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Agriculture : la Chambre régionale demande un choc de simplification

Écosystème
mardi 03 janvier 2023

Accompagner et soutenir les projets de transition agroécologique ou de diversification économique, mais en les valorisant suffisamment pour garantir la viabilité des exploitations : telle est en substance l’ambition portée par la chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine pour 2023, au terme d’une année marquée par les aléas climatiques.

« 2022 a été assez chahutée, en prise directe avec la question climatique », constate Luc Servant, président de la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, en préambule de ses vœux pour la nouvelle année. Et si certains pans de l’activité agricole ont profité de la hausse des cours consécutive de la guerre en Ukraine, l’année s’est révélée globalement compliquée pour la filière, touchée à la fois par la baisse des volumes de production, par l’envolée des charges liées à l’énergie ou aux intrants, mais aussi par les arbitrages de plus en plus stricts des consommateurs sur l’alimentaire. Dans la volaille, la Chambre régionale s’inquiète par exemple de voir les importations augmenter, alors que la filière rencontre des difficultés à écouler ses productions labellisées ou estampillées bio.

Garantir la production

D’où l’importance, pour la chambre régionale, de concilier les différents sujets de l’agenda 2023 avec un objectif premier : celui du maintien des niveaux de production, et de la facilitation des projets susceptibles de contribuer au développement de l’activité agricole. « En 2021, 60% des exploitants de Gironde ont déclaré des revenus agricoles inférieurs à 20.000 euros, et 35% sont en déficit, ça n’est pas brillant », commente Jean-Louis Dubourg, président de la Chambre d’agriculture de Gironde. Avec le risque, en cas de baisse d’activité, d’entrer dans un cercle vicieux. « Des outils qui ne tournent pas à pleine capacité renchérissent les coûts de production », rappelle Marie-Hélène Cazaubon, son homologue de la Chambre d’agriculture des Landes.

Parmi les multiples difficultés auxquelles fait face la filière, la chambre régionale appelle de ses vœux un choc de simplification sur l’ensemble des procédures auxquelles font face les exploitants. « Nous avons besoin d’être soulagés de toutes les démarches administratives qui pèsent très lourd sur les agriculteurs comme sur les services des chambres », estime Marie-Hélène Cazaubon. « Aujourd’hui, je ne connais pas un projet qui passe sans qu’il y ait besoin d’une dérogation, même quand il s’agit de construire un appentis sur un hangar », déplore Jean-Louis Dubourg. Un message que le secteur compte faire entendre dans le cadre de la concertation sur la prochaine loi d’orientation agricole.

Générer des revenus complémentaires

En attendant un éventuel choc de simplification, les sujets placés à l’agenda 2023 par le cadre réglementaire - Varenne de l’eau, mise en place de la nouvelle politique agricole commune (PAC 23-27), préparation de la future Loi d’orientation agricole, sont vus comme autant d’opportunités d’aider les agriculteurs à financer l’amélioration de leurs pratiques. « Une partie du second pilier de la PAC se met en place sous forme de projet régional, on doit donc le mettre en œuvre à notre échelle », indique Luc Servant. L’une de ses principales nouveautés concerne la mise en place de l’éco-régime, le nouveau dispositif d’aides directes qui vient remplacer le paiement vert.

Les conclusions du Varenne de l’eau, rendues début 2022, devraient également nourrir quelques projets pilote. « L’idée est de tester des changements sur quelques exploitations en 2023 pour ensuite déployer plus massivement à partir de 2024, complète le président de la Chambre régionale, qui souligne toutefois la difficulté d’adresser ces problématiques d’irrigation ou de stockage hivernal de façon globale. Les disparités entre les exploitations font qu’il n’y a pas de modèle, chaque exploitation doit être accompagnée de façon spécifique ».

Si l’agrivoltaïsme n’est envisagé que comme une solution d’appoint à l’échelle des 4,2 millions d’hectares de la Nouvelle-Aquitaine, les acteurs régionaux espèrent en revanche réussir à générer quelques revenus complémentaires en misant sur la valorisation, via la compensation carbone, de leurs actions agroécologiques. Pour y parvenir, ils se sont associés fin 2022 aux acteurs de la filière bois au sein d’une nouvelle structure, l’Acclena (Association carbone climat environnement Nouvelle-Aquitaine), dont l’action prolongera celle de l’association Aquitaine Carbone lancée suite à la tempête Klaus de 2009. « On ne peut pas financer les travaux en matière d’entretien du paysage ou de captation carbone sur le prix du produit, puisque nous sommes dans un marché ouvert, il faut donc une rémunération sur les aménités », estime Luc Servant.

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