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À Audenge, l’association Adapei 33 veut créer une pépinière d’insertion

Engagement
lundi 10 juillet 2023

La pépinière sera sur un terrain appartenant à l'Esat d'Audenge. Crédits : Adapei 33

Sur le Bassin d’Arcachon, à Audenge, l’association Adapei 33 porte un projet inédit de pépinière d’entreprises à loyer contrôlé. En échange, les entreprises qui s’y installeront devront s’engager à faire travailler une personne en situation de handicap.

À 65 ans, l’association Adapei de Gironde est la plus grande de Nouvelle-Aquitaine. Et pour cause : la structure, qui accompagne tout au long de leur vie des personnes en situation de handicap, compte une quarantaine d’établissements dans le département, 1.300 salariés, et 2.300 accompagnés. « L’association a été créée par des parents qui n’avaient pas de réponse au quotidien pour leurs enfants, explique Alain Berlioz, directeur du pôle travail. Aujourd’hui, nos établissements répondent à toutes les problématiques de la vie - petite enfance, apprentissage, travail pour certains, hébergement… Jusqu’à la fin de vie. » Côté emploi, Adapei 33 propose des ateliers de production encadrés par des salariés de l’association, dans des Esat (établissements et services d’aide par le travail), pour les personnes qu’elle accompagne. Quatre grandes filières représentent aujourd’hui 80% du chiffre d'affaires de l’entreprise (12M€ par an) : la blanchisserie industrielle, les espaces verts, les métiers de la restauration, et la sous-traitance industrielle. « Mais l’Esat n’est qu’un outil qui permet de faire monter en compétences les personnes, un tremplin vers le milieu de travail ordinaire », souligne Marie Poujol, cheffe de projet pépinière chez Adapei 33.

Pour renforcer ce lien avec le milieu de travail adapté, c’est un nouveau projet que mène l’association : une pépinière d’insertion. Cette dernière, dont le chantier démarrera d’ici peu, devrait voir le jour d’ici avril 2024 à Audenge, près de l’Esat actuel. « Ce lieu a été imaginé comme une pépinière d’entreprises, avec une fonction un peu différente - permettre à des sociétés en voie de développement, type startups, d’avoir des locaux d’activité à tarif contrôlé. En contrepartie, elles s’engagent à recruter quelqu’un en situation de handicap ou à faire travailler un Esat si elles ne sont pas en capacité de recruter directement », présente à Placéco Annouck Gréchez, directrice de l’Esat d’Audenge.

A la recherche de partenaires financiers

Le terrain, de 5.000 m², sera utilisé pour moitié par ce projet, le reste étant gardé comme réserve foncière pour de futurs développements. La pépinière proposera 12 cellules de 75 m² modulables, pouvant aller jusqu’à 150 m². Mais aussi des espaces de vie, des salles de réunion… De quoi permettre aux futurs locataires de développer leur activité. Les startups seront accompagnées par l'agence de développement économique du territoire, le BA2E (Bassin d’Arcachon Val de l’Eyre), et pourront y rester durant trois ans maximum, « avec une possibilité de dérogation en fonction des projets », précise Annouck Gréchez. Surtout, la pépinière est ouverte à tous types d'activités. « Mais l’un des prérequis est d’intégrer pleinement l’embauche d’une personne en situation de handicap dans leur activité », répète Marie Poujol. Entre six et huit personnes accompagnées par Adapei seront ainsi déployées sur la pépinière, encadrées par un moniteur d’atelier. Le loyer des startups sera ajusté selon les charges de la structure, « pour que l’on rentre dans nos frais et qu’on ne soit pas en difficulté financière, souligne la dirigeante de l’Esat. Mais nous cherchons des partenaires financiers pour nous aider, car plus on aura de subventions, plus on pourra ajuster les loyers - tout en maintenant un prix minimum pour ne pas casser le marché. »

Le projet en lui-même nécessite 1,5 million d’euros. Adapei 33 a déposé des dossiers de subvention auprès de différentes institutions (Conseil départemental de la Gironde, Région Nouvelle-Aquitaine, Union Européenne, Agence régionale de santé), mais cherche aussi des partenaires privés (assurances, banques) et des entreprises locales. « Plus on aura de financements, plus le projet sera viable rapidement », espère Annouck Gréchez. Dans son prévisionnel, Adapei 33 souhaite que les subventions représentent  25 à 30% du montant global, soit 500.000 euros. Le reste sera financé en fonds propres et par des emprunts. En attendant d’avoir réuni la somme nécessaire, la première pierre de la pépinière sera posée, symboliquement, le 13 juillet. « C'est un projet innovant et unique, on pourrait imaginer qu’il soit duplicable par la suite », conclut Marie Poujol.