Placéco Landes, le média qui fait rayonner l’écosystème

Votre édition locale

Découvrez toute l’actualité autour de chez vous

Aéroport : l’impact carbone, « un combat qui ne se gagne pas seul »

Écosystème
jeudi 27 janvier 2022

Simon Dreschel, président du directoire de l'aéroport. Crédits : AL

L’aéroport de Bordeaux entame 2022 avec plusieurs dossiers pour « verdir » son activité. Biocarburants, centrale à hydrogène ou encore panneaux photovoltaïques : l’objectif affiché est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.

Doucement mais sûrement, le trafic reprend à l’aéroport de Bordeaux. Loin des 8 millions de passagers enregistrés en 2019, l’activité a pourtant grimpé de 35% l’année dernière, franchissant la barre symbolique des 3 millions de passagers. Surtout, l’aéroport semble mieux résister à la « vague omicron », quand, durant les précédentes, les voyageurs n’étaient plus au rendez-vous. « Nous arrivons aussi à reconstituer notre réseau, se félicite Simon Dreschel, président du directoire de la société aéroportuaire. Nous en aurons plus de 80 cette année dont plusieurs nouvelles, comme Zadar en Croatie. » Et si, en 2022, il n’y aura pas « d’explosion » du trafic, les équipes de l’aéroport s’attendent à une « reprise très sérieuse ». 5 millions de passagers sont ainsi attendus, soit 70% de l’activité d’avant-crise. « Nous avons un territoire extrêmement dynamique et il faut s’en réjouir, car Bordeaux attire », reprend Simon Dreschel.

Prochaine échéance pour l’aéroport, le terminal low-cost Billi, qui rouvrira à la fin du premier semestre. Si, il y a deux ans, le projet était de doubler ce terminal, le directoire a revu sa copie avec la crise sanitaire. Certaines salles verront tout de même leur capacité augmenter, et les perspectives semblent bonnes. « Le low-cost représente aujourd’hui deux tiers de nos vols passagers, détaille notre interlocuteur. Les compagnies concernées se sont montrées les plus agiles durant la crise, et les vols low-costs ne concernent pas que des lignes Bordeaux-Marrakech à 30 euros. » Toute gamme confondue, les vols domestiques représentent aujourd’hui la moitié de l’activité, les trois destinations les plus dynamiques restant Paris, Marseille et Nice.

Une cellule d'innovation et de R&D

Depuis le 1er janvier dernier, une cellule d’activité émergeante et d’innovation existe au sein de la société aéroportuaire. Plusieurs sujets sont sur la table comme les biocarburants. « Nous avons un groupe de travail, notamment avec le Grand Port Maritime de Bordeaux, affirme le président du directoire. C’est un sujet très local, et nous devons créer une filière sur notre territoire. Aujourd’hui les avions sont prêts, sont déjà certifiés et l’Union européenne demande qu’on intègre ces biocarburants, il faut donc que l’on prenne le pli. » D’ici quelques semaines, l’aéroport lancera un appel à manifestation d’intérêt ouvert à tous les acteurs capables de lui fournir ce biocarburant. « Pour voir quels tarifs ils proposent, dans quelle mesure, quelles aides sont nécessaires aussi car on est en lien avec les collectivités, avec l’Etat. »

Autre sujet potentiel, celui d’une centrale à hydrogène dans l’enceinte de l’aéroport. Un projet encore en réflexion, pour lequel deux pistes sont explorées : l’utilisation de cet hydrogène par des véhicules de piste, appartenant à l’aéroport ou à d’autres structures ; et l’utilisation par des collectivités ou des industriels environnants. Aucun calendrier n’est pour le moment fixé, « car tout notre travail consiste aujourd’hui à trouver une masse critique d’acteurs prêts à nous suivre », précise Simon Dreschel. « L’hydrogène ne se transporte pas, il doit être produit de façon "verte". Nous cherchons aujourd’hui des partenaires car c’est un combat qui ne se gagne pas seul ! »

Réduire les émissions de CO2

Cette cellule innovation vient appuyer un objectif : atteindre la neutralité carbone en 2030. Un pari ambitieux, dont Simon Dreschel a bien conscience. « C’est un changement clair, il faut que l’on investisse et que l’on soit concret. » D’ailleurs, plusieurs projets à court ou moyen terme sont en route, notamment pour réduire la part des émissions de gaz émanant du chauffage, soit 60% des émissions totales de CO2. L’aéroport de demain se pense en « centre d’énergie renouvelable », et cette année, le parking P0 sera équipé de panneaux photovoltaïques, pour 1,7 million d’euros d’investissements. « Cela réduira notre consommation de 4%, ce qui est encourageant car ce parking reste une petite surface. »

D’autres aménagements suivront, notamment autour de la géothermie. Un projet d’un million d’euros est en cours, pour permettre de « puiser l’eau à bonne température en profondeur et en tirer les bénéfices », en chauffant les infrastructures. « On sait que la réduction des émissions de 50% est atteignable avec ces deux moyens, ensuite viendra la question des déplacements, les émissions de nos clients, des sujets sur lesquels nous avancerons dans les années à venir », conclut Simon Dreschel. 

La piste secondaire, bientôt supprimée ? Si le sujet s’invite de nouveau dans les débats, Simon Dreschel l’assure, la question n’est pour le moment pas tranchée. Aujourd’hui, cette piste dite sécante, ne représente que 7% du trafic de l’aéroport. « Elle a été construire lorsque les aéronefs n’avaient peut-être pas les mêmes performances, lorsqu’il était plus difficile d’atterrir avec un vent de travers, précise le président du directoire. Mais le monde évolue, et on tient compte de ces évolutions. » Il assure que ses équipes sont en train de mener une étude globale sur les éléments technique, étude qui sera ensuite transmises à l’Etat, actionnaire majoritaire de la société aéroportuaire. Le scénario préférentiel aujourd’hui étudié est celui d’une fermeture de la piste, « mais si demain, une décision devait être prise, elle le serait sur plusieurs années ».

Sur le même sujet