Municipales 2026 : « Cinq ans de perdus avec Hurmic » tacle Bordeaux Ensemble
L'équipe de Bordeaux Ensemble autour de Nathalie Delattre. Crédit : DM
Avec Nathalie Delattre à sa tête, Bordeaux Ensemble présentait ce matin son regard sur le bilan du maire sortant Pierre Hurmic. Où le seul point positif reconnu à ce mandat serait qu’il est en passe de s’achever.
Inscrit depuis le début de la mandature dans une opposition « force de proposition », le groupe Bordeaux Ensemble lance les hostilités, alors que se profilent les prochaines élections municipales, programmées pour mars 2026. Si la campagne n’a pas encore vraiment démarré, les arguments commencent à s’affûter et chacun, hors majorité municipale, cherche à imposer son tempo et veut faire surnager sa prise de parole. Ainsi de Nathalie Delattre, tête de pont de Bordeaux Ensemble suite au décès subit, en début d’année, de l’ancien maire Nicolas Florian qui préparait sa revanche.
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Réunie autour de la cheffe désignée, la garde rapprochée de Nathalie Delattre teste les punchlines et les angles d’attaque, espérant voir émerger un thème porteur. « Quand on a un micro projet, on a un micro bilan », lance en ouverture l’actuelle ministre déléguée chargée du Tourisme. « Nous tirons un bilan sévère de la gestion de Pierre Hurmic », reprend-elle, évoquant notamment de faibles avancées en matière de création de pistes uniquement dédiées aux vélos (+1,56% nous indique-t-on), une dégradation de l’emploi « plus rapide qu’au plan national », la fermeture de nombreux magasins, avec un taux de vacances des locaux commerciaux qui dépasse les 10%, ou encore Bordeaux « première ville embouteillée de France ». Un dernier reproche a priori plus compatible avec le ressenti qu’un « Bordeaux, première ville en matière d’insécurité », audacieusement tenté un peu plus tard par Marik Fetouh, qui dit s’appuyer sur les chiffres de ville-data.com. « Hurmic voulait renaturer Bordeaux, il a plutôt dénaturé Bordeaux », avance encore Nathalie Delattre, qui veut partir à la (re)conquête d’une ville « de moins en moins inclusive, ni apaisée, ni fraternelle ».
Critiques tous azimuts
« Micro projet, micro bilan mais hélas maxi endettement », tacle à son tour Béatrice Sabouret, « inquiète pour la capacité de la ville à engager de nouveaux projets ». D’un côté, « l’épargne nette diminue considérablement » : de 33 millions d’euros en 2020 à 4 millions en 2025. « Ça sera zéro en 2027 et ensuite ça sera négatif », pronostique-t-elle. Et, de l’autre, « la dette explose », passant de 271 millions d’euros en 2020 à 466 millions en fin de mandature (+72%). « En plus, ils empruntent au plus mauvais moment », cingle-t-elle. « Ils se targuent de faire des investissements comme la ville n’en a jamais connus mais c’est en fait stable sur la mandature », analyse encore Béatrice Sabouret, qui estime que les investissements accompagnent pour 96% « des projets engagés pendant la précédente mandature ».
La politique familiale de la majorité prend sa volée de bois vert : « Une famille sur deux paye la cantine plus cher… le nombre de places en crèche a diminué… Bordeaux ne respecte pas la loi SRU, seulement 3% de logements sociaux supplémentaires alors que la demande progresse de 57%… aucun espace de natation supplémentaire depuis 2020. » Pour les familles, « c’est une politique punitive », notamment à cause du nouveau scoring d’analyse pour l’attribution de logement, qui « dé-priorise » les classes moyennes et moyennes supérieures : avec 47% des demandes, elles ne représenteraient que 20% des dossiers acceptés. Jusqu’à un cinglant « zéro label bâtiment frugal bordelais depuis 2020 », un label dont le maire voulait faire un marqueur de sa différence à son arrivée au palais Rohan.
Une opposition - encore - éparpillée façon puzzle
Reste que l’unité - qui avait fait cruellement défaut en 2020 - prônée par l’opposition pour l’emporter l’an prochain n’est - pas encore ? - au rendez-vous. Même si aucun candidat potentiel dans l’opposition n’a encore explicitement franchi le Rubicon, les troupes s’égaillent pour l’instant en ordre dispersé. Parmi les poids lourds dans le paysage politique local, outre Nathalie Delattre, Thomas Cazenave appelle à l’unité, tout en espérant qu’elle se fera sous sa bannière. Pierre de Gaétan Njikam, ancien adjoint d’Alain Juppé, s’estime le plus légitime à conduire une liste de centre droit. Et Alexandra Siarri ajoute également son profil à ce « printemps de l’alternance », tel que le résume Nathalie Delattre. « Je ne calcule pas mon calendrier par rapport à eux. On se parle et on travaille en complémentarité », veut-elle évacuer, rappelant que « c’est Pierre Hurmic le principal adversaire ». Un arbre qui cache pour l’instant la (micro)forêt de candidatures dans l’opposition.