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En 2023, la supply chain a ralenti Dassault Aviation

Stratégie
mercredi 06 mars 2024

Assemblage Falcon dans l'usine de Mérignac. Crédits : Dassault Aviation - A. Daste

Le constructeur français Dassault Aviation a vu son chiffre d’affaires plonger l’an passé. Principalement en raison des tensions toujours présentes sur les chaînes d’approvisionnement. Un état de fait qui devrait encore persister en 2024, alors que le groupe est lui-même engagé dans un lent processus de montée en puissance de sa cadence industrielle.

Dès la présentation des résultats 2022, qui fut notamment « historique en matière de prises de commandes », la direction du groupe Dassault anticipait des turbulences pour l’exercice 2023 et mettait la sécurisation de la supply chain au premier rang des préoccupations. À juste titre. Dans la présentation qui vient d’être faite des résultats de l’avionneur pour l’année, la prévision s’est avérée exacte. « Les difficultés des chaînes d’approvisionnement débutées avec la crise Covid affectent durement les sous-traitants de l’industrie aéronautique qui n’arrivent toujours pas à livrer avec la qualité et les délais requis. Les défaillances de certains fournisseurs, ainsi que des manques de capacitaires, principalement en aérostructures, se sont traduites pour le groupe par des retards de mise en production. » Conséquence, Dassault a livré l’an passé 13 Rafale neufs - 11 pour la France et 2 à l’export, pour la Grèce - contre 14 en 2022, ainsi que 26 Falcon, 6 de moins que lors de l’exercice précédent. Le retard sur l’entrée en service du Falcon 6X, finalement intervenue en février dernier, est également évoqué pour expliquer ce recul des livraisons.

Au terme de l’année 2023, le chiffre d’affaires de Dassault Aviation* dépasse très légèrement 4,8 milliards d’euros, contre 6,95 milliards en 2022. Le résultat opérationnel s’établit à 349 millions d’euros (7,3% du chiffre d’affaires) contre 591 millions (8,3% du CA) un an plus tôt. Le résultat net consolidé s’élève à 693 millions d’euros, contre 716 millions en 2022. La trésorerie disponible, 9.529 millions d’euros à fin décembre 2022, est descendue à 7.294 millions en fin d’année dernière. Un exercice au cours duquel les prises de commandes ont également reculé : 60 Rafale (42 France et 18 export) contre 92 Rafale (tous à l’export) en 2022 et surtout seulement 23 Falcon, près de trois fois moins qu’un an plus tôt (64 Falcon).

L’absolue nécessité de monter en cadence

Reste que le carnet de commandes global s’inscrit malgré tout en progression avec, au 31 décembre dernier, une valeur totale de 38,5 milliards au travers de 295 avions : 141 Rafale export, 70 Rafale France et 84 Falcon. Postérieurement à la clôture des comptes, ce carnet de commandes « s’est enrichi avec l’entrée en vigueur en janvier 2024 de la troisième tranche de 18 Rafale du contrat Indonésie ». Ce qui porte à 495 appareils le nombre de Rafale commandés depuis le début du programme.

L’objectif affiché est donc une impérative montée en puissance de la production. Un travail de longue haleine. Concernant l’avion de combat, dont la fabrication s’étale sur quelque 36 mois, Dassault livrait à peine un appareil par mois en 2020. À fin 2023, la cadence a été doublée et le rythme mensuel devrait encore progresser en 2024 pour atteindre un niveau 3. L’entreprise, qui estime que les difficultés des fournisseurs vont persister cette année, compte livrer 20 Rafale et 35 Falcon, ce qui induirait une hausse du chiffre d’affaires. Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, estime que le groupe et notamment son usine de Mérignac sont industriellement dimensionnés pour soutenir une cadence de 4 appareils militaires par mois.

Décarbonation
« Nous sommes engagés dans la décarbonation », affirme la direction, qui souligne que « tous les modèles Falcon sont certifiés pour des mélanges SAF/kérosène jusqu’à 50% ». Des carburants alternatifs (SAF, Sustainable Aviation Fuel) qui, actuellement, « présentent des taux de réduction des émissions de carbone de l’ordre de 80% à 90% par rapport au kérosène », rappelle encore le constructeur français. « Tous les vols Dassault Aviation y compris aux Etat-Unis sont effectués avec des mélanges 30% SAF, aujourd’hui les seuls disponibles sur le marché. 413 vols ont été effectués en 2023 par Dassault Aviation avec des mélanges 30% SAF (vs 179 en 2022) », assure la direction. Selon cette dernière, « les avions en production seront compatibles 100% SAF en 2030 (Falcon X nativement) ».


* En Nouvelle-Aquitaine, des sites industriels à Mérignac et à Martignas sur Jalle (Gironde), à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) et à Poitiers (Vienne).

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