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Crise du logement : arrêtons les querelles de clocher

Opinion
jeudi 22 juin 2023

Président du bailleur social Domofrance, Philippe Rondot profite de la rubrique Opinion, réservée aux adhérents Placéco, pour partager son point de vue sur la crise du logement, en réponse aux récentes annonces du gouvernement. 

J’ai envie de commencer cet article par une note d’optimisme : la convention quinquennale d’Action Logement – normalement signée sur le même tempo que la mise en place d’un gouvernement – a pu enfin aboutir… vendredi dernier ! Une bonne nouvelle de nature à rassurer la capacité d’intervention de Domofrance et de son actionnaire Action Logement sur le marché du logement social et à confirmer leur rôle d’acteurs engagés pour un logement abordable pour tous.

C’est un soulagement, faute d’y voir plus clair. Car ne nous méprenons pas : la faiblesse des annonces proposées par le gouvernement (cf. rapport du CNR logement) pour soutenir l’immobilier relève davantage d’un coup de frein politique que d’un élan de renouveau.

Une posture incompréhensible, car le marché s’enfonce inexorablement dans la crise, avec une chute vertigineuse des ventes, et des taux de mise en réservations. Sans compter les coûts de plus en plus élevés de construction, des ordres de service gelés, la rareté du foncier associé à un contexte réglementaire, certes des plus ambitieux, mais aussi toujours plus contraignant… Le taux de rotation des logements sur le parc social lui-même se rigidifie de façon très significative, bloquant ainsi les nouvelles offres à mettre à disposition de millions de demandeurs.

Toutes les conditions sont réunies pour gripper la machine d’un secteur pourtant essentiel, tout autant à l’économie qu’à la vie sociale d’un pays.

J’observe avec regret la solution facile et démagogique du moment de clouer au pilori la promotion immobilière, « la poule aux œufs d’or » des investisseurs en mal de défiscalisation.

On est en droit de s’interroger sur cette volonté consciente ou inconsciente d’opposer les parties prenantes, en créant des clivages politiques, sociaux et économiques.

A persister ainsi , c’est la chronique d’une crise annoncée, très sévère, aux conséquences durables et socialement imprévisibles qu’il nous faudra redouter.

Il est temps de regarder - droit dans les yeux - le principe de réalité : il y a des jeunes ménages qui n’ont plus accès à la propriété faute de prêts. Des étudiants qui ne trouvent pas de logements. Des balances migratoires en forte hausse, dans certaines régions, des travailleurs dit de proximité, de plus en plus éloignés de leurs lieux de travail…

Au lieu d’un coup de frein, nous avons besoin d’un coup de pouce, avec des dispositifs concrets et tangibles pour inverser la vapeur.

Arrêtons de caricaturer la promotion immobilière, arrêtons les querelles de clocher. Nous avons besoin d’entrepreneurs, de promoteurs, d’acteurs du BTP, d’investisseurs comme de petits propriétaires pour relancer un secteur mis à genou. Et ENSEMBLE, ayons l’audace de construire le monde de demain.

Commentaires - 2
ERIC ARNAULT - 23/06/2023 12:32
Il est dommage qu'un dirigeant d'OLS oublie le logement social dans son analyse de la crise du logement quand nous sommes face à un président qui a "oublié" le logement dans la constitution des gouvernements au début de chacun de ses mandats avec son premier ministres. S'y ajoutent des économies délétère sur les dépenses sociales tout au long des politiques menées. Une intervention de l'Etat à 0 € sur les aides à la pierre, une spoliation de 1,3 Md€ par an sur les recettes locatives des OLS avec la RLS. Comment s'étonner que le niveau d'offre nouvelle en logement social s'effondre ! ... alimentant la crise de l'offre sur l'ensemble du secteur du logement.
Pour répondre à Jean-Marc Jay, s'il y a victimisation, ça n'est pas du logement social que l'on est en train de tuer ... jusque dans les termes avec cette notion de logement accessible portée par les plus grands bailleurs qui tire les prix vers le haut !
Jean-Marc JAY - 23/06/2023 07:34
Je partage totalement l'opinion de Philippe RONDOT que j'ai eu le plaisir de cotoyer au sein de DOMOFRANCE dans mes précédentes fonctions, notamment dans le cadre de partenariats pour favoriser l'accession à la propriété des ménages aux revenus intermédiaires ou soutenir des programmes innovants au sein de l'Université.
Cette situation provient d'un mode de gouvernance très bien décrit par Anna CABANA dans son carnet du quotidien LE TELEGRAMME le 1er juin dernier. Elle appelle ce comportement institutionnalisé le "en même temps".
Ce que décrit Philippe est une résultante de la volonté de cette gouvernance d'installer ainsi en permanence une "triangulaire" mettant en scène une victime, un persécuteur et un sauveur...et de vouloir quel que ce soit le thème jouer le rôle du sauveur, en stigmatisant entre autres les prétendus responsables.
In fine, cette pratique insidieuse divise et favorise les placebos...mais n'apporte aucunement une solution durable à long terme. Or, par définition, l'immobilier, c'est une vision long terme.
Toujours dans l'immobilier, les tensions que nous observons dans les zones touristiques entre la population locale qui rencontre des difficultés pour louer et les loueurs saisonniers est une autre illustration.
Les opposer ou rendre l'un responsable de la difficulté de l'autre est une manière confortable de se défausser de ses responsabilités de gouvernance et même d'y trouver une habile façon de renforcer ses revenus fiscaux, en surtaxant les loueurs saisonniers...ce qui ne règle en rien le problème de fond.
Or souvent, les loueurs saisonniers, ainsi pénalisés, sont souvent une population locale qui trouve là un complément de revenu lequel contribue par ailleurs à la dynamique touristique, revitalisante et créatrice d'emplois.