Tchanqué Gourmet ancre son café en Nouvelle-Aquitaine - Premium
Le torréfacteur Tchanqué Gourmet, qui dès sa création en 2018 a centré son activité sur les grandes surfaces, veut désormais rééquilibrer ses ventes. L’entreprise, qui ne délaisse pas le retail pour autant, cible les entreprises et CHR de Nouvelle-Aquitaine - et en particulier ceux du Bassin. En parallèle, sa dirigeante Mélanie Badets promeut des cafés « avec l’empreinte la plus neutre ou positive possible ».
Sur le Bassin d’Arcachon, à La-Teste-de-Buch, Tchanqué Gourmet est installée dans un entrepôt depuis novembre 2018. À l’intérieur, une odeur de café flotte dans l’air. L’entreprise est née lorsque Mélanie Badets rachète la société Café Tchanqué, créée trois ans plus tôt. « Depuis 2013 je travaillais dans un atelier de torréfaction girondin, mais la société est devenue trop grande pour moi. J’étais prête à me mettre à mon compte et hasard du calendrier, le fonds de commerce de Café Tchanqué était à vendre. » La jeune cheffe d’entreprise fait rapidement évoluer son business, et passe de 10 tonnes de café torréfiées par an, à un peu moins de 100, aujourd’hui. Elle réoriente également la stratégie de l’entreprise, et mise sur la grande distribution pour écouler ses stocks. « On travaille toujours avec des épiceries, mais finalement il n’y a pas vraiment de cafés de grande qualité dans les supermarchés… Je voulais montrer que l’on peut être un artisan et choisir un autre canal de distribution. »
Une décision salutaire, pour la jeune société, puisqu’un an et demi après ses débuts, le Covid-19 passe par là. Aujourd’hui le retail représente 75% de son activité (grande distribution, épiceries et sites internet de tiers), la vente directe, 5%, et les OCS - office coffee service, la fourniture de café à des entreprises - comptent pour 10% de l’activité. « Cela nous permet de bien connaître le réseau d’entreprises autour de chez nous tout en répondant à leur démarche RSE, car nous proposons par exemple un système de livraison en zéro déchet », commente Mélanie Badets. Et le secteur des CHR (cafés hôtels restaurants) dans tout ça ? « Il avait de fait été freiné, mais c’est une partie sur laquelle on va beaucoup mettre l’accent cette année. Aujourd’hui, c’est 10% de notre activité, et nous sommes contents d’avoir de jolis noms comme les Tables Vatel ou Villas Foch, à Bordeaux. »
Se renforcer sur le Bassin
Tchanqué Gourmet espère procéder cette année à un « rééquilibrage des forces » de ses clients, tout en conservant son prisme local. Sur ses 250 points de vente, 8 sur 10 sont néoaquitains. Et parmi eux, encore 80% sont girondins. « Nous avons encore énormément de travail pour nous développer en Nouvelle-Aquitaine, avant de nous étendre à l’échelle nationale. On ne se fixe pas de limite, mais ce qui est certain c’est qu'on souhaite avant tout être plus présent dans les entreprises et les restaurants du Bassin d’Arcachon », commente Mélanie Badets.
Pour tenir le rythme de production, la jeune entreprise, dont le chiffre d’affaires 2022 était de 1,1 million d’euros, a aussi procédé à d’importants investissements : 500.000 euros, pour renouveler les appareils de production (torréfacteur, silo et ensacheuse) et réduire les troubles musculosquelettiques de ses huit salariés. « Nous avons réduit par six le nombre de manipulations, précise la dirigeante. Cela nous a également permis de retrouver des leviers de croissance, car nous étions à saturation en matière de capacité de production. »
Des producteurs engagés
Tchanqué Gourmet revendique des cafés haut de gamme, tant sur la qualité que sur l’origine des produits. Et travaille notamment avec Belco, un importateur girondin, pour sélectionner des grains « avec l’empreinte la plus neutre ou positive possible ». D’ici peu, le torréfacteur commercialisera une nouvelle marque, Empreinte, dont les produits seront entièrement bio. « Mais pas seulement, précise la fondatrice. Les producteurs sélectionnés sont engagés dans des projets d’agroforesterie, des projets sociaux comme par exemple l’indépendance financière des femmes, ou encore sur le domaine de la santé. » La crise du bio ne fait pas peur à Mélanie Badets, qui affirme sa vision du marché : « Je suis convaincue qu’il y a un avenir, malgré tout ce que l’on peut entendre. Effectivement, les produits bio ultra transformés, suremballés n’ont aucun sens et c’est peut-être ça qui fait dévier les consommateurs… Mais proposer des produits plus simples, qui ont un vrai impact, ça a beaucoup plus de sens. » Pour sa part, Tchanqué Gourmet a aussi revu le format de ses sachets, plus légers, en plastique biosourcé, et fabriqués en France. « Ne serait-ce qu’en changeant la taille de nos packs, nous avons réduit notre utilisation de cartons de 40% », souligne la dirigeante.
Mélanie Badets est ingénieure en agronomie de formation, et se destinait à d’autres spécialisations, avant de découvrir le café. « C’est un produit que tout le monde consomme, mais que personne ne connaît vraiment - méthodes de sélection, de torréfaction… Le terrain de jeux est infini », explique-t-elle. Et le marché, lui, est énorme : le café est le premier produit agricole échangé dans le monde, le deuxième produit échangé après le pétrole… « Le nombre d’échanges financiers que subit le café est complètement fou, note Mélanie Badets. Il change en moyenne 35 fois de mains entre son port de départ et celui d’arrivée, et est doublement coté en Bourse. »
Tchanqué Gourmet
Créée en 2018
Basée à La-Teste-de-Buch
8 salariés
CA 2022 : 1,1M€
