ESS : le Barreau de Bordeaux lance un cycle de conférences pour les acteurs économiques - Premium

En janvier dernier, le Barreau de Bordeaux affichait sa volonté de se rapprocher de l’économie sociale et solidaire. Un monde qui peut sembler à première vue loin de celui des avocats… mais qui ne le serait pas tant que cela. Entretien avec Caroline Laveissière, Bâtonnier de Bordeaux, Clément Roncin, avocat et délégataire sur le cycle de conférences, et Jérôme Delas, vice-Bâtonnier. Pourquoi avoir voulu mettre l’accent sur l’économie sociale et solidaire ? Au-delà de la tenue du GSEF, le Forum mondial de l’ESS, en octobre prochain… Caroline Laveissière : Notre Barreau s’investit car il y a une concordance entre les principes de l’ESS et notre serment d’avocat, dans la manière dont nous exerçons notre mission. Ensuite, c’est une thématique très importante puisque l’ESS représente 10% des emplois en France. Jérôme Delas : On est même à 14% de l’emploi privé en Gironde ! Avec sa diversité de secteurs, ce pan de l’économie est une composante forte de notre département. Depuis le début de notre bâtonnat en 2024, il nous a paru indispensable de nous positionner comme des acteurs économiques importants au sein de la cité, d’accompagner ceux qui existent dont ceux de l’ESS.Une attention portée à la donnée environnementale Quel rôle entendez-vous tenir, en tant qu'avocats ? Clément Roncin : Au tout début du projet, nous avons rencontré un certain nombre d’acteurs et la question « Pourquoi vous intéressez-vous à nous ? » nous a été posée. Le constat est simple - beaucoup de ces acteurs, alors qu’ils peuvent avoir une envergure économique importante, méconnaissent notre rôle d’avocat, notamment dans la sécurisation de projets. Quelle structure choisir - association, coopérative -, comment intégrer la donnée environnementale dans leur choix d’activité… Sur les 2.200 avocats de notre Barreau, nous pouvons avoir toutes sortes de réponses. Le droit social intervient pour impliquer les salariés dans l’entreprise, le droit des étrangers apporte également une réponse… Caroline Laveissière : Hormis le cycle de conférences, nous menons une réflexion pour accompagner par le biais de consultations, les acteurs de l’ESS. Nous le faisons pour d’autres acteurs économiques, nous pourrions proposer cela cette année et le faire perdurer, sur des thématiques spécifiques à l’ESS.En juin, l’une des conférences portera sur la place des avocats pour accompagner les engagements écologiques. Quels seront vos axes de réflexion ? Clément Roncin : Il y a deux grands axes. D’abord, incorporer la donnée juridique dans les structures de l’ESS qui ont un objet environnemental. Ensuite, et c’est principalement vers cela que l’on veut tendre, c’est incorporer la donnée environnementale dans toutes les structures se revendiquant de l’ESS. Au Barreau de Bordeaux nous avons un Institut du droit de l’environnement très actif et diversifié, il sera intéressant de montrer que quelle que soit la question que se pose la structure, nous pouvons lui apporter une réponse. Jérôme Delas : Nos conférences sont ouvertes à tous, aussi bien aux avocats qui se questionnent, qu’aux acteurs économiques et au grand public. C’est important pour favoriser, créer le dialogue.De plus en plus de cabinets « à mission » La dernière conférence du cycle s’intitule « L’avocat, acteur de l’économie sociale et solidaire ». Est-ce un début de réflexion quant à l’évolution de votre métier ? Clément Roncin : Ce colloque sera l’occasion d’une démarche presque introspective, oui, qui nous conduit à nous interroger. Dans quelle mesure l’avocat, présenté jusqu’à maintenant comme un accompagnateur de l’ESS, n’est-il pas lui-même un acteur ? Nos instances nationales y seront associées. Nos modalités d’exercice sont encadrées par des textes, celles des structures de l’ESS le sont aussi. Certaines de nos structures ne pourraient-elles pas répondre au label de l’ESS ? Ne peut-on pas imaginer un cabinet d’avocat relevant de l’économie sociale et solidaire ? Caroline Laveissière : C’est aussi une réponse à une attente de la profession. Beaucoup de confrères, quel que soit leur âge, s’interrogent sur la possibilité de passer en société à mission. C’est une tendance relativement récente, elle a quatre ou cinq ans, mais on voit que de plus en plus de structures de ce genre sont inscrites au Barreau. Ce cycle de conférences est-il un moyen de changer la perception que l’on peut avoir de votre métier ? Celle d’avocats qui ne sont présents qu’à la barre du tribunal ? Caroline Laveissière : Bien sûr ! C’est le message que l’on fait passer depuis des années, et l’ESS nous offre une opportunité de le rappeler. L’avocat n’est pas que le plaideur, il a une mission de service public. Celle de l’accès au droit, et telle que nous la concevons au Barreau de Bordeaux, elle peut passer par le biais de consultations, comme je l’indiquais.

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