BMS fête ses 10 ans et continue d’accompagner les publics fragilisés
Franck Vialar, président de Bordeaux Mécènes Solidaires. Crédits : BMS
Le mois dernier, la fondation territoriale Bordeaux Mécènes Solidaires fêtait ses dix ans d’existence. Dix ans d’engagement pour valoriser le mécénat auprès des entreprises de Gironde, et pour aider les publics les plus démunis. L’occasion de revenir sur l’activité de BMS et sur sa feuille de route, avec le président de la structure, Franck Vialar.
Depuis 2013, Bordeaux Mécènes Solidaires a soutenu 350 projets pour aider près de 100.000 personnes. Comment sélectionnez-vous les associations ?
Avant toute chose, nous réalisons des diagnostics sur le territoire girondin, pour identifier des problématiques sur différentes thématiques. Le logement, les jeunes, les personnes en situation de handicap, les populations fragilisées… Notre premier travail est de voir ce qui ne va pas. Bordeaux a une image bourgeoise, mais on enregistre un taux de pauvreté de plus de 20% ! Une fois ce travail mené, nous constituons des appels à projet autour de thématiques comme l’insertion, le logement ou la ruralité et nous recevons des projets d’associations. La qualité de BMS, c’est qu’on étudie les dossiers, on regarde leur pertinence mais aussi leur comptabilité. Parfois on en reçoit plus d’une centaine. Une fois ce travail réalisé, on en retient une douzaine, et on leur donne 20 minutes pour pitcher leur association avec une question - pourquoi BMS devraient financer leur projet sur un ou deux ans ?
Pour que cela fonctionne, il faut évidemment de l’argent. Comment convaincre les entreprises du territoire ?
Nous nous positionnons en passerelle entre le monde de l’entreprise et le monde associatif. L’intérêt de nous rejoindre pour un chef d’entreprise qui est sur-sollicité, et qui n’a pas le temps ni l’envie de se tromper, c’est que l’on s’occupe de sélectionner les bénéficiaires. Et puis, on valorise son action de mécène et sa politique RSE. Parmi les objectifs de développement durable il y a certes la partie environnement dont on parle énormément - et c’est tant mieux - mais il y a aussi un volet sociétal, beaucoup plus compliqué à appréhender pour un dirigeant. Ce n’est pas seulement soutenir le club de sport de sa ville, c’est aussi faire en sorte que le monde soit un peu plus juste et humain. Aujourd'hui, on compte environ 150 ambassadeurs mécènes, essentiellement voire exclusivement du monde de l’entreprise et en dix ans, on a réussi à distribuer 4 millions d’euros.
Avec l’essor des notions de RSE et de RTE, sentez-vous une accélération des engagements des entreprises ?
Pas forcément. La collecte peut être un peu plus difficile car les priorités ne sont pas les mêmes en ce moment. Beaucoup de mécènes ne vont pas très bien, ont peut-être réduit leurs dons, mais ils sont toujours à nos côtés. Car la priorité du cœur, d’être acteur de son territoire, reste majeure. C’est à nous de performer, de convaincre, de ne pas faire preuve d’une vision négative. La collecte de fonds n’est jamais simple, mais BMS est un guichet unique majeur, qui garantit que chaque euro donné va à une action sociétale.
Etendre les formes de mécénat et les territoires
Vous portez également une plateforme numérique, La Fabrique à Partenaires, pour développer le mécénat de compétences…
Oui, car si notre cœur d’action reste le mécénat financier - sans quoi on ne pourrait faire vivre BMS -, la notion de mécénat a différents spectres. La Fabrique à Partenaires permet à des entreprises, à certaines conditions, de mettre à disposition des collaborateurs dans des associations. Cela peut être pour de l’aide à la gestion, de la formation ou du soutien humain… Et au départ, c’était une demande des entreprises. On identifie le collaborateur volontaire, le temps que son employeur souhaite lui laisser à disposition, puis on lui propose un projet. Enfin, nous avons aussi une action de mécénat de matériels - comme mobiliser le vieux parc informatique d’une entreprise pour lui donner une seconde vie et le mettre à la disposition d’une association qui travaille sur l’exclusion numérique.
A l'occasion des dix ans de la structure, il est notamment question de définir les « grandes priorités » 2024-2030. Quels sujets entendez-vous intégrer ou renforcer dans vos actions ?
D’abord, nous sommes en train de mettre à jour des diagnostics sur de nouveaux territoires comme la Haute Gironde. Et pour bien identifier les problématiques des territoires, on ajoute la question de la mobilité et des transports. Car lorsque vous habitez à Bourg-sur-Gironde, trouver un emploi sans permis ou voiture est beaucoup plus compliqué qu’en étant à Bordeaux. Globalement, le sujet de la ruralité est majeur. Pour travailler, on s’appuie sur les institutions - mairies, Communautés de communes, Département. Nous devons travailler main dans la main avec ces institutions pour montrer l’apport de BMS dans le lancement d’un projet, pour permettre à une association d’avoir une vraie identité, d’être connue et reconnue. Mon objectif est d’aider plus d’associations sur le territoire girondin, de sortir de l’aire métropolitaine pour aller dans le Médoc, le sud ou le nord Gironde, le Libournais… Que dès que l’on pense à la solidarité, on pense à Bordeaux Mécènes Solidaires.