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Nouvelle-Aquitaine : le cyber campus régional est sur les rails - Premium

Écosystème
mercredi 15 juin 2022

Officiellement créé depuis le 18 mai dernier, le campus régional dédié à la cybersécurité se met en ordre de marche pour commencer à accompagner les acteurs économiques de la région dès le mois de septembre. Outre une cellule d’assistance dédiée au soutien immédiat des victimes de cyber-attaques, le campus néo-aquitain veut à la fois sensibiliser et former les entreprises, tout en fédérant la centaine d’acteurs régionaux spécialistes de la cybersécurité autour du site Amperis de Pessac.

Après un an de préfiguration assurée par son agence de développement et d’innovation (ADI NA), la Région s’apprête à donner le coup d’envoi officiel de son « campus régional de cybersécurité et de confiance numérique Nouvelle-Aquitaine ». Officiellement créée le 18 mai dernier, l’association chargée de son pilotage réunit comme membres fondateurs la région, ADI NA, le Club de sécurité de l’information en réseau (Clusir), et le groupement d’intérêt public Cybermalveillance (GIP Acyma), créé en 2017 à l’initiative de l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information (Anssi).

« L’Anssi et le GIP Cybermalveillance représentent un peu les deux extrémités du spectre, puisque la première suit plus particulièrement les opérateurs d’infrastructures vitales et de services essentiels, là où Cybermalveillance adresse les besoins d’un public de particuliers, de TPE ou de petites PME qui partagent globalement des usages assez proches de l’outil informatique. Le campus régional a vocation à devenir l’interlocuteur de référence pour les entreprises aux usages beaucoup plus hétérogènes, qui se situent entre ces deux extrémités. Les PME et ETI se situent à des niveaux divers en matière d’infogérance, de cloud ou d’infrastructures gérées en propre, et cette diversité est difficile à adresser à l’échelle d’une politique nationale », introduit Guy Flament, directeur du cyber campus néo-aquitain.

D’où cette idée de doter le territoire d’un centre de ressources dédiées, dans la lignée de la doctrine gouvernementale et avec le soutien financier du volet cybersécurité du plan France Relance, devenu France 2030, qui prévoit notamment d’accompagner la création de centres locaux d’alerte et de réaction aux attaques (CSIRT) à l’échelle régionale. Si le moment est opportun, le projet découle en réalité d’une réflexion plus ancienne, engagée en 2016 par la Nouvelle-Aquitaine, et qui transparaissait déjà dans la feuille de route cybersécurité votée à l’été 2022 par le conseil régional. « Le campus vient se rajouter à cette feuille de route, dont il partage les objectifs de fédérer les acteurs, soutenir l’innovation et renforcer les compétences à l’échelle régionale », précise Andréa Brouille, vice-présidente de la région en charge du développement économique et de l'innovation, et présidente du nouveau cyber campus.

Sensibiliser, former, animer et accompagner

La structure ambitionne quatre niveaux d’action. D’abord, sensibiliser les chefs d’entreprise et les responsables informatiques à l’importance du sujet. « Au-delà des leviers traditionnels de communication et d’explication du risque, nous voulons développer des moyens plus percutants, avec des outils de démonstration qui n’existent pas aujourd’hui, pour faire vivre de façon concrète les conséquences d’une attaque », explique Guy Flament. Ensuite, les accompagner de façon très opérationnelle dans les heures qui suivent une attaque, en se positionnant comme le tiers de confiance capable de les aiguiller vers les bons interlocuteurs et les bonnes procédures. Dans la foulée de l’audit cybersécurité gratuit proposé par la région aux PME de plus de 100 salariés, le campus veut également adopter une démarche proactive. « Nous allons déployer dès septembre un service qui permettra d’alerter les entreprises sur l’état de leur système d’information face aux vulnérabilités récemment découvertes », illustre le directeur.

Le cyber campus souhaite également soutenir l’activité de formation régionale en matière de cybersécurité, en contribuant à doubler le nombre d’élèves susceptibles de passer par des structures telles que l’Inserm de Bordeaux ou le master spécialisé de l’université de Limoges. « Aujourd’hui, il y a environ 500 postes à pourvoir en cybersécurité dans la région, nous devons donc aider à renforcer les capacités des écoles et des universités, en leur fournissant à la fois du matériel pédagogique, des outils et l’accès à des intervenants experts », commente Guy Flament, qui espère, à plus long terme, pouvoir contribuer à l’évolution des cursus ou à la mise en place de nouvelles formations dédiées. « Il y a une réflexion à tenir sur la création de parcours à bac +3 ou bac +5 vraiment spécialisés, mais en attendant, nous devons répondre de façon très opérationnelle aux attentes des entreprises et aux objectifs de la feuille de route régionale », complète-t-il. La formation continue et l'accompagnement à la création des nouveaux métiers découlant du développement de la cybersécurité fait également partie des priorités. « Le secteur doit apprendre à parler aux profils non techniques, qui peuvent être intéressés par tous les métiers connexes, liés par exemple à la gouvernance ou à la communication », estime Andréa Brouille.

La structure se veut enfin un catalyseur de l’innovation régionale en matière de sécurité, en reprenant les modes opératoires du cluster déjà mis en œuvre dans d’autres filières, avec un lieu totem comme point de ralliement pour favoriser les collaborations et les projets conjoints entre experts du secteur. Pour ce faire, le cyber campus investira le parc Amperis, piloté par la SEML Route des Lasers, où 20.000 m² de bureaux sont déjà fléchés vers le secteur de la cybersécurité, à commencer par Tehtris, qui a déjà annoncé son intention d’y installer 400 collaborateurs à horizon 2023. L’action de ce lieu central devrait être répercutée sur l’ensemble du territoire régional par l’intermédiaire de points d’ancrages locaux, portés par les collectivités ou les CCI locales.

Une fois stabilisée, l’activité du cyber campus devrait représenter un budget de fonctionnement de l’ordre d’un million d’euros par an. Elle sera soutenue par l’enveloppe allouée aux CSIRT régionaux dans le cadre du plan France Relance (un million d’euros sur trois ans), ainsi que par une subvention régionale de 400.000 euros qui sera proposée au vote lors du prochain conseil régional.

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