H&A Location recompose son capital et accélère vers les spiritueux - Premium

La société bordelaise H&A, spécialiste de la location de barriques, vient de boucler un nouveau tour de table. A l’issue de l’opération, 3 nouveaux investisseurs font leur entrée au capital. D’une part la société bordelaise de capital-investissement Galia Gestion. Et, d’autre part, deux entités du groupe Crédit Agricole : IDIA Capital Investissement et Grand Sud Ouest Capital Investissement. « Le fonds d’investissement Ciclad était là depuis 14 ans, ils étaient plutôt dans une logique de sortie, pose le président de la PME girondine Richard Hardillier, cofondateur aux côtés de son directeur général Florent Arrouy. L’opération nous permet d’embarquer des institutionnels au capital, ce qui cautionne notre stratégie d’ouverture aux spiritueux, qui permet d’amener les barriques sur des durées de vie de 25 à 30 ans. Cela nous paraissait important d’aller voir des institutionnels, le Crédit Agricole n’est pas une banque de traders, c’est une banque verte au sens RSE et ils sont très liés avec le secteur vitivinicole qui est au cœur de notre business. En outre ça permet d’injecter des fonds. Le management, soit 5 personnes, avait des BSA (ndr : bons de souscription d’actions) qu’ils ont exercé et possèdent désormais 13% du capital. Enfin notre duo fondateur (ndr : à l’origine des financiers parisiens) avait 50% moins une voix, maintenant nous sommes clairement majoritaires », détaille Richard Hardillier, qui évoque par ailleurs l'intervention de LCL pour une levée de dette senior à impact à cette occasion.Initialement positionnée sur le financement et la revente de barriques pour les professionnels du vin, H&A a progressivement fait évoluer son modèle, en l’ouvrant à la location et à la reprise-revente. « On arrivait à faire 2-3 cycles mais on était limités ». Un nouveau déclic s’est produit en proposant des barriques ayant servi à vieillir du vin au secteur des spiritueux. « La valorisation se faisait principalement par “aging” (ndr : vieillissement), ce qui suppose un stockage long, coûteux, dangereux… éclaire le dirigeant, nous on va leur permettre de travailler sur le finish, en certifiant une origine, les différents cépages qu’a connu la barrique, avec une traçabilité complète. Cela leur permet de créer de l’unicité. Le whisky cherche à se différencier, sinon ça n’est que du grain et de l’eau. Ils sont en train de se différencier et nous accompagnons cela ».Conquête des spiritueux via l'EcosseAyant fait ses premiers pas à l’export en Espagne (6 personnes), H&A a depuis fait du chemin au-delà de son univers bordelais natal. Outre une agence en Bourgogne, elle dispose de filiales aux USA (Californie, 10 personnes mais aussi en Italie (3 personnes), à chaque fois des sociétés de droit local qui appartiennent à la maison mère. « On est obligé de le faire car à chaque fois, on a un stock en local, on refinance en local, c’est toujours de l’économie de proximité », explique le président. Employant 80 personnes (effectif paritaire) dont la moitié à Bordeaux, « on doit tout à Bordeaux, je le dis d’autant plus facilement que je n’en suis pas originaire », la SAS oriente 60% de son effectif vers les clients, la force commerciale et le back-office. Avant de songer à d’autres filiales, l’ambition immédiate est d’accélérer la filiale écossaise, ouverte l’été dernière et centrale pour le développement vers les spiritueux. Lequel « permet de lisser les aléas climatiques et météorologiques que connaît le monde du vin », souligne Richard Hardillier. Et qui, en 3 ans, pèse désormais 50% du chiffre d’affaires, qui s’élevait à plus de 350 millions d’euros en 2022. La PME annonçait quelque 400 millions en 2021. Explications : « notre vision du chiffre d’affaires évolue, le leasing a une vertu : les contrats sont revus chaque année. On passe d’une location financière à une location opérationnelle. Avec l’ancien modèle, le chiffre d’affaires dépasse le demi-milliard ». Et de poursuivre sur la traction toujours dynamique : « on ne perd pas de clients (ndr : plus de 1.700 actuellement), avec 96% de fidélisation, l’évolution est forte y compris en France où l’on continue à gérer une barrique sur deux. Cette année, nous avons pour plus de 10 millions d’euros de nouveaux clients ».La location de barriques “gratuite” pour le vin ?« J’ai un rêve : que l’utilisation par les vignerons donne à la barrique une valeur supérieure auprès du client suivant. Dans la location de barriques, les vignerons ne payent que la décote. Le coût sur ce poste deviendrait marginal voire gratuit. Le spirits (ndr : le secteur des spiritueux) sera majoritaire dans notre activité d’ici 5 ans. Dans le cycle de la barrique, après le whisky, il y a le brandy. C’est sans fin… Le coût est dilué, la valeur ajoutée répartie en économie circulaire. C’est ce qui rend nos investisseurs institutionnels si enthousiastes ».En parallèle, H&A Location poursuit un autre rêve, celui de la barrique connectée. Un dossier où les travaux progressent mais sont encore loin d’aboutir. « Actuellement on fait du curatif. Connecter la barrique permet d’envoyer des datas aux labos, de déceler le problème de manière très fine et le plus tôt possible, pour corriger. C’est du “softwine”, du vin qui n’est pas choqué. La transmission peut se faire par radiofréquence. La partie sonde est aujourd’hui trouvée mais pas miniaturisée. Plus la barrique sera connectée et plus on fera du préventif. C’est l’avenir du vin et de l’alcool. Cela verra le jour dans 2-3 ans peut-être. Mais le jour J, on sera prêt ».H&A LocationFondée en 200480 personnesCA 2022 : 350 M€38 rue Ferrère, Bordeaux05 56 74 61 26

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