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Ligne Bordeaux-Lyon : Le premier train reporté à début 2023

Stratégie
mercredi 13 octobre 2021

Railcoop veut relancer la ligne ferroviaire entre Bordeaux et Lyon. Crédits : Adobe Stock Katatonia

Railcoop devait initialement mettre en service ses trains de voyageurs en juin 2022, mais des incertitudes dans l’attribution des sillons par SNCF Réseau poussent la coopérative à reporter de six mois ses ambitions. Le fret, lui, sera bien lancé le 15 novembre 2021.

Le premier train de la société coopérative Railcoop, censé relier Bordeaux et Lyon en 7 heures, partira finalement avec un retard… De six mois. Le conseil d’administration a pris cette décision le 5 octobre dernier, car d’importantes incertitudes planent encore sur l’attribution des sillons (les créneaux de circulation) par SNCF Réseau. L’expression des besoins de l’entreprise ferroviaire avait été émise en juin 2020, pour une circulation en juin 2022, ce a quoi SNCF Réseau a répondu en février dernier par la publication d’un préconstruit. « Mais ils n’ont pas complètement répondu à nos besoins, donc nous avons émis des commandes supplémentaires, précise Nicolas Debaisieux, directeur général de Railcoop. Normalement ces nouveaux sillons auraient dû être publiés le 6 septembre dernier, mais à date, nous n’avions pas de réponse pour la moitié des sillons demandés. »

Également, le directeur général souligne que durant de récents échanges avec Luc Lallemand le PDG de SNCF Réseau, la filiale de SNCF demandait de financer des ouvertures de postes prévus par le document de référence du réseau. « Mais ces demandes portaient sur des sillons inscrits au préconstruit, des commandes que SNCF Réseau nous avait proposées. Cela nous a interpellé car nous n’avons aucune garantie que les sillons soient confirmés. »

A lire : Railcoop veut relancer la ligne ferroviaire entre Bordeaux et Lyon

Un manque d’anticipation de SNCF Réseau ?

Si le démarrage du service fret, qui nécessite des sillons différents, se fera bien le 15 novembre prochain, les conséquences du report pour la partie voyageurs sont nombreuses. « Entre autres nous aurons un problème économique, qui nécessitera de renforcer nos fonds propres pour pouvoir continuer le travail », souligne le président de Railcoop Dominique Guerrée. Cet été, la structure avait déjà levé 500 000 euros pour continuer son développement. Néanmoins, Dominique Guerrée précise qu’il n’y a pas « de guerre ouverte » entre la coopérative et le gestionnaire du réseau. « Seulement, nous avons besoin d’éléments solides pour pouvoir travailler correctement. »

Pour Nicolas Debaisieux, cette situation de flou est liée au processus d’attribution des sillons, « très complexe ». « Je pense que ça n’a pas été anticipé avant l’ouverture du marché à la concurrence. Il y aurait à mon avis besoin d’une refonte de ce processus capacitaire. » Pour illustrer ses propos, il cite en exemple des discussions entamées cet automne pour des sillons de circulation qui pourraient être utilisés en 2024. « C’est le cœur du problème : comment arriver à mettre en place un processus qui permette aux entreprises ferroviaires d’être réactives ? » Il nuance néanmoins, arguant que SNCF Réseau « est soumis à une pression budgétaire très forte. Sur la trajectoire budgétaire, car on leur demande de faire de fortes économies et en même temps de développer le réseau. Ces injonctions contradictoires font que, parfois, des dysfonctionnements peuvent apparaître ».

35 % des sillons non conformes aux demandes

Du côté de SNCF Réseau, l’étonnement semble de mise, « alors que le processus d’attribution des sillons n’est pas terminé », selon Rue89 Lyon. « Les circulations demandées par Railcoop nécessitent l’ouverture de plusieurs gares, sur des horaires plus larges qu’actuellement. Les conditions économiques de ces adaptations ont été communiquées à Railcoop », précise la filiale de SNCF à nos confrères, ajoutant que le dialogue se poursuit « pour le démarrage du service le 26 juin 2022 ». « Actuellement, 55 % de nos demandes de sillons ont obtenu une réponse conforme à nos demandes, mais 35 % sont non conformes », tient à clarifier Nicolas Debaisieux. Il cite en exemple la demande de Railcoop d’un trajet entre Lyon et Bordeaux, pour laquel SNCF Réseau propose une alternative… Jusqu’à Libourne. « Surtout, à un moment, on ne peut pas attendre le 26 juin pour savoir quel service on livrera le 27 juin. Nous avons des contraintes opérationnelles très fortes et à 8 mois de la mise en œuvre du service, on ne peut pas continuer à être dans ce monde d’incertitudes, car on doit caler toute la production. » Il semblerait également que les réponses apportées par le gestionnaire du réseau soient « hors tolérance ». Avec des départs plus tôt que ceux demandés, par exemple à 4 h 30 alors que Railcoop demandait que ce soit après 5 heures du matin. Cela nécessiterait d’ouvrir les gares et les lignes plus tôt, avec un impact sur la pertinence de l’offre proposée par la coopérative et une remise en question du modèle économique.

Pour autant, le directeur général de la société reste confiant. « J’ai bon espoir que ça se développe car nos interlocuteurs comprennent bien l’importance de nos demandes. Mais cela prendra du temps. On n’a pas choisi les lignes les plus faciles, mais on a choisi, je pense, les plus pertinentes. »

Railcoop
Basée à Figeac (46)
8.200 sociétaires
CA : n. c.
www.railcoop.fr

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