Drones : Technowest multiplie les zones d’essais pour ouvrir le champ des possibles
La zone à longue élongation, dite BVLOS (Beyond visuel line of sight), de Cesa Drones s'étend désormais sur une surface plus que doublée. Crédit : Bordeaux Technowest
Bordeaux Technowest accélère sur les drones. D’une part avec le doublement de la surface de sa zone de vols à longue distance. D’autre part grâce à la création en plein aéroport de Bordeaux d’une zone dédiée au vol en milieux urbains complexes. L’objectif est de répondre aux problématiques immédiates et futures de la filière, avec en ligne de mire la logistique urbaine et les taxis volants.
« 2023 est une année charnière pour la filière du drone professionnel, nous souhaitons répondre à ces enjeux en nous positionnant comme un acteur clef de cet écosystème foisonnant », pose d’emblée François Baffou, directeur général de Bordeaux Techowest. Dont la filiale Cesa Drones, centre d'essais spécialisé dans la mobilité aérienne pour drones et robots à Bordeaux et aux alentours, vient de dévoiler deux avancées concernant ses zones de test en vol. Des nouveautés qui correspondent aux deux grands enjeux de la filière drones, selon François Baffou : « d’une part l’insertion dans l’espace aérien, d’abord pour des situations d’urgence puis pour du transport de marchandises et in fine de personnes et, d’autre part, les longues distances, ce qu’on appelle la grande élongation ».
Concernant cette dernière, Cesa Drones met les bouchées doubles. Depuis 2015, elle disposait d’une première zone de 50x5 km au dessus de l’océan Atlantique, entre les plages de Vendays (au Nord) et d’Hourtin (au Sud). Un outil unique en France, notamment par son ampleur, mais qui n’était pas exempt de défauts. Dont un point de décollage peu accessible. Depuis peu, Cesa Drones s’est dotée d’une base à Hourtin (qui remplace celle de Saint-Hélène), à 10 km de la plage, ce qui a permis de créer un corridor d’accès direct à la zone de vol océanique. Et celle-ci va désormais voir plus grand et plus loin, permettant de répondre aux demandes en ce sens des entreprises souhaitant y réaliser leurs tests. Grâce aux autorisations ad hoc délivrées par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), la DGA (Direction générale de l’armement) et de la base aérienne de Cazaux, les dimensions ont été revues à la hausse, gagnant 25 km au nord et autant au sud, et prenant aussi de la largeur, formant désormais un rectangle de 100x7 km. Une constante demeure : elle ne peut être opérée que d’octobre à mai, pour éviter la période touristique et le risque incendie. « La Nouvelle-Aquitaine s’offre la plus longue zone d’essai dédiée aux drones en Europe », résume-t-on chez Technowest, où l’on espère ainsi lutter contre « la fuite de projets vers d’autres pays ».
En rouge, la nouvelle base d’Hourtin et le périmètre étendu de la zone d’essai. Crédit : Bordeaux Technowest
De l’inspection des pistes jusqu’aux taxis volants
L’autre enjeu est donc celui de l’insertion dans l’espace aérien. « Le drone n’est pas consensuel, il faut préparer la cohabitation », prévient François Baffou. Sur la base d’une convention signée à l’automne dernier, une nouvelle zone d’essais va voir le jour. Pour l’heure, ce n’est qu’un champ de 300 mètres de long sur 200 de large. Un bout de pampa dont l’accès est pourtant hypercontrôlé : il est situé dans le périmètre de la plate-forme aéroportuaire de Bordeaux-Mérignac. « Tout l’intérêt de ce projet est de pouvoir faire voler des drones au cœur d’une zone où c’est formellement interdit. Cela permettra de travailler sur des scénarios de vol dans des espaces urbains habités et sur la cohabitation avec les autres engins en vol », explique-t-il. Le choix de la zone aéroportuaire n’est pas anodin et ouvre la voie au test de solutions très dédiées au moyen de drones : la surveillance automatique des pistes (trous, présence de débris…), l’inspection des clôtures mais aussi des avions au sol ou encore le calibrage des systèmes radio, d’éclairage ou d’approche… Au-delà de ces applications métiers répondant à des besoins très spécifiques, Simon Dreschel, directeur de l’aéroport de Bordeaux, se projette déjà beaucoup plus loin.
« L’aéroport a l’ambition d’être le carrefour des mobilités, si possible aériennes mais pas que… » Et de tourner son regard vers le graal : les taxis volants. Si un premier test grandeur nature devrait être mené par le constructeur allemand Volocopter lors des JO de Paris en 2024, l’aéroport observe de près « tous les constructeurs ». Et imagine « d’abord des applications de courtes distances en Gironde, des sauts de puce pour desservir par exemple des domaines viticoles ou le bassin d’Arcachon ». Un schéma dans lequel « les aéroports satellites auront un rôle crucial à jouer ». Tout comme pourrait s’insérer dans la boucle l’initiative portée par le promoteur immobilier bordelais Aqprim, qui planche depuis plus de deux ans sur Airnova, un concept innovant d’immeuble avec vertiport, pour lequel une levée de fonds est en cours. Et Simon Dreschel de poursuivre : « la technologie fonctionne, des entreprises sont en passe d’être certifiées. Je suis convaincu qu’il y aura des tests de taxis volants à Bordeaux d’ici 2030 ».
En attendant, des vols de drones inhabités auront lieu via cette zone d’essai sur l’aéroport de Bordeaux à l’automne prochain, à l’occasion de l’édition 2023 d’UAV Show, premier salon professionnel européen de drone civil. « Ce sont les résultat de cette série de tests qui conditionneront la poursuite du projet pour atteindre la création d’un vertiport, ainsi que la pérennisation de la zone d’essais aéroportuaire en elle-même », se projette François Baffou.