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Railcoop veut relancer la ligne ferroviaire entre Bordeaux et Lyon

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jeudi 28 janvier 2021

La ligne ferroviaire ira de Bordeaux à Lyon - Crédits Railcoop

Une société coopérative, Railcoop, veut remettre en service la ligne ferroviaire entre Bordeaux et Lyon. Elle espère proposer les premiers trajets voyageurs en juin 2022, avec un billet coûtant aux alentours de 40 euros. Montant de l’investissement requis : 10 millions d’euros.

Le projet Railcoop est né de la volonté d’un homme, Nicolas Debaisieux. Actuel directeur général de l’entreprise, il a voulu en 2019 fédérer une communauté pour développer l’usage du ferroviaire et reconnecter les petites villes avec les villes moyennes. « Après avoir créé une association nous l’avons transformée en société coopérative, se remémore le président de la structure Dominique Guerrée. L’idée était de recréer une ligne complète, à fort potentiel. » Après plusieurs études le choix de Railcoop se porte sur la ligne Bordeaux-Lyon, abandonnée par SNCF Réseau en 2014.

La coopérative a pour ambition de mettre en service le premier train de voyageurs en juin 2022, et espère avant cela pouvoir transporter du fret de marchandise, dès cette année. La ligne passera par Libourne, Périgueux, Limoges, Saint-Sulpice-Laurière, Guéret, Montluçon, Gannat, Saint-Germain-des-Fossés et Roanne, pour arriver à Lyon.

Un projet ambitieux

La remise en service de la ligne est rendue possible depuis décembre dernier, avec l’ouverture du marché du transport ferroviaire à la concurrence, notamment pour les passagers. « Désormais toute entreprise ferroviaire, titulaire d’une licence et d’un certificat de sécurité, peut proposer librement des offres sur l’ensemble du réseau ferré », précise la société. Mais avant de pouvoir concrétiser ce projet, c’est un important travail de préparation que doivent fournir les têtes pensantes de Railcoop. En premier lieu, il a fallu que les équipes constituent un capital minimum de 1,5 million d’euros, « une somme obligatoire pour se voir délivrer la licence ferroviaire », précise Dominique Guerrée.

Ensuite, il a fallu se pencher sur la viabilité économique. « Nous avons regardé les potentiels existants, nous avons fait des études … La crise du Covid-19 a fait bouger les choses et aujourd’hui les gens prennent un peu moins le train. Mais avant cette crise nous avions calculé qu’il faudrait 690.000 voyageurs par an pour être rentables. »

10M€ d’investissements

Si la loi permet à des entreprises privées de faire rouler des trains, encore faut-il acquérir les rames qui les constituent. « Il faut des années pour acheter des rames neuves, reprend Dominique Guerrée. Nous avons donc opté pour du matériel d’occasion et après avoir regardé le marché européen, notre choix s’est porté vers des rames détenues par SNCF Réseau.

Pour assurer le fonctionnement des trains, environ 80 emplois en équivalent temps plein seront créés. Railcoop affirme avoir déjà reçu des candidatures spontanées, et le personnel sera formé avant la mise en service. « Notre volonté est de réhumaniser les gares, reprend le président de la structure. Mettre du personnel aux guichets, sur les quais … Chez nous, c’est l’humain avant tout. En se pliant, bien sûr, aux contraintes économiques. »

Au total, c’est plus de 10 millions d’euros que la coopérative devra investir pour que le projet voie le jour, entre les achats, la réparation et les recrutements. Pour recueillir cette somme Railcoop envisage entre autres l’autofinancement. « Nous sommes maintenant plus de 4.000 sociétaires ! Il y a des personnes morales mais aussi des collectivités locales qui nous soutiennent. »

Faire de la concurrence au covoiturage

Railcoop proposera deux allers-retours par jour. Le voyage durera 7 heures, et Dominique Guerrée l’assume : « On ne sera pas aussi rapide que la SNCF ». La coopérative prend son temps, et veut surtout redonner goût aux voyages. A bord une connexion internet sera proposée, la restauration privilégiera le local en s’appuyant sur des restaurateurs installés dans les villes traversées … Oui, Railcoop veut innover. Pourquoi pas, même, assurer le transport de gros colis à déposer directement en gare, ou de la petite messagerie ?

Concernant les tarifs, il faudra débourser environ 40 euros pour un trajet. Dominique Guerrée le sait, « pour fonctionner, il faut être concurrentiels aux offres de covoiturage. Bien sûr pour trouver un équilibre financier, certains services seront payants et nous allons affiner cela dans les mois qui viennent. »

Actuellement l’entreprise est en discussions avec SNCF Réseau pour pouvoir faire passer ses trains. « Nous sommes le premier opérateur privé qui se saisit de l’ouverture à la concurrence. Des réunions sont nécessaires pour établir ce que l’on appelle les sillons, négociés avec plusieurs acteurs comme les Régions pour les TER, avec SNCF pour les grandes lignes … Cela prend du temps. » Mais les sociétaires de la coopérative ne lâchent rien, et réfléchissent déjà au coup d’après : deux autres lignes de voyageurs ont été notifiées à l’ART (Autorité de régulation des tranports), entre Toulouse et Rennes et de Lyon à Thionville.

Railcoop
8.200 sociétaires
CA : n. c.
www.railcoop.fr

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