Habitat social : Mésolia et le Toit Girondin deviennent le groupe Soïkos - Premium

Y’aurait-il une crise de sens dans le monde du logement social ? Emmanuel Picard, arrivé il y a dix ans à la tête du groupe Toit Girondin et du bailleur social Mésolia en est convaincu. « Pour moi il n’y a pas de question sur le fond, le logement social est utile à la société, mais la perception qu’en ont les citoyens, les institutions et même l’Etat n’est pas toujours juste », estime-t-il, prenant l’exemple de la mise en place de la réduction du loyer de solidarité, décidée par le gouvernement, qui coûte à Mésolia 5 millions d’euros par an, et plus d’un milliard à l’ensemble des acteurs du logement social. « À cette occasion-là, on a été expliquer à nos partenaires quels étaient vraiment notre rôle et notre création de valeur pour le territoire. On ne fait pas que construire des logements, ou loger des gens. On intervient sur les territoires, auprès des familles en difficulté ou des publics spécifiques, on créé du lien social, et ça ne se sait pas suffisamment », commente Emmanuel Picard. « Il faut considérer l’humain avant le logement »D’où cette idée de travailler sur un nouveau projet d’entreprise, après dix ans passés à installer Mésolia comme un acteur de référence du logement social dans le sud-ouest. L’ESH (entreprise sociale pour l’habitat) est aujourd’hui adossée au groupe Arcade-Vyv, quatrième bailleur social à l’échelle nationale, ce qui la protège en théorie des conséquences d’une éventuelle nouvelle loi ELAN qui accentuerait encore la concentration du secteur. Surtout, elle est passée de 8.500 logements gérés en 2012 à plus de 22.000, avec une présence à Bordeaux, Libourne, Bergerac et Toulouse. « Après un projet de développement fort et rapide, il est temps de passer à un projet plus qualitatif, capable de redonner du sens au lien qui unit le logement social à la population », affirme Emmanuel Picard. Mésolia a de ce fait engagé une phase de diagnostic visant à mesurer plus précisément les attentes de ses locataires, de ses collaborateurs. « Nous avons par exemple envoyé 40 binômes de collaborateurs à la rencontre de nos locataires, avec qui nous échangeons bien sûr au quotidien, mais sans forcément les considérer comme des prescripteurs », illustre le directeur général. Sur cette base, complétée d’échanges avec les collectivités et les institutions, le bailleur social travaille à l’élaboration d’un plan d’action qui sera présenté en juillet, et devra dessiner les grandes orientations stratégiques à cinq ans de l’entreprise, dans son organisation comme dans sa façon d’envisager la construction ou la rénovation. « Le confinement nous a par exemple appris qu’on ne pouvait plus envisager de construire des logements sans espaces extérieurs, et c’est ce que nous allons faire à la Saraillère à Cenon, mais il y a d’autres questions à se poser, à la fois en matière de confort de vie, de transition écologique, et de services, indique Emmanuel Picard. Il faut considérer l’habitant avant le logement, et voir comment proposer une alternative sur le territoire, particulièrement à Bordeaux où les habitants sont partagés entre le choix d’un produit de promoteur comme le T2 à 42 m² ou la petite maison sur 300 m² de terrain à 30 km de l’agglomération, avec tous les problèmes que soulève la distance quant au confort de vie ». En attendant la mise en œuvre du plan d’action, l’introduction de la nouvelle identité de marque, groupe Soïkos, accompagnée d'un nouveau logo en forme de cocon, intervient pour incarner cette ambition, même si la SCP le Toit Girondin et Mésolia conservent leurs dénominations historiques. « Nous introduisons ce nouveau nom, contraction de SO, pour sud-ouest, et de oïkos, qui veut dire maison en grec, parce que notre projet doit s’appuyer sur une identité forte et reconnue », explique Emmanuel Picard. Préférer la coopération à la compétitionSoïkos professe par ailleurs toujours une approche privilégiant la coopération à la compétition avec les autres acteurs du logement social actifs à l’échelle locale. Dans la lignée de Coo.pairs, Coo.sol et Coo.efficience, les outils et organismes mutualisés avec Aquitanis, l’office public de l’habitat de Bordeaux Métropole, le groupe annonce la création de deux nouvelles structures ayant vocation à travailler avec l’interne comme avec l’externe. La première, baptisée Soïkos Services, se veut un centre de services dédié à la gestion de logements, qui agira pour les différentes entités du groupe, mais aussi pour des d’autres ESH telles que Urbalys, la SEM de la ville de Bergerac. Soïkos Services a également vocation à jouer le rôle d’un incubateur, pour les expérimentations que mènera le groupe dans le cadre de son futur projet d’entreprise. La seconde, Soïkos Accession, prend la forme d’une filiale dédiée à l'accession sociale, destinée à accompagner les publics modestes vers la propriété grâce à des leviers de type bail réel solidaire (BRS). « L’idée est de tisser une toile qui dépasse le simple groupe Soïkos, et de former non pas un groupe vertical, mais une communauté d’intérêt », explique Emmanuel Picard. L’idée ne relèverait-elle pas du vœu pieux, sur un marché de l’immobilier où le cadre réglementaire pousse à la concentration et où la raréfaction des fonciers disponibles accentue la concurrence ? « Nous coopérons depuis cinq ans avec Aquitanis sur la prospection et ça fonctionne, répond le directeur général. L’intérêt de ce modèle, c’est de construire collectivement la réponse la plus efficiente pour le territoire, en jouant sur les complémentarités de chacun, là où la concurrence participe plutôt à tirer les prix vers le haut. Les grands groupes vont naturellement dans les zones où il y a beaucoup d’opportunités de développement, mais il faut aussi des acteurs capables de collaborer avec un office local ou départemental sur de plus petits projets ». Reste une dernière question : si le développement n’est pas le seul moteur du projet, selon quels indicateurs évaluer l’efficacité à cinq ans de cette stratégie ? « Nous aurons réussi si nous sommes en mesure de proposer des réponses à des problématiques telles que le maintien à domicile ou le cinquième risque (la dépendance, ndr), avec un modèle permettant de vivre longtemps chez nous. Et nous aurons réussi si Soïkos n’est plus qu’un élément parmi d’autres au sein de notre communauté d’intérêt », sourit Emmanuel Picard. Groupe Soïkos266 collaborateurs22 000 logements gérésCA 2021 : 133M€

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