Epsilon Composite, des câbles électriques aux meubles designs - Premium
Alexandre Lull, directeur général délégué, dans le site de production d'Epsilon Composite - Photo MB
L’entreprise médocaine Epsilon Composite, leader de la fibre de carbone, aborde cette année 2021 comme les précédentes : avec une forte volonté d’innover. Son projet phare est aujourd’hui la conception de câbles de lignes à haute tension en composite, mais elle vient également de lancer une marque de mobilier design « made in Médoc ».
A Gaillan-en-Médoc, Epsilon Composite n’a pas cessé son activité depuis le début de la crise. Mieux, le carnet de commandes a doublé en ce début d’année. « Nous sommes une entreprise de composite très diversifiée, c’est ce qui nous a permis de résister, explique Alexandre Lull, directeur général délégué d’Epsilon Composite. Beaucoup de nos concurrents dans le monde sont en grande difficulté actuellement et nous le serions aussi si nous avions une activité centrée uniquement sur le génie civil ou les câbles à haute tension. »
En 2020 le chiffre d’affaires était de 23,7 millions d’euros, une « année blanche » pour l’entreprise qui a terminé avec un résultat à l’équilibre, quand elle visait initialement la barre des 30M€ de CA. L’objectif 2021 est donc tout tracé, mais les équipes de la PME ne se reposent pas pour autant sur l’afflux de clients. « Nous devons sans cesse nous développer, innover, pour rester leader du marché, reprend Alexandre Lull. Le secteur du composite s’inscrit dans un cycle long, il nous faut entre 2 et 5 ans pour lancer, développer et finaliser un produit. Par exemple nous travaillons sur la structure des futurs dirigeables Flying Whales, à une échéance 2030. »
Le composite, un matériau d’avenir…
L’histoire d’Epsilon Composite remonte à 1987. Stéphane Lull fonde son entreprise pour démocratiser le composite – ou autrement dit la fibre de carbone. « C’était complètement fou à l’époque, reprend le directeur général délégué. Ce matériau était utilisé en laboratoire, par la NASA… Lui a dit "je vais en mettre partout". » Grâce au procédé de pultrusion, qui étire la fibre à travers un moule, on donne ainsi naissance à un matériau durable, résistant et inaltérable. 34 ans après son lancement, l’entreprise emploie plus de 200 salariés et le pari de Stéphane Lull est gagné.
Aujourd’hui la fibre de carbone est utilisée pour pléthore de produits de la vie courante : vêtements, sacs, masques chirurgicaux, « les machines conçues pour les réaliser sont en fibre de carbone. C’est invisible pour le consommateur final, et pourtant on l’utilise. » Epsilon Composite conçoit et fabrique des solutions permettant de répondre à des problèmes complexes, ou de gagner en productivité.
… Jusque dans les lignes électriques
Le projet phare de l’entreprise est aujourd’hui la modernisation des câbles électriques à haute tension. Traditionnellement conçus avec une âme en acier et un conducteur en aluminium, ces câbles doivent supporter jusqu’à 400 kilovolts. « Ces conducteurs sont assez limités car ils se dilatent, ce qui réduit la quantité de courant pouvant passer dans ces lignes. Nous, nous venons remplacer l’âme en acier par du carbone qui se dilate très peu. Les pertes peuvent être réduites de 30 à 40%, ce qui équivaut à autant d’énergie qu’il n’y a pas à produire. »
Epsilon Composite avec ses partenaires, fournit ainsi des exploitants de réseau de pays émergeants, notamment en Asie ou en Amérique du Sud. « Aujourd’hui nous sommes n°2 mondial sur cette solution, précise Alexandre Lull. Pour nous c’est un marché d’avenir dans lequel nous croyons beaucoup. On parle aujourd’hui beaucoup de voitures électriques alors que moderniser les lignes électriques, c’est une activité moins grand public qui a autant d’impact pour un coût réduit. » Un domaine sur lequel, selon lui, les pays européens sont en retard car le composite est un matériau récent. « On a moins de recul que les solutions métalliques. »
Des meubles designs réalisés en composite
Chaque année, la PME consacre 10% de son CA à la R&D. Une part non négligeable pour Epsilon Composite, qui compte à son actif une centaine de brevets déposés, tant sur les procédés de fabrication que sur les produits finis. Si une trentaine de personnes s’y consacrent quotidiennement, l’innovation se veut aussi ludique. Depuis plusieurs années l’entreprise organise tous les ans un un concours d’innovations interne, Epicure. Les participants, en binôme, doivent présenter un projet pour valoriser les rebuts de production. « Il ne s’agit pas de les recycler mais de les surcycler, détaille Alexandre Lull. Pour créer un produit qui vaut finalement plus cher. » Fauteuils roulants, trottinettes électriques, si les équipes détectent un vrai potentiel après étude de marché, les projets font l’objet d’un lancement commercial. « L’équipe à l’origine de l’innovation est ensuite rémunérée si le produit est mis sur le marché, c’est un vrai levier pour stimuler la création. »
Parmi les projets, celui de créer des meubles designs a aujourd’hui donné naissance à une marque, Belull. « On voyait qu’il y avait un vrai potentiel, reprend notre interlocuteur. Les meubles au départ imaginés par nos équipes dans le cadre d'Epicure sont aujourd'hui pensés par un designer avec lequel nous travaillons, Emmanuel Gallina, à partir de la fibre de carbone. » Bureaux, tables basses ou bouts de canapé, les produits sont, comme toute la production d’Epsilon Composite fabriqués en France. « C’est ce que l’on appelle de l’intraprenariat, sourit Alexandre Lull en évoquant ce néologisme. Tout le monde peut avoir de bonnes idées. Ces meubles ne feront pas une différence considérable dans notre chiffre d’affaires mais on ne le fait pas pour créer de l’argent. Pour nous il faut avant tout que ce que l’on produit ait du sens. »
Epsilon Composite
Basée à Gaillan-en-Médoc
200 salariés
CA 2020 : 23,7M€
www.epsilon-composite.com
