Placéco Nouvelle-Aquitaine, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Bordeaux Métropole : pas de cogestion, mais une gouvernance élargie ? - Premium

Écosystème
mardi 19 septembre 2023

Pour sa conférence de rentrée, Alain Anziani a abordé les principaux sujets de l'automne pour Bordeaux Métropole, notamment la mobilité et la gouvernance de la collectivité. Crédits : MB

Lors de sa conférence de rentrée, le président de Bordeaux Métropole Alain Anziani est revenu sur quelques dossiers majeurs de l’automne. En tête, la mobilité, et la gouvernance de la collectivité. Une mise au point tant pour les élus de sa majorité (PS-EELV-PC) que pour ceux de l’opposition.

Pour le président de Bordeaux Métropole et maire de Mérignac, Alain Anziani, la rentrée se concentre globalement sur deux volets : la mobilité et la gouvernance. « Certains disent parfois que la Métropole dort, mais ce n’est jamais le cas. [...] Nous ne sommes pas la belle endormie, mais plutôt la belle inconnue. » L’heure est donc à l’effort de communication, notamment en matière de mobilité, alors que la suppression et la modification de certaines lignes de bus TBM a fait grincer des dents, au début du mois. « Il est trop tôt pour tirer un bilan, ce sera fait, mais il faut laisser sa chance » au nouveau réseau de bus, martèle Alain Anziani. Si l’élu n’a pas commenté la grogne générée par ces changements, tant des usagers que des salariés de TBM Keolis après la tentative de suicide de l’un de leurs collègues, il a mis l’accent sur une « grande nouveauté » : la mise en place prochaine d’un titre unique intermodal, qui permettra aux abonnés de pouvoir prendre tous les moyens de transport, du train au vélo, grâce à un seul pass. Le projet sera voté lors du prochain conseil métropolitain de septembre. « Je me bats depuis trois ans pour que les usagers puissent avoir librement accès à toute l’offre de transports publics dans l’agglomération, souligne Alain Anziani. [...] Ce sera une révolution, mais ce n’est pas si simple, il a fallu du temps pour arriver à rapprocher les points de vue mais on va y parvenir. » En effet, les TER (qui transportent quotidiennement 90.000 usagers) sont sous la gestion de la Région Nouvelle-Aquitaine.

Quant au projet de RER métropolitain, lancé en 2018 par la Région, SNCF et Bordeaux Métropole, et censé progressivement faciliter les déplacements entre la métropole et le reste du département ? « On n’a pas besoin de l’Etat », tranche l’élu. Qui revient sur la volonté gouvernementale de créer des SERM, des services express régionaux métropolitains, pour développer d’ici dix ans « un réseau de RER métropolitains dans dix grandes métropoles » de France. « L’Etat se mêle un peu de tout et parfois, il risque plus de compliquer ce qui fonctionne que de faciliter les choses. [Le SERM], on n’a pas besoin de ça. »

ZFE et télécabines, deux grandes inconnues

Autre point sur lequel Alain Anziani semble en désaccord avec le gouvernement : la mise en place des ZFE, ces zones à faibles émissions qui excluent certains véhicules les plus polluants. Si le président métropolitain répète qu’il n’est pas un « anti-voiture », il affirme vouloir prendre plus de temps, alors que l’entrée en vigueur du dispositif est datée au 1er janvier 2025. « L’Etat ne nous a pas aidés en reculant sans cesse, et en rejetant les responsabilités sur les collectivités locales. La vérité, c’est que des études montrent que certaines villes comme Toulouse sont impactées par la pollution, et que d’autres comme la nôtre ne le sont pas autant. Donc il n’y a pas d’urgence sanitaire. » Alain Anziani précise néanmoins que prendre du temps ne signifie pas tout abandonner, mais attend de voir quelles aides seront apportées par l’Etat.

Si la route sera au programme des discussions métropolitaines des prochains mois, les airs le seront également avec le projet de télécabines, dont il faut déterminer le tracé. Car en juin dernier, le comité local Unesco a émis un avis défavorable, notamment pour des raisons esthétiques, à une station proche de la Cité du Vin. L’opposition pourrait bien être définitive, « alors que nous savons que c’est le tracé le plus choisi », note Alain Anziani. La Métropole est en discussions avec la Drac (direction régionale des affaires culturelles) et le gouvernement pour identifier une voie de passage compatible avec les critères de l’Unesco. Autre contrainte, pour la collectivité : les activités économiques présentes sur le site, et « le respect du secret industriel qui est majeur », rappelle l’élu. Sont notamment concernés le site de Marie Brizard Wine & Spirits, et celui du constructeur naval CNB, qui avait émis des craintes dès l’automne dernier. « On travaille pour avoir des solutions », conclut Alain Anziani, qui précise que le dossier prendra du temps.

La gouvernance métropolitaine en question

En cette rentrée, un autre sujet trust les discussions : la gestion de la collectivité. Si le président de la Métropole martèle qu’aucun changement de majorité (aujourd’hui PS-EELV-PC) n’est projeté, et qu’il n’y aura pas de retour à la cogestion, il assume mener des discussions avec l’opposition, Bordeaux Métropole Commune(s) en tête. « La question est : pouvons-nous trouver un consensus dans le respect de nos différences ? Je le crois. » Et d’ajouter : « Nous sommes, et c’est fondamental, une intercommunalité. Nous ne devons pas donner l’impression qu'il y a plusieurs catégories de maire, tous sont à égalité et légitimes pour contribuer au bon fonctionnement de la Métropole. » Alain Anziani esquisse ainsi l’idée de donner une délégation à certains maires de l’opposition, sans pour autant remettre en question la majorité issue des urnes.

Une position qui atteste de tensions au sein même de la majorité ? L’élu n’en dit presque pas mot. « Il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul. J’ai une responsabilité, qui est de veiller à la bonne marche de la collectivité, et donc d’assurer une majorité sur certains dossiers stratégiques. » Lesquels sont la filière aéronautique, le développement économique et la controversée ligne à grande vitesse. « Je respecte la position des Verts, mais je souhaite qu’ils respectent la mienne », appuie Alain Anziani. Qui va plus loin : « Je ne crois pas qu’il y a une opposition fondamentale des Verts et du Parti communiste à ce que certains maires de Bordeaux Métropole Commune(s) disposent de délégation. La question est de savoir combien, pour quels périmètres… C’est aussi l’occasion de clarifier nos réflexions avec Europe Écologie-Les Verts sur un certain nombre de sujets, je pense qu’on peut mieux travailler avec eux. » Nul doute que ces discussions seront au programme du prochain conseil métropolitain, le 29 septembre.

traits blocage
Cet article premium vous intéresse ?
Sa lecture est réservée à nos adhérents Gironde. Rejoignez la communauté Placéco pour accéder à ce contenu et profitez de nombreux services exclusifs.
Déja adhérent ? Se connecter