Quel est l’impact de l’écosystème Darwin sur la métropole de Bordeaux ? - Premium

Quel est l’impact territorial de l’écosystème Darwin, à Bordeaux et en Gironde ? C’est à cette question, complexe car plurielle, qu’a tenté de répondre le bureau d’études Vertigo Lab, spécialisé dans l’économie et l’environnement… et basé à Darwin. L’idée était « de savoir si, au-delà de réduire l’empreinte négative sur l’écosystème, ce petit morceau de planète dans lequel se développent des projets et des activités d’entreprise était soutenable, viable… et pouvait être pérenne », présente dans une vidéo Thomas Binet, fondateur et dirigeant de Vertigo Lab, mardi 27 février. L’étude dévoilée ce jour se base sur quatre dimensions : sociale, sociétale, économique et environnementale. « On ne parle pas tout de suite de chiffres économiques, et ce n’est pas pour rien, souligne Philippe Barre, fondateur de l’écosystème. [...] On a l’habitude, en tant qu’entrepreneurs, d’évaluer nos mesures économiques. Ça fait maintenant 15 ans qu’on parle de comptabilité verte, de mesure de l’impact social des entreprises, mais on ne le fait pas assez. Nous-même ici à Darwin, qui nous posons ces questions depuis plus de15 ans, on n’a pas suffisamment pris l’habitude de mesurer l’ensemble de nos impacts. » Des retombées économiques pour la métropole Pourtant, des retombées économiques, il semble bien y en avoir pour le territoire. 83% des achats de Darwin proviennent de la région Nouvelle-Aquitaine, et sont « dans un rayon de moins de 150 kilomètres ». Un taux largement supérieur à la moyenne des entreprises régionales, qui n’enregistrent que 32% d’achats locaux. À une échelle plus resserrée, 54% des achats sont réalisés sur la métropole bordelaise, contre 28%, en moyenne, pour les entreprises bordelaises. Conséquence : Vertigo Lab estime à 150 millions d’euros les retombées économiques sur l’aire métropolitaine. « Mais s’il est important de relocaliser notre économie, s’il est important de montrer qu’on peut mettre en place des circuits courts de manière beaucoup plus importante - et pas seulement sur les asperges, les carottes et le raisin -, [...] il ne faut pas accompagner cela d’un repli identitaire extrêmement néfaste », insiste Philippe Barre. Autre enseignement de l’étude, l’écosystème darwinien composé de 250 structures (associations et entreprises) génère une valeur ajoutée (comprenez, la contribution au PIB) de 78 millions d’euros sur Bordeaux Métropole, et de 87 millions d’euros à l’échelle néoaquitaine. « Aujourd’hui, ce sont plus de 1.200 emplois directs sur le site. On est très fier de ce chiffre sur un aussi petit territoire », se réjouit le fondateur. Qui précise qu’un emploi créé au sein de l’incubateur de Darwin, génère trois fois plus d’emplois indirects que la moyenne des entreprises régionales. « Cela montre la vitalité, l’effet d’entraînement de l’écosystème sur l’économie locale. »Créé en 2008, l’écosystème Darwin s’étend sur plus de quatre hectares, dans l'ancienne caserne Niel. Si chaque année, un million de visiteurs arpentent les allées de ce lieu, l’un des trois plus visités de la métropole bordelaise, 7.000 m² sont dédiés à des espaces de coworking - La Forge et l’incubateur Le Campement. 1.500 m² accueillent des commerces responsables, 9.500 m² reviennent à des associations, et 9.000 m² de sols ont été désartificialisés, dont plus de la moitié pour la Ferme Urbaine. Economie d'énergie et espèces protégéesConcernant sa consommation énergétique, Darwin dépense trois fois moins que des sites urbains équivalents. Soit, selon Thomas Binet, une économie de 2,76 GW par an. « Ce n’est pas facile de se représenter ça, mais cela équivaut à la consommation, en moyenne, de 600 foyers français. Et cela représente l’équivalent de 150 tonnes de CO2 économisés par an. » Quant à l’utilisation d’eau, les indicateurs sont aussi positifs, l’écosystème utilisant 29% d’eau en moins par rapport à des écosystèmes tertiaires classiques. « 225 espèces sauvages, faune et flore, sont répertoriées sur la caserne dont 18 espèces protégées, se félicite Philippe Barre. On est très fier d’avoir maintenu cette biodiversité et de l’avoir surtout augmentée. On a sur le sujet un partenariat avec Soltena et la Région Nouvelle-Aquitaine. Ce sont 25.000 euros, dont 50% d’aides régionales qui nous sont attribués dans le cadre du projet Nature et Transition, pour aller encore développer le nombre d’espèces sauvages accueillies sur le site. [...] C’est important de toujours travailler sur ces indicateurs. » A lire : Darwin s’intéresse à la Friche des Ponts, à Limoges, et poursuit son maillage régional Au-delà de cet étalage de chiffres positifs, montrant l’intérêt, économique comme touristique, de Darwin, pourquoi présenter une telle étude ? Peut-être pour contribuer à un changement de paradigme pour les entreprises. « Je pense que les entrepreneurs, qu’ils soient dans un modèle capitalistique ou associatif, ceux qui agissent sur leur territoire, doivent faire leur part. Il y a un poncif qui m’agace un peu, qui est de dire “que l’Etat fasse d’abord son travail en la matière, qu’il nous montre l’exemple, et une fois cela on verra”. Non, martèle Philippe Barre, on doit faire notre part d’abord. » Et de conclure : « Le monde socio-économique doit mesurer que la responsabilité globale fait partie de nos responsabilités quotidiennes. »L’étude de Vertigo Lab aborde un autre aspect prédominant de Darwin : son utilisé sociale, et notamment en matière d’hébergement d’urgence. « C’est un élément qui est assez peu connu sur l’écosystème, mais sa contribution sociale est assez importante, note Thomas Binet. Depuis 2015, ce sont 115.000 nuits d’hébergement de publics fragiles. » Une activité auto-financée par le site à 98% (soit 750.000 euros), les 2% restants émanant du CCAS de Bordeaux (10.500 euros). « Si l’on compare cela à une entreprise française comme Total Energies, s’ils avaient la même politique d’accueil d’urgence que Darwin en équivalence de chiffre d’affaires, Total Energies pourrait héberger sur son foncier disponible la totalité des sans domicile fixe et des réfugiés de France », compare le dirigeant de Vertigo Lab. Qui chiffre les coûts publics évités, par cet accueil de Darwin, à 2 millions d’euros.

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