Flying Whales s’apprête à boucler un troisième tour de table - Premium
Flying Whales vient d'annoncer prendre part au projet Flying Care, qui veut développer un hôpital transportable dans des zones isolées. Crédits : Flying Whales
Flying Whales prévoit un premier vol de son dirigeable LCA60T pour 2024 ou 2025. D’ici là, l’entreprise s’apprête à boucler une troisième levée de fonds plus conséquente que les précédentes, pour financer Flying Whales Services – l’opérateur en charge de la commercialisation.
Elle en a parcouru du chemin, l’entreprise Flying Whales, depuis sa création en 2012. Elle, qui conçoit et développe un dirigeable capable de transporter jusqu’à 60 tonnes de charge, s’apprête à boucler sa troisième levée de fonds – dont le montant n’est pas encore dévoilé. « La première était de 10 millions d’euros et la deuxième de 30 millions d’euros », rappelle Benoît Beaubier, directeur du Programme chez Flying Whales. Depuis 2020, la société travaillait pour franchir un jalon important de sa R&D, le "preliminary design revew", atteint depuis quelques jours. « Désormais il va nous falloir au moins un an de design pour franchir une nouvelle étape, et être prêts à fabriquer le premier LCA60T, reprend Benoît Beaubier. Ce qui poussera la fabrication de la première machine à 2024, pour un premier vol vers 2025. »
Cette innovation technologique ne serait pas possible sans un impressionnant consortium, que Flying Whales structure depuis cinq ans. Il est composé d’une quarantaine d’entreprises industrielles, PME comme multinationales, girondines comme internationales. « Nous avons néanmoins deux zones géographiques principales – l’Europe et en premier lieu la France, car l’Etat nous soutient beaucoup, et l’Amérique du Nord car Investissement Québec est l’un de nos actionnaires », précise le directeur du Programme. Safran, Thalès, Epsilon Composite ou encore Serma Energy font ainsi partie du consortium. Cette dernière société développe ainsi des convertisseurs pour apporter de l’énergie basse tension sur certaines zones. « Autre exemple, l’entreprise basque Akira travaille sur l’intégration des nacelles dans lesquelles il y a les moteurs électriques qui actionnent les hélices, illustre notre interlocuteur. Chez Flying Whales nous sommes des avionneurs, nous ne faisons qu’un travail d’intégration. Le développement des systèmes est fait au travers de ce consortium. »
Attirer les industriels, un pari réussi
Et c’est bien là l’enjeu principal de la société : attirer de solides partenaires techniques. « La première chose qui joue en notre faveur, c’est que le marché est conséquent, réfléchit Benoît Beaubier. Un certain nombre d’acteurs nous rejoignent car ils souhaitent le capter, pouvoir vendre leur système sur l’ensemble des dirigeables qu’on produira dans les années futures. Par exemple, l’entreprise française Duc Hélices travaille avec nous pour développer les hélices – et chaque appareil en sera équipé de 32. Même si on n’annonce pas une cadence comme Airbus pour son A320, notre production restera industrielle. » Flying Whales prévoit trois sites industriels dans le monde – au Québec, en Asie et sur la commune de Laruscade en Gironde - ; et chacun devrait pouvoir produire un dirigeable par mois.
Autre intérêt pour les entreprises parties prenantes du projet : l’élargissement de leur portefeuille de clients. Certaines, souhaitant s’impliquer dans le domaine aéronautique de manière plus importante, peuvent voir dans les LCA60T une vraie opportunité. « Notre innovation est moins critique qu’un avion, donc ce peut être une première marche moins importante à franchir. » Et puis, la question environnementale entre aussi en compte. À l’heure où la transition écologique est un levier de croissance pour les entreprises, « un certain nombre d’acteurs décident de nous rejoindre pour varier leurs clients et se diriger vers des solutions écoresponsables », ajoute le directeur du Programme.
Du transport de bois à l’aide humanitaire
La troisième levée de fonds, qui sera « plus conséquente que les précédentes », permettra de financer la dernière partie du développement du LCA60T. Notamment Flying Whales Services, qui sera l’opérateur de la société mère. « FWS vendra du service, à l’instar d’Air France qui commercialise les Airbus, illustre notre interlocuteur. Tout ça, ce sont des coûts de développement. » Le principal secteur d’activité concerné sera le bois – via l’Office national des forêts, car historiquement Flying Whales a construit son projet pour pouvoir extraire ce matériau avec une solution aérostatique. Seront aussi concernés le transport exceptionnel éolien, « car nous avons signé énormément d’accords pour transporter des pales d’éoliennes sur les chantiers », et le transport de pylônes.
L'humanitaire et l'aide au développement auront aussi une place importante dans l'entreprise. « Souvent il y a des problèmes d’infrastructures. Des zones difficiles d’accès, comme des îles par exemple. Nous serons en mesure de mettre en place un vrai réseau de transport de base en base. C’est l'un des grands objectifs de notre société et aussi un slogan, "unlock the unlock" [NDLR, déverrouiller l’impossible] », sé réjouit Benoît Beaubier. A l'occasion de la Dubai International Humanitarian Aid and Developement Conference, Flying Whales vient ainsi d'annoncer sa participation au projet Flying Care, qui ambitionne de développer une solution d'hôpital mobile. Sous la forme de préfabriqués, il serait transportable dans des zones isolées.
« Nous avons bouché quasiment tous les trous de notre consortium. Dans les mois à venir, il s’agira surtout de s’occuper de plus petits éléments comme le système de fixation, les entrées d’air, réfléchit Benoît Beaubier. Nous reconstruisons un dirigeable dit "grand rigide" qui n’a pas volé depuis des années, ça reste une belle fierté d’embarquer autant de monde avec nous. »
