Mobilité, aménagement, logement… les chantiers à venir pour Bordeaux
Pierre Hurmic, maire de Bordeaux lors de ses vœux à la presse. Crédits : MB
Piétonnisation de nouvelles zones du centre-ville, réaménagement de places emblématiques ou encore réécriture du label Bâtiment Frugal : lors de ses vœux à la presse, le maire de Bordeaux Pierre Hurmic a donné plusieurs orientations qui rythmeront, entre autres, l’année 2024. Voici ce qu’il fallait retenir.
C’est un rendez-vous inévitable de l’exercice politique. Pour ses quatrièmes vœux à la presse, l’édile bordelais Pierre Hurmic s’est présenté, palais Rohan, entouré de son équipe municipale. L’occasion pour le maire Europe Écologie - Les Verts de dresser un bilan de l’année achevée, tant sur le plan du verdissement de la ville que de la mobilité, entre autres dossiers. Sur ce dernier point, Pierre Hurmic a ainsi affirmé vouloir « continuer à travailler pour faire une ville qui change la vie ». « En 2024, de grandes opérations d’aménagement continueront [...]. En matière de mobilité, nous poursuivrons notre démarche pour un partage plus équitable de la voirie pour tous, et en particulier pour les piétons. » Alors qu’en 2023, 20 hectares sont devenus piétons à Bordeaux, d’autres emprunteront cette voie dans les 12 mois à venir. Avec un objectif : compter 80 hectares supplémentaires de secteurs réservés aux piétons d’ici 2026 et la fin du mandat. « Nous aurons ainsi 250 hectares de notre ville en secteur borné, contre 170 en 2020 », s’est félicité Pierre Hurmic.
Une stratégie alignée sur la volonté municipale de réaménager plusieurs places emblématiques de la ville, comme Stalingrad, au pied du pont de pierre sur la rive droite, les allées de Tourny, ou la dalle de Mériadeck. « Nous allons commencer cette année par les travaux de requalification de l’esplanade Charles de Gaulle. Ce lieu [...] a été trop longtemps négligé et nous voulons en faire un poumon vert du centre-ville », a martelé l’édile. Si tous ces chantiers se concentrent en cœur de ville, la ceinture de Bordeaux, ses boulevards (12 km), sera au cœur des réflexions de cette nouvelle année. « Nous voulons en faire la rue métropolitaine du XXIe siècle. D’un ruban routier bitumé et trop pollué, nous voulons passer à un lieu de vie partagé et paysagé », a déroulé Pierre Hurmic, sans en dévoiler davantage.
Vers un label Bâtiment Frugal 2.0
Sur le plan du logement, ces vœux ont été l’occasion de réaffirmer la volonté de la Ville de loger de nouveaux habitants, « dans des conditions économiques accessibles et dans des habitations sobres énergétiquement ». Pierre Hurmic est revenu sur le futur quartier de la Jallère, qui accueillera à terme jusqu’à 2.000 nouveaux logements, et qui sera « l’un des premiers quartiers bas carbone de France ».
Si cet important chantier devrait s’étaler sur les prochaines années, d’ici là, le label Bâtiment Frugal présenté en 2021, sera réécrit… pour être plus accessible. « On ne change pas l’objectif, mais on retravaille la méthode, a souligné Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire chargé de l’urbanisme résilient, du service public de l’habitat et de l’économie sociale et solidaire. Ce label pouvait être très discriminant, car si vous aviez 21 prérequis sur les 22 obligatoires, vous pouviez perdre l’appel, ce qui était parfois un peu dur. Certains critères très techniques n’étaient pas réalisables dans le cadre d’une réhabilitation ou en secteur sauvegardé. On vient gommer ces limites, et on va insister sur la démarche. » Ainsi, pour un logement qui n’est pas traversant, la Ville regardera s’il est pluri-orienté, et si l’opérateur immobilier propose des solutions - "low tech" essentiellement - pour améliorer la qualité d’aération. Une réunion devrait avoir lieu le 5 février prochain avec l’ensemble des professionnels du secteur, avant de présenter une nouvelle mouture du label Bâtiment Frugal au mois de mars.
Pour accompagner ces opérateurs immobiliers, la Ville de Bordeaux a renforcé ses équipes dédiées, en recrutant à la rentrée dernière un architecte à temps plein. « Et dans les prochains jours, complète Stéphane Pfeiffer, nous publierons un marché public pour aller plus loin dans l’accompagnement. On va proposer aux opérateurs de bénéficier de deux à trois rendez-vous de conseil avant le passage en CMAP [ndlr, commission métropolitaine des avant-projets], pour les aider à travailler leur projet et à leur permettre de s’intégrer plus rapidement dans le label, sans impact économique majeur. » Précisant que « souvent, on voit des projets de grande qualité qui arrivent au stade du permis de construire, puis qui se dégradent petit à petit, au regard de la conjoncture économique. Il faut les accompagner sur du long terme ».
En bref
Projet d’ombrière photovoltaïque sur la rocade :
La Ville de Bordeaux affirme être toujours en discussion avec l’Etat, seul décideur dans ce projet, pour lancer une phase d'expérimentation. « C’est compliqué, nous dit-on, ce dont j’ai conscience. On me dit qu’il faut peut-être d’abord choisir d’autres voies pour expérimenter, mais nous sommes toujours en attente d’une réponse de l’Etat. Nous travaillons aussi [...] pour voir s’il n’y aurait pas d’autres rues, d’autres voies plus adaptées que la rocade », a réaffirmé Pierre Hurmic, qui s’est dit toujours « très attaché » au projet.
ZFE : le 1er janvier 2025, la zone à faibles émissions (ZFE) devrait être déployée sur une partie du territoire métropolitain de Bordeaux, limitant son accès aux véhicules les moins polluants. Verra-t-elle bien le jour ? « C’est un sujet sur lequel on a beaucoup travaillé, a répondu Claudine Bichet, adjointe au maire et chargée du sujet au sein de Bordeaux Métropole. Les ZFE sont des mesures efficaces quand elles sont menées correctement, avec les moyens nécessaires. [...] Nous avons interpellé l’Etat à plusieurs reprises pour lui demander de mettre ces moyens à disposition des collectivités [...], et nous n’avons pas de retour à ce jour. On se laisse encore quelques semaines mais il faudra prendre acte de ce silence. »