Alexandre Laing (Tudigo) : « viser le milliard d’euros et avoir un poids réel dans le private equity » - Premium

Sur quelle tendance se trouve l’activité historique de Tudigo, l’investissement non coté ?L’entreprise double de taille tous les ans. En 2020, on faisait 6 millions euros d’investissement, en 2021 14 millions puis 40 millions en 2022. Cette année, ça sera 80 à 90 millions d’investissements, peut-être 100. L’activité est en pleine démocratisation et répond à une vraie demande de diversification et d’alternative aux FCPI, au Pinel et à la crise immobilière. Le particulier le réclame, c’est un investissement qui a du sens. Le private equity l'an dernier, c’était 25 milliards en France. Dans l'épargne des Français, soit 500 milliards d’euros au total, l'equity représente 5 milliards. Il y a 1% des Français qui investissent en non coté, aux USA c’est 10%. D’ici trois ans, on vise un demi-milliard d’investissements et un milliard à cinq ans. Depuis trois ans, on est en fait assez conservateur dans nos prévisions, pour assurer et garantir la pérennité de l’entreprise et sortir avec un bilan rentable, dépasser l’objectif et avoir une bonne surprise. En réalité j'aimerais atteindre un milliard à trois ans, soit 20% du marché français de l'equity actuellement. Un milliard, ça dit qu’on a un impact et un poids réel dans le private equity et qu'on change la façon dont il fonctionne. Je pense qu’on peut faire beaucoup plus que ça, même si ça dépend des moyens et de la mise en place du staff senior.Vous avez lancé un premier club d’investissement. Quelle est l’idée qui sous-tend ce projet ?C’est une démarche de démocratisation. L’idée est de mettre à la tête des clubs des personnes qui ont un réseau supplémentaire en termes de projets et des communautés de gens qui les suivent qui leur confiance. Cela permet de toucher de nouvelles audiences, de répondre à la demande de certaines personnes qui aiment suivre. Il y a plus de fonds d’investissement qui aiment suivre que de fonds qui aiment “leader”. Là c’est équivalent. On en a lancé un premier club d’investissement qui s’appelle « FairMoove Invest », avec Jean-Pierre Nadir, un serial entrepreneur et investisseur à succès. C’est un club dédié à la transition environnementale et sociale du tourisme. C’est un premier club, un galop d’essai. D’autres en préparation, deux ou trois, avec des entrepreneurs et investisseurs influents spécialisés sur certaines thématiques.LE lieu à Bordeaux où parler d’investissementVous venez d’acquérir un bien immobilier de 900 m² au 37 rue Thiac à Bordeaux. Dans quels buts ?L’entreprise double de taille tous les ans. On était une dizaine en 2020 et 60 aujourd'hui, 80 l’année prochaine peut-être plus. On se projette sur l’avenir, potentiellement entre 150 et 200 personnes à un horizon de trois ans. Les bureaux d’il y a deux ans n’étaient pas prévus pour ça, donc il faut avoir de la place. L’autre idée, c’est avoir un lieu qui doit être iconique demain, on veut que ce soit un lieu de passage, d'événements, LE lieu de l’entrepreneuriat, de la tech et de l’investissement, où parler d’investissement à Bordeaux… Au moins deux fois par mois, il y aura des événements, des petits déjeuners, soirées, ateliers, partage d’expérience. Cela se fera en lien avec l’écosystème, on va voir notamment avec French Tech et ouvrir à qui souhaite. Il y a tout un étage et un jardin de 400 m² qui sont parfaits pour des conférences, des cocktails, une salle avec une estrade. Deux étages seront ouverts au coworking, les premières demandes sont déjà là. Il faut prévoir trois mois travaux, l’objectif c’est un aménagement en janvier. On pourrait ensuite décliner ça ailleurs en France. On va atteindre les limites de l’embauche de tous les collaborateurs à Bordeaux, il va falloir avoir d’autres points névralgiques, pas aussi gros. Le siège restera à Bordeaux, on aura des espaces plus petits dans d’autres villes de France.Vous allez continuer à grandir sur Bordeaux ?À très court terme, on cherche des profils très seniors sur le marketing digital, l’animation de réseaux, l’organisation de réseaux d’investisseurs et des conseillers en investissement. Aussi sur la partie technique, développement et IT. On est en train de recruter un directeur d'investissement issu de fonds d’investissement car on va lancer des fonds en complément dans le courant du premier semestre 2024. On cherche des calibres qui ont connu le passage de start-up à scale-up pour nous accompagner. On recrute un DRH car jusque-là, on a fait le beurre des agences de recrutement, on n’était pas assez bien structuré à l’interne sur ce sujet-là. La boîte double de taille et étend son périmètre, ça donne des perspectives d’évolution très diverses, en vertical et en horizontal.Dans le cadre du programme d’accélération Appolo lancé en milieu d’année, une première promotion de 10 startups a été sélectionnée : Enchères Immo, Welii, Elyos, Azeoo, Mendo, AirSaaS, SmartGarant, Mantra, Dokey, Clovis. Deux millions d’euros ont été levés et l’accélération a démarré depuis mi-septembre, dans les locaux du partenaire Tomcat Factory.Ambitions européennesAutre nouveauté, il était question de lancer une place de marché secondaire ? Où en est-ce et quel est le but ?C’est en préparation, désormais pour 2024. On a dû le déprioriser dans le cadre d’une refonte plus globale de la plate-forme, suite à l’arrivée de notre nouveau CTO, qui est un gros profil. Le but, c’est de créer de la liquidité. Dans un premier temps pour les gens qui ont investi sur Tudigo. Puis à terme, quand ça aura atteint une taille critique, ça sera ouvert aux autres.Comment va se conclure 2023 et quelles perspectives pour l’avenir ?Déjà à fin septembre, on est à plus de 6 millions d’euros de chiffres d’affaires pour l'entreprise. Compte tenu de la saisonnalité de notre activité, on devrait se situer entre entre 8,5 et 10 millions en 2023 [ndlr : 4,2 millions l’an dernier], avec un excédent brut d’exploitation entre 1,5 et 2 millions. Pour l’année prochaine, on étudie le test et l’attaque d’autres pays, d’abord limitrophes, les pays francophones, plus l’Espagne et l’Italie. On va aussi étudier l’Allemagne, on commencera à tester si tout va bien dans le courant du deuxième semestre. Mais on a aussi énormément à faire sur marché français. On a d’ailleurs un vrai canal qu’on ouvre en ce moment, c’est le canal de distribution des CGP, les conseillers de gestion en patrimoine. On ne les utilise pas assez, c’est très minoritaire chez Tudigo, alors que leurs clients demandent ce que nous proposons. Ouvrir ce nouveau canal de distribution, c’est comme un nouveau pays ou une nouvelle zone.

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