Ce que change l’arrivée de l’Etat et du CNES comme premiers clients d’HyPrSpace - Premium

Le président de la République vient de faire une annonce de première importance pour HyPrSpace…Nous venons d’obtenir avec le CNES un contrat de vente pour notre lanceur OB1, Orbital Baguette One, capable d’emporter 250 kg de charge utile. Ils achètent le premier lancement orbital donc avec un lanceur complet et mise en orbite d’un satellite. C’est prévu pour 2027. En amont, nous aurons opéré en 2026 notre premier vol suborbital. Là il s’agira juste d’aller dans l’espace et de redescendre.Quelles sont les conditions de cet accord avec le CNES ?Ils ne viendront pas nous voir en 2027 en demandant où nous en sommes. Il va y avoir un suivi régulier du développement de notre lanceur, de nos moteurs, de notre technologie de propulsion innovante et brevetée. Nous aurons donc des rendez-vous très réguliers, qui correspondront à des livraisons de documentations techniques.Dans le rétro, mai 2022Spatial : HyPrSpace lève 1,1 M€ pour son micro-lanceur hybrideL’Etat se positionne donc comme client et nous plus simplement comme apporteur de subventions. Qu’est-ce que ça change ?Ça modifie considérablement la donne. En fin d’année dernière, dans le cadre de France 2030, il y a eu un financement public pour le projet PADA1, piloté par un consortium dont nous sommes leader, dont le but est le premier vol suborbital. Tout ce qui est France 2030 vient sous forme de subvention, ce qui a des avantages et des inconvénients. Notamment que pour chaque euro de subvention publique, il faut un euro d’investissement privé. Et en ce moment, l’investissement privé diminue et les levées de fonds sont un peu plus difficile. Donc on n’est pas sûr d’avoir les fonds publics. Pour palier ce problème, on fait appel à des investisseurs. Mais ils aiment bien avoir un business plan où ce n’est pas juste du développement. Ils veulent des clients et du revenu, pour préparer leur sortie. Donc faire des contrats d’achat de lancement et non de subvention, ça résout deux problèmes. Parce que chaque rendez-vous avec le CNES pour des livrables techniques débloque une partie du paiement, ça va permettre de toucher des fonds régulièrement.« On est très basé sur l'expérimental »D’un point de vue du développement technique, où en êtes-vous et quelles sont les prochaines étapes pour arriver aux vols suborbital et orbital ?L’étape-clé pour nous c’est le développement du moteur. Une fusée, c’est un moteur avec un ordinateur qui le pilote, si je simplifie au maximum. C’est aussi la plus-value qu'a HyPrSpace. Et là où on se positionne vraiment différemment de tous les micro-lanceurs français, mais surtout aussi de 98% ou 99% des micro-lanceurs mondiaux, c'est qu'on développe une technologie de propulsion innovante brevetée, qu'on est les seuls à maîtriser. C’est basé sur la propulsion hybride, déjà connue depuis de nombreuses décennies mais qui, jusqu'à maintenant, souffrait d'un verrou technologique limitant son utilisation sur de gros moteurs. Nous avons développé une nouvelle architecture qui lève ces freins et permet de bénéficier de tous ces avantages, dont la simplicité, avec une vingtaine de pièces pour un moteur. Qui dit simple dit moins cher en ingénierie. Et moins cher, c'est ce que le client veut.On est très basé sur l’expérimental, on a déjà trois moteurs à notre actif qui cumulent plus de 20 minutes cumulées de tir de mise à feu. Ce n’est pas uniquement des simulations. À l’heure actuelle, on est en train d’assembler notre moteur à pleine échelle, un mètre de diamètre et si mètres de long, qui sera utilisé en 2026 et 2027. D’ici quelques semaines, il y aura son premier tir sur banc d’essai, ce qui va donner beaucoup d’éléments techniques.Comment est structurée la société HyPrSpace en elle-même et comment doit-elle évoluer pour exécuter sa feuille de route ?On a un positionnement technique et technologique qui est différent de tous nos concurrents, mais notre positionnement industriel l'est également. La plupart des projets de micro-lanceurs sont développés dans une logique d'intégration à 100%. C'est ce qu'a fait SpaceX finalement. Or on est persuadé que ça n’est pas la solution pour nous, ça marche très bien aux Etats-Unis parce qu’ils ont énormément d’argent, mais pas en Europe. Déjà on s’appuie sur un consortium pour PADA1. On développe le moteur et les structures. Et on s'appuie sur Telespazio pour ce qui est opération et lancement. Concevoir une fusée et l’opérer, ce n'est pas du tout le même travail ni le même métier. Sur notre partie, nous sommes actuellement entre 40 et 45, puisqu’on est en très forte phase de recrutement. Et d’ici la fin de l’année, on sera entre 65 et 70 au sein d’HyPrSpace. On recherche très majoritairement des ingénieurs expérimentés sur la combustion, la propulsion, de l’ingénierie mécanique, électrique, électronique, avionique. Concernant nos locaux, nous sommes actuellement au Haillan, avec des bureaux et un atelier car on est très basés sur des essais. Avec le moteur échelle 1, il va nous falloir un plus grand atelier. On va déménager sûrement d’ici la fin de l’année pour s’approcher d’une surface totale de 3.000 mères carrés, toujours au Haillan, sur une zone où ça se construit beaucoup.Autre annonce, qu’on fera la semaine prochaine, c’est le recrutement d’un nouveau directeur des opérations, le poste que j’occupais jusque-là. Les enjeux sont tels qu’on préfère faire appel à quelqu'un qui est plus expérimenté que moi. C'est quelqu'un qui a plusieurs dizaines d'années d'expérience en industrie spatiale, en aéronautique, mais aussi en structuration de startup. Mon nouveau titre sera directeur de la stratégie, ce que je faisais aussi depuis le début.Lever des fonds pour PADA1Allez-vous lever des fonds ?Oui, pour PADA1 il y a un budget global de 35 millions, dont 25 millions de subventions. Donc là on est en train de finaliser un premier tour de table et il y en aura un autre d’ici la fin de l’année. La vocation globale d’HyPrSpace est-elle de fabriquer des lanceurs spatiaux ? Ou d’être un motoriste innovant ?Premièrement, ce qu'on veut faire, c'est construire des lanceurs. Une fois qu'on a fait un moteur hybride pour une fusée, il ne manque pas grand-chose pour arriver un lanceur. L’inter étage, la coiffe et l'avionique… Ça serait dommage de s'arrêter aussi proche du but et donc, on fait le lanceur complet. Mais avec notre techno de propulsion innovante, il y a d'autres applications intéressées uniquement par un moteur. Et là, je pense à la Défense, avec qui on a déjà des contrats de R&D. D'autres vont être signés, puisqu'en fait, on apporte une brique technologique propulsive, qui est extrêmement simple et très peu chère, avec des capacités d'extinction, de rallumage, de modulation de poussée… ça les intéresse forcément.HyPrSpace (Hybrid Propulsion for Space)SAS fondée en mai 2019Siège social : Le HaillanEffectif : une quarantaine de personnesCA : NC

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