Comment Quanteec veut « rendre le monde du streaming meilleur » - Premium

C’est une révolution et elle aura été extrêmement rapide à se propager. Depuis le début des années 2010, les solutions de visionnage vidéo en ligne (plates-formes, SVoD, AVoD…) ont été massivement adoptées par les utilisateurs, notamment aux Etats-Unis : en février 2022, l’utilisation du streaming a pour la première fois dépassé celle du câble, leader incontesté depuis près d’un demi-siècle (source : NBC). Une accélération appelée à se poursuivre, le marché global du streaming devant selon les projections dépasser les 500 milliards de dollars d’ici 2030. Face à cette croissance des usages et des exigences en matière de qualité vidéo et audio, « la réponse a jusque-là été simple, résume Daniel Négru, CEO et cofondateur de la startup bordelaise Quanteec : plus d’utilisateurs, donc plus de serveurs. Nous voulons prendre un chemin annexe. »Plutôt que de continuer uniquement la course à l’armement et à la mise en œuvre de capacités de diffusion toujours plus importantes par les CDN (réseaux de diffusion de contenus : géants du cloud, Amazon Web Services, Akamai, Microsoft Azure…), la jeune pousse bordelaise parie sur un changement de paradigme, avec une approche communautaire, frugale et transparente pour l’utilisateur, choisissant de « maximiser les ressources déjà disponibles ». Avec une inspiration toute simple : « si on regarde un flux, via sa télé connectée, son ordinateur, sa tablette, son smartphone… on peut soit-même être serveur de ce flux », annonce le dirigeant. Par quel miracle ? « Ces équipements sont aujourd’hui suffisamment évolués pour assurer des fonctions de rediffusion immédiate. Techniquement, c’est notre module logiciel qui permet ça, quelques lignes de code à intégrer au sein du player vidéo des diffuseurs. Et qui permettent aussi de recomposer un flux à partir de ceux de plusieurs utilisateurs et non pas d’un seul, évitant les problèmes si l’un d’eux a un petit réseau. » Facile en apparence, même si plus de deux ans de R&D ont été nécessaires pour y arriver.Un petit nombre de (très) gros acteurs à convaincreLancée sous sa forme actuelle mi-2022, cette solution est donc commercialisée auprès des diffuseurs. « Ce sont eux nos clients, on ne perdra pas de temps à essayer de convaincre chaque personne visionnant du streaming d’installer lui-même Quanteec. Sur un flux, c’est en moyenne -50% de données à envoyer par le diffuseur, on a atteint 75% dans certaines circonstances. Cela réduit le coût économique et l’empreinte carbone. Et ça donne à l’ensemble une plus grande solidité face aux pannes ou crashs de serveurs et ça permet dans 90% des cas d’atteindre la qualité vidéo maximum. On soutient la qualité de service », déroule le dirigeant. Et d’expliquer son modèle économique : « on a pris le parti d’un business model hyper simple. On facture au volume de données qui sont échangées via notre technologie, mais au minimum 25% moins cher. C’est comme ça qu’on veut gagner le marché, c’est une offre très disruptive ». Reste que pour l’heure, Quanteec est encore loin de régner sur le monde du streaming, même si quelques succès sont à son actif. « Aujourd’hui, on a tout le marché des webcams de tourisme en France avec Viewsurf, ainsi qu’une douzaine de télés régionales comme TV7 Bordeaux et une quinzaine de sites sportifs liés à des fédérations nationales (natation, lutte…) ». Pas encore de quoi sabler le champagne ni rouler sur l’or. « Sur l’année en cours, si je devais jouer au jeu des prédictions, je dirais 80.000 ou 100.000 euros de chiffre d’affaires. On n’est pas encore rentable : on fait des prix cassés pour être compétitifs », confesse le CEO.L’objectif est donc de convaincre les gros acteurs de la diffusion. Des discussions sont ainsi en cours avec des diffuseurs télé en France et en Europe. Les 2 distinctions (“Product of the Year” dans la catégorie streaming et “Next TV - Best of Show”) remportées il y a quelques jours lors du NAB Show de Las Vegas, grand-messe annuelle des diffuseurs, constituent un signal encourageant. « Ce salon a été très prometteur. De nombreux contacts ont été établis aussi bien avec des acteurs européens de la diffusion qu’avec des américains. Les échanges initiés devraient permettre d’aboutir à des contractualisations de contrats dans un avenir proche. Des partenariats aussi vont être noués pour disséminer la solution Quanteec au travers de canaux complémentaires de recommandation. C’était une grande surprise mais nous sommes ravis que l’industrie du streaming évolue son point de vue sur la façon de distribuer du contenu vidéo en mettant en lumière des solutions performantes, économes et durables. Cela va nous donner une visibilité que nous n’aurions pas réussi à avoir aussi rapidement », déclarait avec enthousiasme Daniel Négru à Placéco à l’issue du NAB Show.Grandir et viser d’autres ciblesS’appuyant actuellement sur une équipe (5 personnes) aussi légère que sa propre solution, Quanteec doit grandir, notamment sur le plan commercial, tout en poursuivant ses efforts en R&D. L’effectif pourrait ainsi doubler et atteindre « 10 à 12 personnes si on est prudent ». Au soutien de la feuille de route, les dirigeants envisagent une levée de fonds, qui pourrait se concrétiser fin 2023-début 2024. L’opération devrait voir intervenir 2 ou 3 fonds, « des business angels liés au sport ou à l’écologie et l’impact », précise le dirigeant, qui vise une fourchette entre 1 et 2 millions d’euros. « Il y a une traction, on met les moyens sur l’aspect commercial pour gagner de gros diffuseurs ». Et de lever un coin de voile sur une autre cible potentielle : « il y a un gros segment qu’on n’a pas encore adressé mais qui a certainement un potentiel : les équipes de communication interne des grosses entreprises et des grands groupes. Là aussi, il y a un enjeu. Mais ça supposera de signer directement avec les entreprises. C’est une démarche beaucoup plus complexe », reconnaît Daniel Négru.QuanteecSAS créée en novembre 2016Siège social à BordeauxEffectif : 5 personnesCA : NC

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