Ilasis lève 2,2M€ pour faciliter les opérations de la cataracte - Premium

Un bistouri laser facilitant les opérations de la cataracte. Telle est l’innovation de la jeune pousse Ilasis, créée il y a trois ans après une demande du professeur David Touboul, du CHU de Bordeaux. « Nous sommes cinq fondateurs, quasiment tous ingénieurs, explique François Salin, président d’Ilasis. D’habitude nous partons d’une idée puis ensuite se pose la question de la demande… Là, nous avons fait l’inverse. Le professeur Touboul a exprimé un besoin, et nous avons essayé de le traduire en technologie. » Car aujourd’hui, l’opération de la cataracte est la chirurgie la plus répandue au monde. 30 millions de patients sont opérés chaque année, un chiffre en hausse car l’espérance de vie s’allonge. « Sauf qu’à l’heure actuelle, 98% de l’acte chirurgical s’effectue manuellement, reprend François Salin. Or, l’une des étapes consiste à découper la capsule, la peau entourant le cristallin, en un parfait cercle de 5 mm précisément. » Un geste compliqué à exécuter, que tous les ophtalmologistes ne savent pas réaliser. Lorsqu’un médecin décide d’apprendre la procédure, on estime la courbe d’apprentissage à 200 patients. « En dessous de ce palier, il peut y avoir des complications, ou le patient perd un peu de sa vision », souligne notre interlocuteur. Conséquences : seulement la moitié des ophtalmologistes acceptent d’opérer, et la cataracte est la première source de cécité dans le monde – touchant environ 20 millions de personnes -, faute d’opérations possibles. Ilasis, avec son bistouri baptisé Helix, ambitionne donc d’aider les chirurgiens n’ayant pas forcément la dextérité nécessaire, pour réaliser les opérations. Une fois en main, l’objet réalise la découpe de la capsule de manière automatisée. Trois ans ont été nécessaires pour réaliser un prototype, un délai réduit par les briques technologiques déjà existantes. « Et puis, cela faisait un sacré bout de temps qu’on y réfléchissait », souligne François Salin. Privilégier une « innovation frugale » Ce lundi 28 février, la société annonce avoir levé 2,2 millions d’euros. Une somme qui lui permettra en premier lieu de terminer ses investigations cliniques. D’ici juin, 78 patients seront opérés par le docteur Lignereux à la clinique de l’Atlantique (Nantes), grâce au bistouri. Une fois cette étape terminée, et si tout se déroule correctement, Ilasis devra obtenir le marquage CE permettant la mise sur le marché. Un « gros dossier » nécessitant un certain nombre d’audits onéreux. « On espère avoir la réponse d’ici la fin de l’année, pour lancer la commercialisation en 2023 », résume le président de la jeune pousse. Une demi-douzaine de business angels ont participé au tour de table, complété par le fonds Irdi Capital Investissement. « C’est un peu atypique car ces business angels ont mis deux fois plus que le fonds, précise notre interlocuteur. Il nous fallait une expérience et tous sont des entrepreneurs à la retraite ou en pré-retraite, qui nous apportent leur savoir-faire. Irdi, quant à lui, nous apporte une vraie labellisation. » À terme, 90% des clients d’Ilasis devraient être des cliniques privées. La société vendra la machine, ainsi que des consommables à usage unique nécessaires pour l’utilisation du bistouri. « Nous serons payés à l’acte, et les hôpitaux ne se concentrent que sur les cas de cataracte compliqués. C’est pour cela que nous nous focaliserons sur les cliniques », précise François Salin. Quatre concurrents internationaux existent, parmi lesquels Johnson & Johnson ou Novartis ; chacun développant d’imposantes machines laser. Une technologie nécessitant une salle mitoyenne au bloc opératoire. « De notre côté, notre vision est celle de l’innovation frugale. Nous voulons retirer un maximum d’éléments, il n’y a ni ligne de code ni ordinateur. Cela donne un outil plus simple, moins cher et qui tombe moins en panne. C’est là notre force de différenciation », insiste François Salin.Ilasis espère commercialiser sa solution dès l'année prochaine. Crédits : Ilasis Une seconde levée de fonds dans un an La société bordelaise entamera dans un an la commercialisation européenne – Allemagne, Espagne, France et Italie -, avant de se diriger vers les Etats-Unis. Elle espère vendre 300 machines au démarrage, et prévoit d’ores et déjà une seconde levée de fonds en 2023. Un tour de table qui devrait osciller entre 5 et 6 millions d’euros, et financera la production ainsi que la mise sur le marché. « Nous sous-traiterons la conception des pièces à des entreprises en partie locales. La mécanique se fera à Pau, l’électronique à Bordeaux… Il restera ensuite l’optique, une filière rare en France, donc nous nous fournirons en Allemagne ou en Chine. Ensuite tout sera assemblé par nos équipes à Bordeaux, puis nous réaliserons des tests garantissant la conformité du bistouri », prévoit François Salin. IlasisBasée à Pessac11 salariés

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