Maïsadour : nouvelle stratégie face au changement climatique - Premium

La vaccination contre l’influenza aviaire est actuellement en cours. Est-ce enfin LA solution pour redonner de l’air à cette filière qui est en crise depuis plusieurs années ?On attend ça depuis plus de cinq ans. On a commencé les vaccinations avec le ministre de l’Agriculture qui était dans les Landes le 1er octobre, et déjà on a vacciné 145.000 canetons. Première zone, c’est ce qu’on appelle le plan Adour, c’est là où il y a le passage des oiseaux migratoires et des élevages qui ont été contaminés souvent depuis cinq ans. Les deux mesures principales de ce plan de biosécurité étaient de faire un vide sanitaire entre le 15 décembre et le 15 janvier et de baisser la densité de certains élevages sur 68 communes situées dans le Gers, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Ce plan a marché pendant l’hiver 2022/2023, on a eu -95% de cas de grippe aviaire. En revanche au mois de mai, une crise aviaire inédite s'est redéclenchée, nous n’avions jamais vu ça au printemps et c’était très virulent, le virus s’est propagé de façon très rapide. Tous les acteurs des deux filières, volailles et palmipèdes, ont demandé à corps et à cri la vaccination.Sans vaccination, on ne pouvait pas pérenniser nos filières. Le vaccin arrive en complément de toutes les mesures déjà sur place. On maintient la biosécurité et on a augmenté aussi la traçabilité des animaux vaccinés pour suivre la santé tout au long du parcours. Ce n’est pas juste deux doses de vaccins (10 et 21 jours après la naissance), c’est tout un dispositif de surveillance importante de la part des éleveurs et des vétérinaires parce qu’on veut être sûr de mettre toutes les chances de notre côté pour que ça marche. Ça se passe bien. L’objectif est d'avoir vacciné tous nos canards à mi-décembre. La France vaccine tous les canards gras (foie gras) ou maigres (la rôtisserie), à peu près 65 millions d’animaux concernés. Nous on ne fait que le gras. Ce sont 2,8 millions de canards vaccinés chez Maïsadour.L'énergie renouvelableVous indiquez être précurseur sur le renouvelable avec 192 sites agricoles dotés de panneaux photovoltaïques. A horizon 2026, votre objectif est d’équiper 50 nouveaux bâtiments. Comment se traduit concrètement cet accompagnement ?On a mis en place plusieurs d’actions pour arriver à l’objectif européen de la neutralité carbone en 2050. Pour ce faire, il y a notamment l’alternative sur le photovoltaïque. On construit des bâtiments d’élevage avec des panneaux photovoltaïques. Et on a mis en place un contrat avec des prestataires extérieurs pour racheter l’électricité qui n’est pas utilisée par l’éleveur. Cette voie complète les revenus des éleveurs.Et c’est votre filiale Elevage Service qui construit les bâtiments ?Notre savoir-faire est historique, on s’est implanté depuis des années dans cette activité. Nous avons construit beaucoup de bâtiments dans le Sud-Ouest mais aussi à l’étranger. On est reconnu et compétitif, on apporte des innovations fréquentes. On ne peut pas garder un bâtiment sur 30 ans, il faut les renouveler souvent avec des constructions neuves pour intégrer des nouvelles technologies. C’est important pour maintenir des revenus performants.Qu’est-ce que vous inspire la décision du président de la Région Normandie, Hervé Morin, d’interdire l’agrivoltaïsme sur son territoire ?L’important c’est l’alimentation et la souveraineté alimentaire. Pour stopper le réchauffement climatique, il faut développer la souveraineté, notamment alimentaire. Il ne faut pas que les champs de culture soient envahis par du photovoltaïque sans culture. Par exemple, on est en train de travailler avec les interprofessions pour couvrir les parcours [ndlr, tout l’espace disponible où les animaux peuvent gambader autour des bâtiments] de volailles, de canards en liberté. On a limité la surface de photovoltaïque à 15% du parcours. Si on remplace toutes les surfaces agricoles par du photovoltaïque, on va importer massivement. C’est selon moi important de coupler l’élevage et le photovoltaïque.D’autres sites pourraient-être équipés ?Actuellement dans le cadre de la loi APER (Accélération de la production d’énergies renouvelables), nous établissons les plans de valorisation de notre foncier en vue de produire des énergies renouvelables. On a identifié une trentaine de sites sur les 207 où on est capable d’étudier la mise en place de photovoltaïque. Nous sommes en cours d’étude avec un ou deux partenaires pour installer ça à court terme. On a aussi mis en place une nouvelle politique voiture [ndlr, flotte de 580 véhicules de fonction et de service], on a arrêté le diesel et on a développé l’hybride et l’électrique. On va installer des bornes de recharge avec des ombrières sur les parkings des sites importants.Transition agriécologiqueMaïsadour a été retenu en juillet dernier par la Région pour intégrer le parcours Neocoop d'accélération de la transition agroécologique. Quelles sont vos attentes ?Pour nous c’est important parce que c’est en ligne avec notre stratégie Ambition 2030 et on va se faire challenger par les équipes de la Région avec un état des lieux, diagnostic de la situation et l’examen de tous les projets qui sont en cours. Et enfin l’écriture ensemble des plans d’action détaillés avec les mesures d’indicateurs et le suivi des plans d’action. Les sujets importants, c’est la préservation de la diversité, la réduction des pesticides de synthèse. Nos actions ont pour but d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter dans les cultures et le choix des variétés, de progresser dans le bien-être animal et la sécurité sanitaire, la biosécurité et développer aussi plus d’alimentation durable.Votre groupe est labellisé « Engagé RSE » au niveau « confirmé ». Et vous visez le niveau supérieur « exemplaire » à horizon 2025. Quels sont les autres chantiers en cours en matière de RSE ?C’est notre stratégie. Avant on avait une stratégie Maïsadour et une stratégie RSE. On a voulu que la RSE fasse partie de notre stratégie de notre coopérative et c’est pour ça qu’on a construit cette stratégie, Ambition 2030, pour faire face aux réglementations liées au changement climatique. On a mis en place le programme Ambition 2030 qui regroupe toute la stratégie de Maïsadour, avec quatre piliers. Une ambition agroécologique et environnementale. Ensuite développer des filières à forte valeur ajoutée. Le troisième pilier, c’est important, c'est être une entreprise attractive avec des équipes performantes. Et enfin être une coopérative engagée dans ses territoires et actrice des évolutions de la société. Si on écarte ça, c’est sans avenir. On a présenté ça aux équipes puis le 7 décembre à l’AG. Toutes les équipes sont super motivées, engagées, on convainc tout le monde, les clients, les fournisseurs. On diffuse notre stratégie partout et notre ambition et notre conviction sur la décarbonation, la réduction des pesticides, la gestion de l’eau, la diminution de l’énergie fossile…Au niveau de la transformation numérique, comment ça se met en ordre de marche ?On a des sujets très importants, c’est la collecte des données pour suivre notre ambition et nos actions de décarbonation. Il faut qu’on construise une stratégie de data qui va de l’agriculteur jusqu’au produit. On est engagé effectivement sur le projet d’affichage environnemental. Ca va être demain le guide de la consommation des produits alimentaires comme pour le Nutri-Score, dans l’impact de la production totale, de la culture jusqu’à la fabrication et la distribution de l’impact du produit sur l’empreinte carbone, environnementale. On commence à travailler là-dessus. Il faut se donner des ressources, des solutions digitales et informatiques pour capter toutes les données, pour réaliser et imprimer sur l’emballage l’affichage carbone, environnemental, bien être, etc. C’est un chantier très important.Outre Bordeaux Sciences Agro, d’autres partenaires vous accompagnent ?Avec Bordeaux Sciences Agro, on a des missions qui sont en cours du côté de la donnée agricole, au cœur de notre stratégie digitale. On travaille beaucoup avec pour avoir des interconnections entre différents outils pour capter des données. Et on a présenté en février dernier au salon de l’agriculture de Paris, des prototypes de blockchain. On a travaillé notamment avec Intercéréales, Terres inovia, Agdatahub, ChystalChain qui avaient besoin d’un partenaire comme nous pour pouvoir tracer le voyage des céréales. Les blockchains enregistrent également les pratiques des cultures.Avec ce programme et ce projet, on a la capacité de capter toutes les informations nécessaires pour l’affichage environnemental. C’est l’avenir de l’alimentation, ça va avec les tendances des consommateurs. Le gouvernement a décidé sa mise en place en 2025, qui sera une période de test et d’expérimentation, avec une obligation en 2026. Et on va avoir des réglementations qui vont tomber sur l’empreinte carbone. Il faut qu’on ait toutes les solutions digitales pour capter ces données instantanément.Dynamique de groupeComment arrivez-vous à convaincre vos adhérents ?On explique d’abord. On a des outils performants aussi et des partenaires. On aide aussi à entrer sur ces nouvelles pratiques, procédures. C’est un temps nécessaire, pour convaincre, rassurer, mettre en place et collecter les données. On a formé aussi nos techniciens. Et on met en place des partenariats externes, pour la formation et pour la collecte des données. C’est un chantier énorme, c’est pour ça qu’on a commencé fin 2022.Votre mission était notamment d’accélérer le retour à la croissance. Maïsadour a bouclé un CA en hausse de 11% l’an dernier. Qu’en est-il pour l’exercice 2022-2023 ?On ne peut pas vous donner de chiffres, il faut attendre l’AG ! On a eu une année particulière. Notre budget démarre début juillet et fini fin juin. On a eu une sécheresse incroyable l’été dernier. On a baissé les rendements de maïs et de culture, on a eu aussi la sécheresse qui a atteint les piscicultures. On a échappé à la grippe aviaire au mois de décembre mais on a eu une nouvelle inédite au mois de mai. Et c’était pas du tout prévu. On a refait un plan Boost pour mobiliser tout le monde et on a serré les boulons et imaginer des solutions pour maintenir la consolidation du groupe. On est très heureux parce qu’on a réussi à effacer les faits marquants. On a réussi à augmenter nos chiffres d’affaires, nos résultats et les excédents bruts d’exploitation. On est sur la bonne voie pour consolider notre groupe parce qu’on a pris des bonnes solutions et des bonnes directives. Avec la vaccination et la bonne récolte de cette année, on espère avoir de très bons résultats l’année prochaine.Maïsadour780 éleveurs (volailles et palmipèdes) 4.300 Salariés 5.000 Adhérents (éleveurs et agriculteurs)207 sites

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