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« Le bâtiment est une activité qui repose sur la confiance à long terme » : Thierry Leblanc, FFB Gironde

Écosystème
vendredi 06 novembre 2020

La Maison du BTP de Bordeaux Lac - photo FFB

Epargné par un gel total de ses activités, le secteur du bâtiment aborde le nouveau confinement avec de vraies attentes quant à la visibilité à moyen et long terme sur le marché. Les explications de Thierry Leblanc, qui dirige l’entreprise de génie climatique Guyenne Sanitaire / Guysanit et préside depuis cet été la Fédération Française du Bâtiment de la Gironde.

Comment la filière BTP aborde-t-elle cette nouvelle période de confinement ?

Thierry Leblanc - Nous nous réjouissons de pouvoir assurer la continuité de nos chantiers. Sans ça, la situation aurait été très compliquée pour beaucoup de petites sociétés. En règle générale, les entreprises du BTP ont de l’activité, avec une visibilité jusqu’à la fin du premier trimestre 2021 pour les petits chantiers chez les particuliers et aux alentours de la rentrée de septembre pour les plus grands chantiers. Je suis en revanche nettement plus inquiet pour le deuxième semestre. Nous avons besoin des donneurs d’ordre et des pouvoirs publics pour relancer la machine sans attendre, en commençant par instruire les permis de construire qui sont déjà dans les tuyaux. Ensuite, il faut que tous les grands acteurs - mairies, conseils départementaux ou généraux, offices d’HLM - lancent leurs prochaines phases de travaux sans prendre de retard. C’est indispensable pour que les chefs d’entreprise puissent investir, embaucher et continuer à former nos apprentis.

Les restrictions sanitaires ont-elles un impact sur le bon déroulement des chantiers ?

La branche a accompli un travail considérable avec l’OPPBTP (Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics) pour la réalisation du guide de préconisations de sécurité sanitaire qui en est déjà à sa septième version. Ce travail nous a permis de mettre en sécurité nos collaborateurs et l’ensemble de la filière. Le gouvernement l’a d’ailleurs bien compris, nous n’avons pas déclenché de clusters sur le terrain. Les chantiers se déroulent globalement bien mais nous restons vigilants, notamment sur l’amont, pour que les industriels et les fournisseurs soient bien capables de réaliser l’approvisionnement. Il faut par exemple absolument maintenir la possibilité de se déplacer entre départements, pour éviter les problèmes de livraison et les ruptures de stock, sachant que nos produits viennent de toute la France et d’Europe. En aval, il faut également veiller à ce que les donneurs d’ordre, les architectes et les fonctions administratives puissent continuer à travailler pour ne pas risquer de bloquer les projets. Un chantier fonctionne comme une chaîne, la continuité entre les différents corps de métier est indispensable.

Avez-vous déjà chiffré les conséquences du premier confinement sur le BTP en Gironde ?

Bien sûr. Il faut déjà rappeler que le bâtiment en Gironde représente 30 000 emplois directs, 3,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 2,6% de la marge nette des entreprises. Les premiers indicateurs sur le confinement - qui a duré entre un et deux mois selon les entreprises - révèlent une perte de chiffre d’affaires de l’ordre de 450 millions d’euros. Une partie sera reportée sur 2021 ou 20222 mais beaucoup de choses ont pris du retard et tout ne sera pas rattrapé. Ensuite, il faut prendre en compte le surcoût lié à la situation avec les équipements, les marques, le gel hydroalcoolique, les formations ou la mise en place de référents Covid. Une partie de ce surcoût a été pris en charge par les maitres d’ouvrage, mais les entreprises ont subi un reste à charge important ce qui va se traduire souvent par des résultats proches de zéro. Nous aurions aimé un partage plus équitable de ces coûts, c’est l’un des grands regrets de cette sortie de confinement.

Les 7,5 milliards d’euros alloués par le Gouvernement à la rénovation énergétique des bâtiments répondent-ils aux attentes de la filière ?

Ce plan de rénovation énergétique est une très bonne chose dans la mesure où il donne de la visibilité aux entreprises qui font de la rénovation, et nous incitons nos donneurs d’ordre privés à utiliser au maximum ces fonds. Nous regrettons en revanche que le neuf soit complètement oublié dans les mesures gouvernementales alors qu’il représente 40% du chiffre d’affaires du secteur. Si rien n’est fait pour le neuf, une partie des acteurs concernés risque de se rabattre sur la rénovation, avec pour conséquence une nouvelle bataille de prix qui se traduira par une dégradation des marges. Il existe une mesure de relance simple et qui ne coûterait rien à personne. C’est d’instruire les permis de construire qui sont bloqués depuis le premier confinement et la période pré-élections, chez les promoteurs ou au sein des mairies. L’instruction de ces permis permettrait déjà de donner 18 ou 24 mois de visibilité sur le neuf à l’échelle du département. Je rappelle que la Gironde est un département attractif, avec 15 000 nouveaux arrivants par an et 7500 sur la seule métropole de Bordeaux, il s’agit simplement de répondre à la demande.

Craignez-vous des répercussions du côté de la formation, largement soutenue et encouragée dans le cadre du plan de relance ?

Les CFA ont mené une importante campagne de recrutement qui a très bien fonctionné, en raison du travail fait par les centres de formation pour aller vers les jeunes et bien sûr grâce aux aides financières de l’Etat en direction des entreprises qui recrutent des apprentis. Le CFA de Blanquefort compte aujourd’hui 1200 apprentis, c’est un vrai message d’espoir pour la profession. Il existe cependant une incertitude concernant la prochaine rentrée de septembre, soulignée par la Direccte, si les entreprises n’ont plus de chantiers après la fin du premier semestre. C’est la raison pour laquelle nous renouvelons notre appel en direction des donneurs d’ordres, privés et publics. Le bâtiment est une activité qui repose sur la confiance à long terme. Il faut donc investir maintenant pour garantir la meilleure relance possible !

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