Des chiens-robots landais participeront à la sécurisation de trois sites des Jeux Olympiques - Premium

C'est devenu une habitude, presque la mascotte de l'entreprise. Anthony Gavend, le fondateur de Shields Robotics, apparaît souvent accompagné de son chien-robot. Une machine qui a été assemblée dans les Landes, et dont la mise au point a demandé de nombreux mois de travail. Et si l'idée n'est pas novatrice, les chiens-robots étant d'ores et déjà utilisés par la police notamment aux Etats-Unis ou dans d'autres pays, c'est dans les fonctionnalités de ses chiens-robots mais aussi dans leur coût de fabrication puis de vente, que l'entrepreneur a voulu se démarquer. Explications. « Il y a plus d’un an, on a commencé à travailler sur des chiens-robots. J’avais l’idée, dès le départ, de les proposer à l’armée, pour qu'ils aident le soldat à se déplacer et qu'ils apportent une aide logistique. En d'autres termes, qu'ils soient comme des assistants robotisés », explique Anthony Gavend. « Puis assez rapidement, j'ai cherché à développer les usages et m'est venue l'idée de les proposer pour faire du déminage », relate-t-il. Un usage pas forcément habituel pour ce type de robots. Assistance et reconnaissance opérationnelle « On ne s'en rend pas forcément compte mais un démineur, quand il est entièrement équipé, il a presque 40 kilos sur le dos. C'est un travail extrêmement dangereux et contrairement à ce qu'on pourrait penser, la robotique est assez peu présente dans l'usage quotidien de ces soldats. Notamment parce que les environnements dans lesquels ils interviennent sont très variés, voire souvent accidentés », analyse t-il. « Il existe malgré tout certains robots qui sont utilisés lors des déminages ou des interventions de ce type, notamment avec des bras robotisés. Le problème c'est que ce sont des machines qui coûtent extrêmement cher et donc, si elles sont endommagées ou détruites, représentent un coût considérable pour l'armée », détaille le fondateur de Shields Robotics. Des machines relativement volumineuses mais qui demeurent fragiles donc. Lui vient alors l’idée de proposer des chiens de taille intermédiaire, moins gros que les robots utilisés jusqu'à présent par l'armée et qui soient en quelque sorte des relais logistiques. « Les robots que nous développons peuvent servir pour partir en reconnaissance, évaluer le terrain ou en tant qu'assistants, en amenant notamment du matériel aux soldats en intervention. » Au-delà de l'idée développée par Anthony Gavend et son équipe, il a fallu convaincre le Ministère de l'Intérieur de s'intéresser aux machines développées dans leurs locaux landais. « Nous avons été en discussion avec les officiels pendant une longue période. Au départ, notre projet avait été mis de côté, pour les raisons que j'évoquais, notamment le coût du robot. Ainsi, pour nous différencier, nous avons drastiquement réduit le prix de notre machine. À l'heure actuelle, la marge que nous faisons dessus n'est pas énorme, mais notre objectif est avant tout de développer un produit avec un prix d'appel qui nous permette malgré tout de faire du volume », précise l'entrepreneur. « Plus concrètement, pour donner quelques chiffres, les Américains qui ont un gros marché à ce niveau-là, ont développé un robot-chien qui est plus gros que le nôtre, avec un prix qui oscille entre 120.000 et 150.000 dollars. Le notre est vendu entre 9.000 et 15.000 euros, avec les options. » « L'intelligence artificielle a fait chuter les coûts de fabrication » Une stratégie qui semble avoir été payante puisque, dans quelques semaines, les chiens-robots conçus par Anthony Gavend feront un essai grandeur nature. « Depuis quelques mois, nous travaillons avec les unités pour développer d’autres compétences et capacités qui soient adaptés à leurs besoins opérationnels. Nous allons ainsi faire un test grandeur nature, pendant les JO. Nous allons équiper trois site avec notre chien-robot. Précision : il sera là en tant qu'assistant et viendra compléter les mesures qui seront mises en place. » Un enjeu de taille, avec une visibilité considérable pour l'entreprise donc. Il y a quelques semaines, le chien-robot conçu par Shields Robotics avait donné le coup d'envoi d'un match de rugby, dans l'enceinte du stade de Dax.« Nous avons beaucoup travaillé sur les nouveaux systèmes de robotique pour qu'il puisse répondre aux besoins du marché. Notre constat était le suivant : s’il est trop cher, le marché n’existera pas. Ainsi, nous avons pris en compte la problématique de prix dans les choix technologiques qui ont été menés. Nous nous sommes basés sur le prix, afin de déterminer la technologie que nous pouvions mettre dedans », relate encore Anthony Gavend. « Et finalement, puisque nous avons débuté ce projet alors qu'il y avait déjà d'autres chiens-robots avant les nôtres sur le marché, nous avons pu bénéficier d'un savoir déjà existant. Aujourd'hui, la technologie évolue très vite. Ce qu'on fait aujourd'hui est sûrement bien moins performant que ce qu'on fera dans un an » estime t-il. « Il y a encore quelques années, nous devions programmer les robots nous-mêmes. Aujourd'hui ce sont des intelligences artificielles qui le font. Elles permettent de développer des algorithmes pour la stabilisation et la marche notamment. Et cette introduction de l'IA a drastiquement fait chuter les coûts de fabrication. Parce que ce qui coûte le plus cher, c'est l'algorithme qu'on met à l'intérieur. Et le coût en matière grise. » En tout, ce sont malgré tout plusieurs centaines de milliers d'euros qui ont été investis par l'entreprise pour mener à bien ce projet. Aujourd'hui, Shields Robotics conçoit ses propres algorithmes, grâce à l'IA. « Avant, là où on devait avoir des physiciens et une équipe d'une dizaine de personnes, désormais c'est une machine qui s'en occupe. On lui donne les contraintes, on la guide et elle travaille pour nous. » Dans les mois ou les années à venir, Anthony Gavend espère gagner d'autres marchés, en France mais aussi à l'étranger, grâce à ses chiens-robots. Un marché qui lui permet de poursuivre sa croissance et il estime que cette année, son chiffre d'affaires pourrait dépasser le million d'euros et avoisiner les 1,4 million. Shields RoboticsAnnée de création : 2020Implantation : Saint-Geours-de-MaremneEffectif : 17 personnes CA en 2023 : 900.000 euros

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