L’Eusko fait fonctionner les circuits-courts depuis 10 ans - Premium

Le 1er Eusko avait été mis en circulation le 31 janvier 2013. Dix ans plus tard, la monnaie lancée par l’association Euskal Moneta continue de battre des records. Actuellement, ce sont plus de 3,673 millions d’Eusko en circulation au Pays basque français. Et dix ans après son lancement, l’objectif de l’Eusko reste le même: promouvoir le consommer local, et le recours aux circuits courts. L’Eusko, la monnaie locale est utilisable sur tout le territoire du Pays basque français depuis le début par les particuliers mais aussi les professionnels, qu’ils soient une association, une institution ou une entreprise. D’abord des billets, l’Eusko est devenue une carte de paiement, puis une application en 2020. Côté professionnel, ils sont aujourd’hui 1.300 à utiliser l’Eusko et leur nombre augmente tous les mois. Circuit courtLa promesse de circuit court, c’est justement ce qui avait séduit il y a dix ans à sa création le patron de Collectivité Services à Bayonne. L’entreprise de bureautique lancée en 1972 a été l’une des premières à prendre son adhésion à l’Eusko. “On trouvait intéressant de recentrer la consommation en local, on vit dans un écosystème, ça permet de réfléchir où on achète” explique le patron Patrice Dor. Dix ans plus tard, la société Bereciartua Matériaux basée à Ascain rejoint l’aventure pour les mêmes raisons. “On est une société exclusivement locale, et on a beaucoup de prestataires locaux, et on s’est dit, si des fournisseurs le font, on peut le faire aussi”, raconte Lisa Etchegaray, à la tête de l’entreprise de 37 salariés. Elle n’attend pas forcément de retombée financière, c’est davantage un engagement pour soutenir la démarche. D’ailleurs pour les entreprises, difficile de dire si financièrement l’opération est vertueuse. “Je ne pense pas avoir gagné ou perdu” explique Jean-Paul Henry dirigeant de l’entreprise Pixta Boissons, grossiste en boissons. Lui avait été séduit par la démarche, mais il n’avait pas été le seul. “Tous mes concurrents s’y sont mis”, précise-t-il. Et donc exit l’avantage commercial qu’aurait pu apporter l’Eusko. Parce que chaque année, en échange de l’adhésion, tous les professionnels bénéficient du kit pour communiquer visuellement qu’ils peuvent utiliser et prendre de l’Eusko avec un sticker, mais ils sont aussi inscrits sur l’un des annuaires spécifiques mis en place par Euskal Moneta, de quoi donner de la visibilité en local. Un système surement porteur d'affaires, mais difficile à estimer. Seule donnée, 56% des entreprises qui utilisent l’Eusko sondées se sont tournées vers un fournisseur du réseau, autrement dit, au Pays basque. Une démarche qui s’inscrit donc davantage dans une démarche RSE, que purement financière pour l’entreprise, puisqu’en utilisant l’Eusko l’entreprise sait qu’elle utilise une monnaie qui ne sortira pas du Pays basque français, et alimente donc les circuits courts. Décote à 5%Petit bémol souligné par plusieurs anciens, la décote de 5%, lorsqu’ils demandent à reconvertir leurs surplus d’Eusko en euros. “70% de mon activité se fait avec des fournisseurs en dehors du Pays basque”, calcule Jean-Paul Henry de chez Pixta Boissons. “Je ne peux pas payer Coca Cola en Eusko”. Si le pourcentage est dissuasif, l’argent récupéré via ces 5% est la cagnotte qui est ensuite reversée à des associations locales. Un pourcentage que relativise Patrice Dor: “ces 5% c’est peut être autant de clients qui ne seraient pas venus chez moi si on n’avait pas l’Eusko”. Pour écouler les Eusko dans les caisses, les salariés dont l’entreprise est adhérente peuvent être payés par ailleurs en Eusko. C’est ce que fait par exemple l’entreprise Collectivité Services avec plusieurs de ses salariés qui se font payer entre 50 et 100 euros en Eusko. Pour augmenter les possibilités d’utilisation de l’Eusko, l’association démarche autant que possible les fournisseurs locaux des différentes nouvelles entreprises adhérentes. Chaque mois, entre 10 et 15 nouveaux professionnels entrent dans le réseau. Par ailleurs, le nombre d’utilisateurs particuliers augmente aussi, de quoi donner de nouvelles opportunités pour les entreprises habilitées à le recevoir. En témoigne le record battu en novembre dernier, où 1.000 adhérents ont fait au moins un paiement en Eusko pendant ce mois. Désormais Euskal Moneta essaie de se déployer sur tout le secteur Biarritz, Bidart, Anglet, avec une personne dédiée au développement d’Euskal Moneta sur cette zone. Lire aussi: Monnaie locale : Bordeaux et la Gemme visent l'équivalent de 100.000€ en circulation dès 2025

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