Agriculture : vins et céréales fortement pertubés
Dominique Graciet, président de la Chambre d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine - Photo MB
Dominique Graciet, président de la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, a dressé il y a peu un état des lieux régional. En Gironde les grandes cultures céréalières enregistrent des baisses de recettes prononcées, et un tiers du marché du vin est encore à l’arrêt.
« Il faut préparer une relance du secteur agricole au temps du Covid-19, affirmait il y a quelques jours Dominique Graciet, président de la Chambre d’agriculture régionale. Si le plan de relance est présenté le 17 septembre, « les meubles ont été sauvés. Le secteur s’est adapté, surtout avec les circuits de proximité. » Pour autant la crise sanitaire a pénalisé les différentes filières, et toutes n’ont pas complètement repris.
30 à 35% du marché viticole à l’arrêt
Dans son état des lieux, Dominique Graciet souligne que la crise sanitaire a accéléré la mutation des modes de consommation du vin : snacking, substitution par la bière ou encore usure du modèle des grandes surfaces au profit des magasins spécialisés. « Entre 30 et 35% du marché viticole est à l’arrêt après la fermeture des cafés, hôtels et restaurants. On constate également un impact des taxes Trump sur l’exportation. » Le vin rouge voit ses ventes diminuer au profit du blanc, des effervescents ou des rosés.
Si le Covid-19 a accentué la dégradation de la viticulture d’appellation, observée depuis déjà deux ans, les conversions en bio sont très importantes en Gironde : environ 400 ces trois dernières années. A noter que les vendanges de cette année ont été lancées 10 jours plus tôt qu’en 2019 : « C'est un millésime de qualité dans une crise structurelle », souligne Dominique Graciet, constat partagé par le CIVB.
Les grandes cultures malmenées par la sécheresse
La saison a été mauvaise pour les grandes cultures céréalières. L’automne-hiver 2019 était trop pluvieux et doux, et le printemps-été enregistre un manque de précipitations de 90% par rapport aux normales. Dans l’ex-Aquitaine, les Landes et le Lot concentrent l’essentiel des pertes régionales (-22% du total de Nouvelle-Aquitaine).
La Gironde enregistre des baisses de recettes prononcées (-12% à l’échelle de l’ancienne région). Les baisses de chiffre d’affaires ramené à l’hectare sont également conséquentes pour le département : -150€/ha contre -90€/ha en Nouvelle-Aquitaine.
Concernant les fruits et légumes, la filière de l’asperge a été très impactée par le Covid-19. Les Landes restent le premier département producteur (plus de 4.000 tonnes récoltées l’année dernière), mais les ventes se sont effondrées avec la fermeture des restaurants et marchés. Les volumes de vente ont diminué de 20% en Gironde.
Ventes directes et objectif bas carbone : vers des filières plus vertueuses ?
Dominique Graciet a souligné le succès de la vente directe et des drives durant le confinement, et estime qu’environ 20% des consommateurs de drive garderont cette habitude. « Désormais il faut structurer ces ventes, les professionnaliser pour les rendre durables. Il faut revenir au consommé local ! » Pour le président il s’agit d’une prise de conscience des consommateurs et citoyens, sur laquelle « il faut bâtir ».
Second sujet au cœur des préoccupations de la Chambre d’agriculture, la diminution de l’empreinte carbone. « Nous devons travailler sur des énergies renouvelables. Autour des méthaniseurs, de la photosynthèse et du photovoltaïque. » Pour cela des autodiagnostics sont nécessaires dans les fermes et structures de la région. « On peut imaginer des aides au diagnostic lancées par les collectivités pour diminuer son coût. »
L'ensemble des axes et pistes de travail sera présenté le 17 septembre.
