Port de Bordeaux : bientôt une technopole dédiée au fluvial - Premium

Après trois années difficiles pour le Port de Bordeaux, 2021 aura été marquée par un rebond de l’activité. Si les chiffres ne sont pas encore définitifs, le trafic portuaire affiche une hausse de 10,3%. « Nous sommes dans la fourchette haute de la croissance des ports français, se réjouit Jean-Frédéric Laurent, président du directoire du Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB). C’est un rebond significatif, et c’est aussi un arrêt de la chute du Port de Bordeaux depuis des années. » En chiffres, ce sont presque 6,7 millions de tonnes cumulées à fin décembre 2021, contre à peine plus de 6 millions de tonnes un an auparavant. Pour autant, ce ne sont pas les filières socles du Port, tels que les hydrocarbures ou les céréales, qui ont contribué à la hausse d’activité. « Les hydrocarbures sont un secteur qui a enregistré pratiquement le moins de rebond en 2021, ce qui s’explique structurellement par une baisse de la demande et de la consommation », commente Jean-Frédéric Laurent. Ces 12 derniers mois, ce sont plutôt les filières dites de territoire, qui ont connu un essor franc. Celles ancrées dans l’industrie locale comme la transformation des produits d’agriculture, ou celles liées à la construction et le BTP. Celles, également, liées au développement « assez rapide » des produits de seconde vie, de l’économie circulaire. Comme notamment l’exportation de ferrailles, qui a enregistré une hausse de presque 57%. « En 2022, nous visons une activité à 7 millions de tonnes de produits transités par le Port, reprend le président du directoire. C’est un objectif modeste, mais qui marque un seuil en dessous duquel on ne souhaite pas descendre. » Les croisières de retour en 2022 Concernant les croisières, les navires n’étaient pas encore au rendez-vous en 2021. Le GPMB en a accueilli seulement 19, entre août et octobre, tandis qu’en 2019, ils étaient au nombre de 60. « Nous avons déjà des réservations de l’ordre d’une soixantaine d’escales pour 2022 et 2023, précise Jean-Frédéric Laurent. C’est un secteur qui devrait, si les conditions sanitaires le permettent, retrouver son régime voire être légèrement supérieur à celui qu’il a connu avant la crise. » Ce retour à une activité de croisière motive ainsi le Port de Bordeaux à relancer des études, pour accueillir des navires sur son site de Paulliac (anciennement Airbus). « Les premières réflexions ont montré que ce site pouvait techniquement répondre à la contrainte nautique des grandes unités [NDLR, jusqu’à 306 mètres de long], tout en répondant à la problématique touristique », précise le Grand Port. Les retombées économies pour le territoire seraient relativement importantes, car selon le GPMB, chaque passager dépense en moyenne 150 euros par jour à Bordeaux, et chaque membre d’équipage, en moyenne 30 euros. Les travaux sur le pont d'accostage, nécessaires à l'accueil de paquebots seront réalisés jusqu'en 2023 pour une mise en service en 2024. Si le montant d'investissement n'est pas communiqué, le Port de Bordeaux précise qu'il « se compose de sept chiffres ». Créer une technopole dédiée au fluvial 2022 sera également l’année du « soft power », précise le président du directoire. Le GPMB a en effet mandaté Bordeaux Technowest pour la création d’une 9e technopole, sur le site de Bacalan. Les thématiques seront évidemment liées aux métiers de la mer, du fleuve, du port ou de la mobilité fluviale ; mais aussi de la décarbonation ou de l’économie circulaire. « Nous avons déjà des contacts avec un certain nombre d’entreprises, de startups innovantes qui sont parfois de grands groupes ou des initiatives individuelles, avance Jean-Frédéric Laurent. Nous ne sommes pas uniquement en attente de projets des grands industriels, mais nous souhaitons aussi être force de proposition ». Surtout, le Port de Bordeaux compte prendre toute sa place dans ce projet. Et, pourquoi pas, investir dans les développements technologiques des startups présentes. « C’est aussi notre rôle d’être entrepreneurs, investisseurs, et nous proposerons à notre conseil de surveillance, chaque fois qu’un projet se présentera, de participer en tant qu’investisseur », confie Jean-Frédéric Laurent. Le président du directoire cite ainsi l'exemple de sociétés travaillant sur les carburants de synthèse ; ou sur les matériaux recyclables. Mais aussi, plus surprenant, sur le spatial. Un domaine qui a une utilité fondamentale en matière de surveillance des conséquences du réchauffement climatique, sur les zones dont le GPMB a la responsabilité. « On a 2.300 hectares de foncier, des zones naturelles, des activités économiques qui sont encore très largement ancrées dans une économie du carbone, commente Jean-Frédéric Laurent. Mais il faut qu’on soit en mesure de mesurer les impacts, positifs et négatifs, et d’optimiser la qualité de l’information qu’on pourra obtenir. » Une convention sera bientôt signée pour la création de ce futur site, baptisé Pôle d’excellence Garonne, et qui devrait ouvrir ses portes d’ici un an.A lire, mercredi 26 janvier sur Placéco : « Le Port de Bordeaux va investir 70M€ jusqu’en 2025 »

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