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"100 millions de tonnes de CO2" : une initiative paloise en faveur de la transition écologique

Engagement
mercredi 03 mai 2023

Fondateur de Kerdos Energy, Mehdi Guellil prépare le lancement le 9 mai d'une initiative baptisée "100 millions de tonnes de CO2". Articulée autour d'un calculateur de bilan de carbone open source et d'un manifeste qui sera bientôt présenté à Pau, puis à Paris, la démarche vise à inciter les entreprises à mieux prendre en compte les objectifs de transition dans leur pilotage stratégique.

Les questions énergétiques, Mehdi Guellil connait : depuis près de 15 ans, sa société d'ingénierie conseil accompagne les organisations (public/privé) pour réduire leurs consommations d'énergie, intégrer des énergies bas carbone et se construire une feuille de route sur la neutralité carbone.  Avec son équipe d'une vingtaine d'ingénieurs, auxquels s'agrège une communauté en Open Source de plus de 150 experts "La Piscine" sur des briques technologiques complexes comme le solaire photovoltaïque, les systèmes froids dans l'industrie, la RSE.

Kerdos revendique un accompagnement déjà prodigué à 500 entités, qu'il s'agisse de fournisseurs d’énergie, gestionnaires d’infrastructures, grands groupes industriels et PME familiales. « Notre modèle est basé sur de la vente d'homme/jour d'expertise. On vend de la bonne idée si tant est que l'on puisse la trouver. On audite, on propose des feuilles de route et on accompagne le déploiement. Les problématiques sont très variées et souvent complexes, comme accélérer un process, prévoir l'évolution d'une activité économique ou industrielle et ce, dans de nombreuses filières, de l'aéronautique à l'agroalimentaire, en passant par le BTP… »

Kerdos a un pied (et le cœur) en Béarn, à Pau, et l'autre sur la planète puisqu'elle intervient dans pas moins de 35 pays dans le monde. C'est ce que l'on appelle jouer à la fois en coupe du monde et en fédérale, c'est dans l'ADN de la société qui poursuit sa croissance. Un positionnement payant qui lui vaut à la fois la reconnaissance des acteurs locaux (l'entreprise a reçu le prix « Adaptation des organisations » des Étoiles de l’économie béarnaise en novembre 2022) et celle de Bpifrance qui l'a intégrée la même année, dans la troisième promotion de son accélérateur transition énergétique. 

Audit, modélisation et accompagnement

Avec les menaces de pénurie et l'augmentation récente des prix de l'énergie, les stratégies de réduction des coûts (le "cost killing") reprennent du poids dans la demande des clients de Kerdos. « La première question que me posent les industriels que nous accompagnons dans ce domaine sont simples : j'ai des factures énergétiques importantes. Comment pouvez-vous m'aider à les réduire ? » Mais pour Kerdos, la vision ne saurait se limiter à l'optimisation des coûts : la transition énergétique en faveur des ressources alternatives ouvre à un accroissement de la rentabilité économique des activités. Est induite la réduction des charges financières liées à la dépendance énergétique (baisse du volume d'énergie consommée, recours à des énergies moins coûteuses), mais aussi la valorisation financière de ces efforts (mécanismes incitatifs, diminution des charges qui pèsent sur les énergies conventionnelles, création de valeur en crédits carbone et autres certificats).

Objectif lune Terre

A l'image d'autres initiatives régionales, le jeune entrepreneur cherche désormais à mobiliser plus largement sur le sujet, avec une communication axée sur des ambitions volontairement exagérées : alléger les entreprises de 100 millions de tonnes de CO2 par an pour accélérer la transition environnementale. « Nous lançons un élan collectif pour fédérer les entreprises. On parle de CO2 pour simplifier mais c'est bien évidemment beaucoup plus complexe que cela pour concerner des questions sur l'eau, les déchets et donc finalement toute l'exposition environnementale que peut avoir une entreprise. Cela nous amène à construire ce que l'on appelle des feuilles de route bas carbone, une quantification des émissions de CO2 pour savoir combien de milliers de tonnes sont générés par l'activité. Se posent lors des questions pour déterminer ce que sera l'activité de l'entreprise demain dans un monde fortement contraint en carbone. »

Même si la prise de conscience de l'impact de leur activité se fait peu à peu dans les entreprises, pour Mehdi Guellil, cela reste très timide. Considérant le faible impact des discours lénifiants, « on a complètement retourné les choses en décidant de se fixer un objectif que l'on présente comme étant complètement aberrant. Quelques repères :100 millions c'est un quart des émissions françaises. En 2021, la France a émis 420 millions de tonnes. Là où les choses deviennent plus compliquées c'est pour savoir ce qu'il faut compter. Ne devrait on pas comptabiliser les tonnes de CO2 qui sont émises en Inde pour fabriquer vos vêtements ou celles émises en chine pour votre four ? On a donc fixé 100 millions car c'est un chiffre magique, hors cadre, qui interpelle et suscite l'intérêt, ce qui est le but. »

Pour porter la démarche, un manifeste d'une trentaine de pages a été rédigé et sera partagé lors du lancement à Pau le 8 mai prochain et à Paris le 23 (fidélité à la même logique, valoriser le Béarn et adresser les grands groupes). « On a réfléchi à 3 grands axes de travail . Le premier concerne les questions de mobilisation. Si l'on veut embarquer les entreprises pour qu'elles travaillent sur leurs centaines, leurs milliers de tonnes de CO2, il faut de la mise en perspective. À titre individuel, chacun connait l'impact de ses consommations de viande, de son mode de chauffage, de transport, des voyages en avion, l'origine de ses achats. Sur toutes ces questions on parle au citoyen, qui émet en moyenne 10 tonnes en France. Mais ce citoyen est aussi un acteur de son entreprise où le chiffre va du millier à la centaine de milliers de tonnes. Chacun réfléchit à ses comportements chez lui, dans le tri des déchets par exemple. Donc l'entreprise peut le faire aussi et, dans un modèle qui est contraint en CO2, commencer à se questionner sur son activité. »

Sur le sujet, lire aussi Urgence climatique : le « Cercle des entrepreneurs responsables » veut mobiliser les acteurs néo-aquitains

Mehdi Guellil estime sur ce point que des activités vont disparaître et que de nouvelles vont devoir être inventées quand les questions environnementales deviendront fondamentales à la survie de nos sociétés. Le deuxième étage de la fusée 100 millions est la démultiplication en se servant de l'écosystème des experts de La Piscine : « L’idée n'est pas de générer un business pour Kerdos en tant que telle mais d'offrir, pour évaluer et tenir les engagements pris par les entreprises, les expertises de la communauté La Piscine. Sur des problématiques complexes, on aura, en réponse à des besoins d'entreprises du type : " j'ai identifié un projet, je ne sais pas faire, venez m'aider ." des missions de conseil bien calibrées. Notre job sera de mettre les projets, en toute indépendance, entre les mains du ou des spécialistes qui tireront leur savoir de leur expérience sur la question. »

Le dernier étage du dispositif, la capsule, est la valorisation, des projets individuels des millionnaires mais aussi de l'élan collectif dont les initiateurs attentent une saine et positive émulation. Sur l'organisation du lancement en lui-même, Mehdi Guellil veut rester discret, mais il donne rendez-vous aux intéressés le 9 mai prochain, à Pau, à partir de 18 heures dans les locaux de la société Eurelec, 21 rue Roger Salengro, puis le 23 mai à Paris. L'accès à l'événement est libre et gratuit mais conditionné par une inscription en ligne.

Kerdos
Créée à Pau en 2010
15 collaborateurs