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Sport et innovation (1/5) : la Nouvelle-Aquitaine, une région porteuse pour les startups

Écosystème
lundi 19 juin 2023

De nouvelles entreprises voient le jour, chaque année, dans le secteur du sport. Qu’elles révolutionnent la gestion de clubs, l’expérience « fan » ou s’adressent aux pratiquants amateurs, toutes ont un mot d’ordre : innover pour se démarquer. Voire révolutionner leur domaine ? De l’intelligence artificielle à la filière de la glisse, en passant par les difficultés pour s’imposer avec un modèle BtoB : cette semaine, Placéco vous propose une série d’articles réalisés par ses rédactions néo-aquitaines, pour tenter d’y voir plus clair.

A l'approche des Jeux olympiques, les startups du sport innovent pour se démarquer. Photo d'illustration : Adobe Stock Treecha

À l’approche des grandes compétitions sportives qui se dérouleront en France dans les 18 mois à venir, les startups du sport bénéficient d’un important coup de projecteurs. En Nouvelle-Aquitaine, les différents acteurs de la « sportech » se fédèrent pour soutenir ces jeunes pousses innovantes, en prenant en compte les spécificités de chaque territoire.

De la Coupe du monde de rugby aux Jeux olympiques, la France se met au diapason des compétitions sportives pour les deux années à venir. Ajoutons à cela les plateformes de streaming qui produisent de plus en plus de contenus dans le domaine, à l’instar de Netflix et sa récente série-docu « Au cœur du peloton » qui suit le tour de France : le terreau est propice à la mise en lumière des startups du domaine. Preuve en est : le salon Vivatech, qui se déroulait la semaine dernière à Paris, a consacré plus de 2.000 m² aux innovations sportech, exposant tant des vêtements que du matériel révolutionnaire, ou des solutions numériques aux promesses disruptives. Simples effets d’annonce, ou véritable tendance de fond ? « C'est vrai qu’on en parle beaucoup en ce moment, mais je pense qu’il y a toujours eu des entreprises innovantes dans ce domaine, et notamment en Nouvelle-Aquitaine, analyse Marion Oudenot-Piton, responsable Service industries des loisirs à l’Adi Nouvelle-Aquitaine. Peut-être qu’aujourd’hui il y a plus d’attentes donc on se focalise là-dessus, et c’est tant mieux. »

D’ailleurs, depuis 2019, la Région Nouvelle-Aquitaine a mis en place plusieurs actions pour soutenir ses jeunes pousses. Dernier dispositif en date : Impulsion, un incubateur dédié au sport, censé couvrir les 12 départements qu’elle regroupe. Quatre technopoles en sont partenaires : Unitec (33), Hélioparc (64), Eurekatech (16), Agropole (47) et Neoloji Technopole (86). Chaque année, une dizaine de porteurs de projets seront accompagnés à Pau, Bordeaux, Poitiers, Agen ou Angoulême. Objectif : se fédérer et mieux se connaître, tout en travaillant sur des projets favorisant « les transitions économiques, sociales et environnementales nécessaires à la filière ». « On parle de sportech et donc de numérique, car c’est là où l’on constate le plus de développements, mais il y a aussi des innovations sur les performances sportives, pour les athlètes, des stades connectés, des équipements… Par exemple Théo Lapouge, un ancien sportif de haut niveau, a créé K-li Running l’année dernière, illustre Marion Oudenot-Piton. Il développe une marque de vêtements recyclés et sans coutures. »

Des spécificités bien marquées

À l’échelle nationale, le collectif Sportech Fr, créé en 2019, rassemble une centaine d’entreprises, qui ont généré 280 millions d’euros de chiffre d’affaires en cumulé, rien qu’en 2021, et qui ont levé près de 750 millions d’euros cette même année. Elles se répartissent en trois catégories : les solutions pour les « fans », celles pour les amateurs, et pour les professionnels. S’il est difficile de dresser une liste exhaustive des jeunes pousses installées en Nouvelle-Aquitaine et de leur poids économique, on peut tout de même esquisser une « météo sportive ». D’abord, le Pays basque et les Landes, sans surprise, sont des territoires de sports de glisse. Le cluster EuroSIMA, seule structure de ce type en France, y est d’ailleurs dédiée… Et met un point d’honneur à accompagner des innovations de rupture, que ce soit sur du contenu technologique ou des process de fabrication. « Il y a un vrai mouvement qui s’est mis en place, explique Christophe Seiller, responsable du cluster. Le confinement et le Covid ont apporté beaucoup de choses, notamment de nouveaux business models… Les produits sont plus responsables, plus durables. [...] On voit de l’innovation sous toutes ses formes. » (article à découvrir dans nos prochaines éditions)

Un peu plus à l’ouest, à Pau, le cluster So Horse Alliances fédère l’industrie équine en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie. « On y trouve de belles entreprises autour de selles connectées, écoconçues entre autres », commente Marion Oudenot-Piton. Plus au nord et - là encore - sans surprise, La Rochelle s’impose dans le domaine de la voile. Limoges est réputée pour son CDES, Centre de droit et d'économie du sport, tandis que Poitiers se positionne sur le sport santé. « On y trouve notamment le Creps, le centre de ressources, d’expertise et de performance sportive, identifié pour les Jeux olympiques 2024. Comme à Talence, souligne notre interlocutrice. Chaque site héberge une Maison de la haute performance sportive, et expérimente des solutions innovantes. Par exemple, une solution de réalité virtuelle à destination de l’équipe de France de tir, pour aider les athlètes à être en condition et à améliorer leur gestion du stress… » Ce projet, baptisé SportTrooper, est né en octobre 2021 d’un partenariat entre le Creps de Talence et le spécialiste du numérique OnePoint. « Il y a énormément de travaux autour des sujets cognitifs. C’est ça, qui est intéressant - il n’y a pas que l’activité sportive en elle-même, mais aussi le comportement, les capacités mentales », insiste Marion Oudenot-Piton.

De la difficulté de construire un modèle pérenne

Toutes ces sociétés, aussi performantes soient-elles, ne doivent pour autant pas oublier une réalité : celle du modèle économique. La startup doit répondre à une problématique et un besoin métier, tout en gardant en tête un objectif de diversification. « C’est à cela que l’on veille lorsqu’on les accompagne. Quand on a une solution pour un sport, c'est toujours difficile de l’adapter à d’autres disciplines qui ont leurs propres codes, leurs propres réglementations et arbitrages… » Pourtant, c’est bien cette diversification qui permettra à l'entreprise de générer un chiffre d'affaires récurrent, et d’attirer des investisseurs, résume Marion Oudenot-Piton. Exemple, en Gironde : la startup Rematch, qui déploie une solution pour filmer les compétitions sportives amateures, et qui a d’abord démarré par le foot avant d’élargir son application à d’autres disciplines (article à découvrir dans nos prochaines éditions).

« En matière d’innovation numérique, on a un petit pool de startups qui développent des outils pour la gestion des clubs amateurs. Des logiciels dédiés à la gestion comptable, à leur transformation numérique… Ils ont besoin de solutions plus professionnelles, c’est un secteur porteur car en pleine évolution », complète notre interlocutrice. Depuis 2020, le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine porte un appel à projets pour « le numérique au service du sport », et pour financer notamment l’innovation au sein des clubs. 10 à 20 lauréats sont accompagnés chaque année, de quoi « poser les bases d’un écosystème innovant autour du sport », conclut Marion Oudenot-Piton.

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