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Nouvelle gouvernance de Bordeaux Métropole : intercommunalité et fait majoritaire

Écosystème
mardi 24 octobre 2023

De gauche à droite : Pierre Hurmic, Alain Anziani, Patrick Bobet. crédit : DM

Pour la troisième fois en trois ans, Bordeaux Métropole fait évoluer son mode de gouvernance, après plus de quatre décennies de cogestion. Celle-ci ne fait pas son retour affirment en chœur les élus de la majorité. Comme ceux de l’opposition qui, après le retour au sein du Bureau, regagnent ici un peu plus de poids face au seul fait majoritaire.

« Ça n’est pas le retour de la cogestion, sinon les mots n’ont plus de sens », affirme haut et fort Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole dont la gouvernance revue a été présentée ce mardi matin. Comme un symbole, rendez-vous avait été donné en salle du Bureau, considéré comme le conseil des ministres de cet EPCI, même s’il sera aussi rappelé deux vérités institutionnelles : en cas de désaccord, « c’est le président qui tranche » et, in fine, « la seule instance qui décide, c’est le conseil métropolitain ». Toujours est-il que Bordeaux Métropole revoit à nouveau la copie de sa gouvernance, comme cela était pressenti depuis des semaines. En 2020, après des décennies d’une cogestion que le nouveau maire de Bordeaux Pierre Hurmic qualifie « d’aimable syndicat intercommunal », le fait majoritaire s’était imposé et l’adoption du pacte de gouvernance avait créé une conférence des maires au rôle consultatif. Début 2022, quelques couacs au sein de la majorité unissant PS et Verts rendaient « opportun » un premier aggiornamento « en élargissant la composition du bureau à tous les maires de la Métropole ». Et voilà finalement, à mi-mandat, qu’un nouvel attelage est mis en place, où la quasi totalité des maires d’opposition se voient confier une délégation.

Affaire de délégations

« Il y aura toujours une majorité et une minorité et personne ne doit se renier », scande le président Anziani, qui ne « va pas demander à Métropole Communes de soutenir la régie de l’eau ou aux Verts d’abandonner leur combat contre la LGV. Mais tous les maires sont légitimes ». Jusqu’à aujourd’hui, le Bureau réunit les 20 vice-président, les 8 conseillers métropolitains délégués et 11 maires sans délégation du président. A l’issue de discussions lancées dans le courant de l’été, huit nouveaux conseillers métropolitains délégués seront désignés, trois ayant refusé une délégation, « pour se consacrer à leurs affaires communales », est-il simplement argumenté.
- Patrick Bobet, maire du Bouscat : suivi des nouveaux grands projets industriels (hors OIM et OIN) ;
- Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin de Médoc : suivi de GPSO, interface Région / Bordeaux Métropole (hors RER métropolitain) ;
- Michel Labardin, maire de Gradignan : nouvelles formes urbaines et d’habitat ;
- Jérôme Pescina, maire de Martignas-sur-Jalle : opération d’aménagement d’intérêt métropolitain (OAIM) Parc des Jalles ;
- Michel Poignonec, maire de Villenave-d’Ornon : projet d’aménagement sur le site de Robert Picqué ;
- Franck Raynal, maire de Pessac : OIM Bordeaux Inno Campus (hors relation avec le CHU) ;
- Emmanuel Sallaberry, maire de Talence : suivi de l’étude du projet de métro ;
- Agnès Versepuy, maire du Taillan : suivi du règlement d’intervention des écoles.
A signaler qu’« au regard des enjeux associés au projet de métro, un comité de suivi associera le vice-président Stratégie des mobilités et mobilités alternatives / Prospective 2030-2050 [ndlr : Clément Rossignol-Puech] et la vice-présidente aux Grandes infrastructures de transport routières et ferroviaires » [ndlr : Claude Mellier], est-il précisé.

Majorités éphémères

L’accord de mandature signé en 2020 restant inchangé, cette évolution consacre un nouveau temps, celui d’alliances de circonstance. « Sur chaque dossier, chacun votera en conscience », estime le président Anziani. « Il peut y avoir des majorités de projets, c’est toute la finesse de la loi du 31 décembre 1966 » [ndlr : relative aux communautés urbaines], confirme le maire LR Patrick Bobet. « La première partie du mandat a été marquée par la constitution de nouvelles feuilles de route, il s’agit aujourd’hui de les mettre en œuvre, c’est un changement de braquet », estime pour sa part Christine Bost, vice-président PS en charge de l’Aménagement urbain et du Foncier opérationnel.

Du travail de fine dentelière, permettant d’habiller huit maires d’opposition sans (trop) déshabiller les vice-présidents et conseillers délégués déjà à l’œuvre. « Il y avait des sujets qui n’étaient pas assez couverts », argumente encore Alain Anziani. « Nous ne venons pas pour autre chose que participer au travail collectif. Ce ne sont pas de petites délégations, anecdotiques. Nous venons apporter notre expérience. On n’entre pas dans la majorité, nous gardons nos convictions, nos certitudes et nos envies, c’est un retour à la coopération intercommunale », abonde Patrick Bobet. Pierre Hurmic assure qu’il voit là « un accord équilibré. C’est rare qu’on parle de la machinerie d’un collectivité. Notre question était comment se doter d’outils nouveaux pour rendre cette machinerie métropolitaine plus efficace. C’est fait en tenant deux principes, réaffirmer la place des maires et avoir une majorité confortée ».

A ce titre, la conférence des vice-présidents et des conseillers métropolitains délégués de la majorité, conférence dont Pierre Hurmic assurera désormais une présidence déléguée, verra son rôle renforcé. Elle sera réunie une fois par mois, « plus régulièrement si nécessaire ». Par ailleurs, l’intitulé de la délégation du premier vice-président de Bordeaux Métropole Pierre Hurmic (Pilotage et évaluation du projet de transition métropolitain), « sera modifié » : il deviendra premier vice-président aux Transitions du territoire. « Une mission transversale, pour impulser et suivre les projets structurants face aux enjeux écologiques et sociaux », analyse-t-il. « La situation économique et sociale, le dérèglement climatique et les tensions que connaît notre pays renforcent la nécessité d’un travail plus partenarial au sein de Bordeaux Métropole », est-il encore argumenté dans la déclaration commune. Pourquoi ne l’avoir pas fait avant ? Clément Rossignol-Puech rapporte que « chaque métropole a sa gouvernance, différente, ça se cherche ». « On a peut-être manqué d’audace, celle de réaffirmer le fait intercommunal », propose Alain Anziani. Une argumentation en forme de ligne de crête qui doit servir de viatique jusqu’à la fin de la mandature.