Semaine de quatre jours : un an après, l’expérience est-elle concluante pour U’rself ?
Avec le rendez-vous hebdomadaire « Dans ma boîte », Placéco part à la rencontre des dirigeants de Nouvelle-Aquitaine. Objectif : leur donner la parole sur une initiative qu'ils mettent en place au sein de leur entreprise, pour attirer et fidéliser leurs collaborateurs.
À l’automne 2023, la PME U’rself expérimentait la semaine de quatre jours auprès de sa quarantaine de salariés. Craintes de certains, obligation de maintenir le même niveau d’activité, difficultés de recrutement… Près d’un an plus tard, quel bilan dresse Alexandre de Roumefort, fondateur et dirigeant de l’entreprise ? Éléments de réponse.
Il y a presque un an et demi, le Girondin U’rself se lançait un nouveau challenge : passer de la semaine de cinq jours à 35 heures, à celle de quatre, à 32 heures. Un défi d’autant plus sérieux pour cette PME, qui compte une quarantaine de salariés pour un chiffre d’affaires de dix millions d’euros, dans le domaine de la PLV (publicité sur le lieu de vente). L’objectif, en transformant ainsi l’organisation, était de redonner de la motivation à ses équipes. Qu'en est-il aujourd’hui ? Quel retour d’expérience en tire le fondateur et dirigeant de U’rself, Alexandre de Roumefort ? « C’est un retour très positif, se réjouit ce dernier. On a décidé de laisser une certaine souplesse, tous les ans ce dispositif [ndlr, appelé Day for You] se renouvelle par tacite reconduction, mais à tout moment le CSE ou la direction peut demander de stopper l'expérimentation. Rien n’est gravé dans le marbre, même si je suis conscient que revenir en arrière sera compliqué. »
Et pour cause, U’rself semble avoir rapidement trouvé son allure de croisière. Aucun jour précis n’est imposé, chaque service s’organise pour que l'absence de salariés n’impacte pas le bon déroulé de la journée. « C’est drôle parce que ce matin, on m’a justement envoyé un article sur une entreprise qui s'est plantée à cause de la semaine de quatre jours, reprend Alexandre de Roumefort. Elle avait décidé que le vendredi serait totalement off, or cela générait une coupure vis-à-vis des clients. Nous, le fait d’avoir des jours de repos changeants n’entraîne aucun arrêt, ce qui est très apprécié par nos clients. » Mieux, le dirigeant affirme que cette évolution a permis aux 42 salariés de s’améliorer en matière d’organisation, notamment sur la transmission des dossiers dans un même service. « Ils travaillent désormais essentiellement par binôme, ce qui a beaucoup amélioré notre connaissance client, illustre notre interlocuteur. Cela nous aide également à mieux gérer les périodes de congés. »
Des facilités de recrutement mais pas de fidélisation
Surtout, les réticences de certains salariés, inquiets d’un changement de rythme, d’une surcharge de travail ou du regard de leur entourage, seraient aujourd’hui envolées selon Alexandre de Roumefort. Qui affirme avoir beaucoup moins de problèmes d’absence, sans lien direct avec le travail mais empiétant dessus. « Exemple concret aujourd’hui, l’un de nos collègues a pris son Day for You car avec la grève dans la fonction publique, il a trouvé que c’était plus simple de ne pas travailler. Avec ce fonctionnement, je dirais que les vies personnelle et professionnelle s’associent beaucoup mieux et en même temps se mélangent moins. »
Si le dirigeant précise que cette organisation ne fidélise pas davantage les collaborateurs, il voit une nette évolution en matière de recrutements. « C’est plus simple, on reçoit plus de CV, et avec des profils plus intéressants. » Ensuite, précise-t-il, « si l’entreprise ne plaît pas, ça n’empêchera pas la personne de partir. Pour travailler la rétention il faut travailler l’intérêt du poste, il faut un alignement entre le salarié et la vision de l’entreprise. Quelques avantages ne changent pas la donne, peut-être le salaire et encore, ce n’est pas une bonne raison de rester ».
À l’avenir, la PME pourrait-elle mettre en place d’autres actions pour ses équipes ? Si son dirigeant veut se laisser du temps pour ne pas faire les choses dans la précipitation, et assurer sa pérennité financière, il n’est pas fermé à l’idée d’un plan de partage de la valeur. « Il y a certes des obligations légales mais je pense qu’il faut le pousser un peu plus loin. Comment faire entrer les salariés dans le projet de l’entreprise ? Cela peut passer par de l’actionnariat par exemple. » Un choix qui pourrait se concrétiser d’ici 2026, mais qui demandera du temps. « C’est toujours pareil, dans une structure capitalistique c’est toujours compliqué. Il faut trouver comment aligner le tout, surtout quand on a déjà des actionnaires ; voir à quel moment intégrer des salariés. » Et de conclure : « En tout cas, on comprend pourquoi les grands groupes mettent cela en place. »
U'rself
SAS fondée en 2016
Siège social : Bordeaux
42 salariés
CA : 10M€