devient-il un parcours du combattant ?

Opinion
lundi 16 juin 2025

Grégory Makiela est  fondateur de Nextgen RH, expert Recrutement pour organisations exigeantes. 

Recruter devient-il un parcours du combattant ?

Grégory Makiela, directeur d'un cabinet de recrutement implanté en Nouvelle-Aquitaine, accompagne depuis plus de 15 ans les entreprises dans leurs enjeux de recrutement. Confronté chaque jour aux mutations du marché de l'emploi, il partage ici son analyse des tensions actuelles et propose des pistes concrètes pour mieux recruter dans un contexte incertain.

Nous n'avons jamais autant parlé de recrutement... et pourtant, recruter n'a jamais été aussi difficile.

Ce paradoxe est désormais une réalité quotidienne pour nombre d'entreprises en Nouvelle-Aquitaine. En tant que professionnel du recrutement ancré sur ce territoire, je le constate chaque jour : le décalage entre l'offre et la demande sur le marché du travail se creuse, et l'incertitude pousse de nombreux dirigeants à repenser leurs pratiques RH. 

Un marché de l'emploi sous pression, même dans les territoires dynamiques

La Nouvelle-Aquitaine reste une région attractive, avec près de 270,000 intentions d'embauche prévues en 2025, malgré une baisse de 13.9% par rapport à 2024 (enquête BMO 2025, France Travail).

Et cette dynamique se ressent : 56.7% de ces projets sont jugés difficiles à pourvoir par les entreprises. Un chiffre néanmoins en baisse de 8 points en un an, mais qui reste au-dessus de la moyenne nationale (50.1%). Preuve que la région continue de faire face à des tensions structurelles. 

Autrement dit : même dans une région qui embauche, la pénurie de compétences reste un frein majeur.

Certaines zones de Nouvelle-Aquitaine sont plus touchées que d'autres :

- En Gironde, plus de 73,000 intentions d'embauche ont été recensées pour 2025, mais les tensions concernent des secteurs entiers (bâtiment, hôtellerie-restauration, logistique).

- Dans les Pyrénées-Atlantiques ou la Vienne, ce sont les fonctions techniques ou de maintenant qui peinent à recruter durablement.

- Dans les zones rurales, la question de la mobilité et du logement renforce encore ces difficultés.

Recruter aujourd'hui, ce n'est plus seulement publier une offre

La réalité est là : les leviers traditionnels de recrutement ne suffisent plus. Publier une annonce ou activer son réseau ne garantit plus de recevoir des candidatures pertinentes.

Pourquoi ? Parce que le rapport au travail a changé. Les attentes des candidats aussi.

Aujourd'hui, les candidats cherchent :

- Une expérience collaborateur forte,

- Une visibilité claire sur leur évolution,

- Et surtout, une relation équilibrée avec leur futur employeur.

Face à cela, beaucoup d'entreprises peinent à se positionner. Non pas par manque de bonne volonté, mais souvent par manque de méthode, de temps ou de recul stratégique.

Comment sortir de cette impasse ?

Voici quelques pistes qui, sur le terrain, font la différence :

1. Travailler son attractivité en amont : marque employeur, communication RH, fiches de postes réalistes. Ce que l'on appelle « l'offre RH » doit être aussi lisible qu'un produit marketing.

2. Soigner l'expérience candidat : réponses rapides, transparence, accueil humain. On ne le dira jamais assez : un candidat mal accueilli devient un ambassadeur négatif !

3. Repenser ses critères de sélection : trop d'entreprises cherchent encore des profils « idéaux » plutôt que des personnes à faire évoluer.

4. Mieux former et fidéliser : la pénurie n'est pas qu'un problème de sourcing, c'est aussi un sujet de montée en compétences et de mobilité interne.

Recruter en Nouvelle-Aquitaine : un défi mais pas une fatalité

La Nouvelle-Aquitaine dispose d'atouts solides : bassin d'emploi diversifié, tissus économiques dynamiques, écoles et centres de formation reconnus. Mais pour répondre aux enjeux actuels, il faut changer de posture. Passer d'une logique de « recherche du bon CV » à une logique d'engagement, d'anticipation et d'ajustement mutuel entre entreprise et candidat.

En bref... Oui, recruter est plus difficile qu'avant. Mais ce n'est pas une fatalité.

Les entreprises qui s'en sortent le mieux ne sont pas forcément celles qui proposent les salaires les plus élevés, mais celles qui savent se rendre lisibles, humaines et cohérentes. Ce sont celles qui font du recrutement une vraie stratégie, pas une urgence permanente. Et c'est peut-être là, le vrai virage culturel à opérer.

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