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Marion Albo : « le milieu du shape s'ouvre de plus en plus aux femmes »

Inspiration
mercredi 27 mars 2024

Marion continue de travailler pour l'instant dans l'atelier situé à Soustons. Crédits : Michael Dousse

Difficile de s'imposer, en tant que femme, dans l'univers du shape (comprendre : la confection de planches de surf). Comme dans d'autres filières industrielles, rares sont celles qui arrivent à se faire une place ou à en vivre. Marion Albo, aussi connue sous le nom de Surfista Surfboards fait partie des quelques rares européennes à avoir relevé le défi. Aujourd'hui, si son activité est moins importante qu'il y a quelques années, elle espère avoir inspiré d'autres femmes à poursuivre dans cette voie.

Marion Albo, 31 ans, est ce qu'on appelle une shapeuse. Au quotidien, elle confectionne des planches de surf à la main, de A à Z, dans un atelier situé à Soustons. De la découpe du pain de mousse, en passant par le ponçage et le glaçage, elle réalise toutes les étapes. Un métier qui a d'abord été réservé aux hommes. « Le milieu a longtemps été un peu macho. Et ça me fait plaisir de voir que désormais, de plus en plus de femmes s'y mettent. C'est en train de changer et il s'ouvre de plus en plus. » Aujourd'hui, elles sont une petite poignée, en France et même en Europe à vivre de cette activité. Marion, alias Surfista Surfboards, a fait partie de celles qui ont pu faire de leur passion un métier. « Pendant plusieurs années, j'ai travaillé sept jours sur sept et je concevais entre 6 et 8 planches par mois. »

Un rythme effréné pour elle, qui lui a permis de faire de son activité, sa source principale de revenus. Pour être à l'aise financièrement, Marion a quand même dû prendre un second emploi. « De 10h à 18h j'étais à l'atelier et de 19h à 3h du matin au bar. » Un emploi du temps chargé, qui l'a aidée à se faire un nom dans le petit milieu du shape. Depuis qu'elle s'est lancée à son compte, en 2016, Marion Albo a conçu quelques centaines de planches, toutes « sur-mesure », comme elle l'explique. « Tous mes hivers je les passais en Australie ou à Bali pour me faire la main. Ça a duré cinq ans. » Là-bas, elle travaille pour des marques telles que Deus ou DHD Surfboards. « Il y a une forte saisonnalité dans ce métier. L'hiver j'ai très peu de commandes et une production qui n'est en général pas assez importante pour en vivre à cette période. Et puis c'est un rythme que j'aime. Passer l'hiver au soleil c'est quand même très agréable », sourit-elle.

Une filière fortement impactée par les crises successives

Aujourd'hui son rythme a fortement baissé et les ventes sont moins nombreuses. Comme beaucoup d'autres industries, le secteur du shape a été fortement impacté par l'inflation. « Mon chiffre d'affaires a bien diminué. Aujourd'hui, l'activité n'est pas suffisante pour couvrir les charges que j'ai. Le prix des matières premières a augmenté de près de 45% et je ne peux pas augmenter d'autant mon prix de vente. Une planche de surf c'est déjà un investissement. Certaines de mes planches sont vendues à 1.000 euros. Si je passe à 1.500, les clients ne vont pas comprendre et surtout ne vont pas suivre », affirme-t-elle, à regrets.

« J'ai donc décidé d'augmenter mes prix de 20 ou 25% mais ça veut dire que j'ai une baisse de bénéfices. Donc je gagne moins, je travaille plus et j'ai moins de commandes, aussi parce que depuis ces crises successives, les gens consomment moins ou en tout cas différemment », raconte-t-elle. Une baisse d'activité qui pourrait à terme, l'amener à arrêter son activité. Pour autant, elle se dit fière du chemin parcouru et explique que si elle a pu inspirer d'autres jeunes filles ou d'autres femmes à poursuivre dans cette voie, elle aura tout gagné.

L'étape de ponçage fait partie du processus de shape. Crédits : Michael Dousse

« J'en fais moins mais je prends toujours autant de plaisir »

« Il faut se souvenir que c'est avant tout un métier passion. Pendant un moment, toutes ces difficultés m'en ont un peu dégoûtée pour être honnête. L'année dernière, j'ai vraiment décroché. Je travaillais essentiellement en sous-traitance, pour d'autres marques », avoue-t-elle. « Et puis, dernièrement, j'ai rentré quelques commandes sur lesquelles j'ai vraiment adoré travailler. Aujourd'hui, j'en fais moins, mais je me régale à les faire. Et j'arrive à attirer des clients qui viennent parce qu'ils me connaissent et veulent mes résines teintées ou mes types de planches. C'est donc assez satisfaisant. » Cet été, Marion Albo va à nouveau travailler dans un café, et en parallèle, faire des missions en tant que photographe. « Durant cette période, le shape ne sera pas ma priorité. Je ferai en fonction des commandes qui tombent, des clients qui reviennent ou viennent me voir pour mon style à moi. »

Aujourd'hui, la shapeuse préfère faire les choses avant tout par passion et elle espère avoir inspiré d'autres femmes à poursuivre dans cette voie. « A toutes celles qui veulent s'y mettre, j'ai envie de leur dire de foncer et de ne pas s'arrêter aux critiques. Il y aura sûrement des bâtons dans les roues mais il faut qu'elles s'accrochent si ça leur plait. »

Surfista Surfboards
Année de création : 2016
Implantation : Soustons
Effectif : 1 personne
CA en 2023 : n.c

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