Bayonne : Akira réussit à faire tourner son moteur converti à la combustion à hydrogène - Premium

Un banc d’essai et un premier moteur converti à l’hydrogène qui tourne, et tout un marché qui s’ouvre à Akira. La société installée depuis 20 ans à Bayonne spécialisée dans la réalisation de systèmes de conversion d’énergie et de bancs d’essais spéciaux enchaîne les essais sur un moteur à piston à hydrogène. Depuis son origine, la société est connue pour travailler notamment pour de grandes sociétés comme Kawasaki, pour laquelle elle produit environ 200 moteurs par an, utilisés dans les courses MXGP et Superbike. Avec la conception de bancs d’essais spéciaux, l’activité représente un tiers de l’activité de l’entreprise. Les deux autres tiers s’équilibrent entre la réalisation de turbomoteurs pour l’aéronautique et l'activité à destination du secteur de la Défense. À l’origine, le cœur de la société, c’est le moteur de la moto. Le nom de la société Akira, fait d’ailleurs référence au manga du même nom, connu - notamment - pour ses motos futuristes. Et c’est un groupe de collègues qui décide de lancer la société à Bayonne en 2003 avec l’idée de développer des moteurs thermiques haute performance. « Coïncidence ou pas avec le nom, Kawasaki a été l’un de nos premiers clients » sourit Dany Alor, ingénieur R&D combustion nouvelles énergies pour Akira.Moteur à piston à hydrogène Si la société s’est finalement diversifiée au fil du temps, elle a récemment pris un sacré virage en convertissant un moteur thermique en moteur à hydrogène, pour deux-roues ou turbomoteurs. Pas question ici de pile à combustible et de batterie rechargeables très présentes sur le marché, comme c’est le cas chez Pragma à Biarritz. Akira transforme des moteurs thermiques afin qu’ils fonctionnent à l'hydrogène. « On fait brûler de l’hydrogène » précise Dany Alor. Pour y parvenir, la société de Bayonne adopte une logique de « retrofit », en réutilisant majoritairement le moteur thermique d'origine. « On va reprendre toutes les chaînes de fabrication, toutes les connaissances du moteur de base, toute l'ingénierie derrière les maintenances » détaille Dany Alor. Environ 80 % de la structure du moteur est maintenue selon lui, le reste, concrètement le système d'injection, la partie combustion et la partie allumage sont revus pour recevoir l’hydrogène. « Au lieu d'utiliser de l'essence pour le moteur à pistons, le kérosène pour les turbomachines, on utilise de l'hydrogène gazeux ». Et derrière cette innovation, la promesse d'une neutralité carbone à l'utilisation. « En émissions de particules, on n'a quasiment plus rien et tout ce qui est monoxyde de carbone, c'est quasiment nul » salue l’ingénieur.Un moteur testé sur un banc d’essai financé par la Région Nouvelle-Aquitaine, qu’Akira a donc pu valider avant de se rendre à Paris pour le salon Hyvolution, dédié à l’hydrogène début février. Désormais, il s’agit d’avancer sur la technologie et de continuer d’apprendre. « On travaille pour monter en compétences, mieux appréhender la combustion hydrogène, ses avantages et ses challenges, montrer qu'on utilise toutes nos compétences historiques, comment on a réussi à se diversifier, et qu'on a cette voie qui est clairement lancée » ajoute l’ingénieur. En termes de marché, la société a déjà deux potentiels clients, l’un pour un turbomoteur à hydrogène pour une entreprise aéronautique. Akira est en discussion avec une autre. En parallèle, la société de Bayonne va développer un moteur à hydrogène en collaboration avec le centre aérospatial du Japon.Développement avec Turbolab Et pour continuer à développer sa technologie, Akira pourra aussi tester son moteur complet dans le bâtiment juste à côté en pleine construction, « Turbolab », projet porté par l’Estia, l’agglomération Pays basque et Akira qui occupera toute la partie banc d’essai. « Dans ce bâtiment, on fait toute la conception du banc d'essai, c'est un banc d'essai de propulsion aéronautique innovante qui est destiné aux turbines à gaz » précise Dany Alor. Le banc d'essai sera livré fin juillet, et devrait permettre de tester complètement ce moteur fin 2023, début 2024. Un marché aux perspectives énormes. « Ça ouvre la possibilité de décarboner toute l’aviation » souligne Dany Alor. La société compte actuellement 50 salariés sur le site de Bayonne, et entre 5 et 6 sur le site de Bergerac. En effet Akira a racheté un site de production en Dordogne pour y fabriquer les pièces dont elle a besoin. « On a très peu de sous-traitance » précise Dany Alor. D’ailleurs, la quasi-totalité de l’activité de l’entreprise est internalisée : de la R&D, étude, jusqu’à l’assemblage en passant par la conception électrique. Pour poursuivre sa croissance, Akira est également en train d’acheter le terrain en face de ses locaux actuels pour de la production et de l’assemblage. Akira (2003)50 salariés à Bayonne, 5/6 à BergeracCA: 9 millions d'euros (2022)6 Rue Joseph Szydlowski, 64100 Bayonne

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