Bordeaux Euratlantique : quels sont les nouveaux enjeux prioritaires de l’EPA ? - Premium

Pourquoi était-il nécessaire que le projet s'étende jusqu’en 2040, alors qu’il devait s'achever à horizon 2030 ? Car le rythme que l’on s’était fixé était particulièrement soutenu, et construire la ville demande du temps. Notre feuille de route a été contrariée par un certain nombre de crises comme le Covid-19, et dernièrement, le ralentissement des cycles immobiliers. Celui que l’on vit en ce moment n’est pas simple à gérer, et si l’on veut garder l’objectif d’accueillir des habitants sur le territoire, il faut se donner le temps pour le faire dans de bonnes conditions. Détendre le calendrier de dix ans permettra d’aller au bout de l’exercice, de réaménagement le cœur de la métropole en gardant un haut niveau d’ambition, et d’en avoir les moyens. Justement, comment s’articule la rallonge budgétaire, nécessaire à cette prolongation ?Ce sera un budget supplémentaire de 150 millions d’euros, réparti entre nos différents administrateurs : l’Etat abonde à hauteur de 35%, tout comme Bordeaux Métropole, la Ville de Bordeaux apporte 20%, Bègles 7% et Floirac 3%.Une ville inclusive et créatrice de valeursQuelles sont les nouvelles orientations données à Bordeaux Euratlantique, pour les 13 ans à venir ? Ce sur quoi l’Etat et les collectivités ont convergé, ce sont quatre enjeux prioritaires. La production de logements abordables et la mixité urbaine d’abord, qui étaient déjà dans les fondements de l’EPA. Mais on a toujours une attractivité très forte et une démographie qui appelle à produire du logement… Alors qu’en même temps, on constate un ralentissement de cette production. Le deuxième enjeu, c’est la transition écologique et énergétique, avec comme ambition de décarboner à la fois les mobilités et l’acte de construire. L’aménageur qu’est Bordeaux Euratlantique a une responsabilité propre dans les émissions de carbone, mais il induit aussi des choix pour les promoteurs immobiliers, en matière de procédés constructifs et de sobriété foncière. Donc on lutte à la fois contre les émissions de carbone et contre l’artificialisation des sols. Ensuite, troisième enjeu, c’est la conception d’une ville créatrice de valeurs et inclusive - une autre manière de parler de développement économique. Pour pouvoir accueillir tous types d’emplois, qualifiés et moins qualifiés, se concentrer sur les emplois captifs de la ville et éviter qu’ils soient renvoyés trop loin en périphérie. Pour cela, nous devons définir les conditions dans lesquelles les locaux économiques sont abordables, y compris pour des artisans, des activités productives - de la petite industrie, compatible avec une centralité urbaine. Et enfin, dernier enjeu, c’est la soutenabilité économique et financière. Les investissements consentis par nos partenaires s’accompagnent d’une capacité à suivre une trajectoire, être performant sur l’utilisation des finances publiques.En vidéo : Valérie Lasek (Bordeaux Euratlantique) - « Fabriquer la ville demande du temps »Quelles seront les conséquences de ce dernier enjeu, pour les futures programmations de l’OIN ? Certaines seront-elles revues à la baisse ?Nous avions plusieurs hypothèses. On aurait pu être plus économes, mais en revoyant l’ambition de l’opération à la baisse en matière de capacité de péréquation, il aurait fallu renoncer à des critères sociaux ou environnementaux, financés par cet investissement public. Le scénario retenu permet de tenir un équilibre qui maintient le haut niveau d’ambition de l’opération. C’était une demande convergente des élus, au moment où on aborde leur propre territoire de projets. On garde les cinq zones initiales - la ZAC Saint-Jean-Belcier et celle de Garonne Eiffel qui sont déjà en cours, on confirme la ZAC de Bègles-Garonne qui est en cours de concertation, et il y a Bègles-Faisceau à proximité de la gare de Bègles, et Floirac-sud, qui interviendront à la fin de l’opération et pour lesquels il nous reste des études d’opportunité et de capacité à faire. Pris ensemble, ces territoires organisent aussi un principe de solidarité entre les communes. Durant la première décennie, tout le monde a financé des opérations qui se sont concrétisées à Bordeaux - la réciproque sera vraie, pour les projets à Bègles et Floirac. Où en est-on des travaux, en cours et à venir ? Sur le quartier Saint-Jean-Belcier on a tout le quartier d’Armagnac qui est en cours de travaux - là où il y a le campus François d’Assise et le parking qui a été livré. C’est le quartier bois. On attend la suite avec des logements, le groupe scolaire du quartier qui sera aussi en bois. Pour tous ces travaux, nous avons obtenu les permis de construire et nous allons démarrer les chantiers. Il y a aussi des travaux d’espaces publics majeurs, comme le parc Descasse devant Canopia [ndlr, ancienne Rue Bordelaise], la seconde phase du Jardin de l’Ars aussi, et tout le réaménagement des berges que nous sommes en train d’étirer vers le sud. On a achevé les travaux préparatoires et le réaménagement de ces quais - ce sont des interventions moins immobilières, mais qui finalisent l’aménagement de cette ZAC. En mai dernier, vous aviez annoncé les prochaines consultations pour 2024, avec une quinzaine de lots à céder. Est-ce toujours d’actualité, malgré la réorientation de la feuille de route ? On va stabiliser un nouveau cadre d’intervention à partir de cette feuille de route que l’on écrit, et qui sera la nôtre jusqu’en 2024. Ce document définira, territoire de projets par territoire de projets, le nombre de logements attendus, la mixité sociale imposée et les règles que l’on fixera aux promoteurs pour construire. Pour les consultations à venir, nous prendrons les fonciers les plus matures - vraisemblablement d’abord sur le secteur rive droite de la Souys, à cheval sur Bordeaux et Floirac, plus quelques fonciers résiduels sur Saint-Jean-Belcier et quelques précurseurs sur Bègles. Au global, on reste sur l’idée d’une quinzaine de fonciers fin 2024 avec ce nouveau cahier des charges. Dix ans de plus, cela sera-t-il suffisant pour finir d’aménager les 738 hectares de l’OIN ? On a prévu de terminer Saint-Jean-Belcier en 2032, Garonne-Eiffel un peu en décalage, mais nous avons un rythme cohérent. Puis on déploiera les équipes de Saint-Jean-Belcier sur la future ZAC de Bègles… 2040, c’est un horizon qui nous permet d’avoir une bonne complétude des territoires de projets que l’on a envisagé d’aménager, et ça devrait être suffisant.

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